• Au programme ce mois-ci : surf music, indie pop, country, folk, électro, new wave et french pop (le tout dans le désordre et parfois avec quelques mélanges ...).

    - Coming Soon : Vermilion Sands

    - Agua Roja : Summer ends

    - Bonnie 'Prince' Billy : I see a darkness

    - The Go Betweens : Was there anything I could do ?

    - The Young Sinclairs : New day

    - Morrissey : Eveyday is like Sunday

    - Etienne Daho : La peau dure

    - Calypso : Summer Lies

    - The Pirouettes : Dernier métro

    - Girls Names : Hypnotic regression

    - Terry Hall : Sense

    - Aline : La rivière est profonde


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  • Live report : concert de The Lanskies (1ère partie : Oh! Tiger Mountain) à Paris (le Trianon), le 25 mars 2014
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    Live report : concert de The Lanskies à Paris (le Divan du Monde), 25 mars 2014

    Une baffe. C’est un bon résumé de l’effet produit par le concert de The Lanskies. C’était aussi la release party de leur dernier album, « Hot Wave », un deuxième opus qui conserve le souffle britpop, tout en proposant quelques escapades du côté du hip-hop. Un peu comme si Bloc Party avait su trouver le chemin d’un deuxième album réussi.

    Il aura fallu attendre deux morceaux seulement pour que le chanteur tombe la veste, déboutonne les deux premiers boutons de la chemise et, comme il le dit, laisse « passer les poils ». Quelle débauche d’énergie tout au long de ce set d’une densité impressionnante : seize morceaux, en un peu plus d’une heure et demie. Evidemment, Lewis Evans (chant) est bien la pile électrique à laquelle nous nous attendions : il est partout, à 200% tout le temps, ce qui ne l’empêche pas d’être précis et sérieux dans sa prestation. Lewis peut également se transformer en conteur de blagues entre deux morceaux. D’habitude on dit tout, mais là on ne racontera pas la (surprenante) fin de l’histoire des Aristochats. Un clin d’œil aussi au bassiste et à sa blague des œufs au plat, qui n’était pas si nulle que ça ! Assez rare pour être soulignée, la courte pause prise par Lewis Evans pour reprendre son souffle et boire un coup, qui concède, alors que le public l’encourage à enchaîner les morceaux : « Je ne suis pas Freddy Mercury ! ».

    Mais il y aussi une grosse locomotive pour placer cet Anglais hyperactif dans de bonnes conditions : quatre musiciens au top. Une section rythmique excellente tout d’abord. Un batteur qui s’arrache sur les morceaux les plus enlevés et un bassiste archi-doué, Zool, qui n’a pourtant que 14 ans (selon la police ou selon les syndicats, on ne sait pas trop) … Encore une vanne de Lewis. Ils constituent les piliers sur lesquels les deux guitares peuvent délivrer la spécificité de The Lanskies : une guitare britpop, celle de Flo, et une autre, celle de Marc, plus influencée par le postpunk et la new wave (cf. notre interview du groupe en février, à l'occasion de la sortie de "Hot Wave").

    Quatre grands moments à retenir sur l’ensemble du concert : tout d’abord les deux versions de 48 hours, jouée une première fois en acoustique, et en troisième rappel (avant-dernier morceau) dans la version électrique et énergique de l’album. Une chanson inédite en live, If You Join Us, issue du dernier album. Une belle reprise de My Generation de The Who.

    Et enfin, en dernier rappel, une version de Bank Holiday enrichie d’une section de cuivres et rappelant les grandes heures de Blur (Sunday Sunday sur l’album « Modern Life Is Rubbish », ou Country House sur « The Great Escape »). Flo et Lewis sont même venus prendre un bain de foule, symbole d’une formation qui se vit avant tout comme un groupe de scène, au contact de son public. Bravo The Lanskies, on a hâte de vous retrouver !

    Setlist : The Lanskies : Sunny Rose > Porno > Fashion Week > Perpendicular > However > My Generation (reprise de The Who) > 48 hours (accoustique) > Rumours > Jesus > Romeo > Move It > Lucky > Rappel 1 If You Join Us > Rappel 2 Anita > Rappel 3 48 hours > Rappel 4 Bank Holiday


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  • Interview de Chvrches
    17 mars 2014 – Paris (Le Trianon)
    Par Baptiste & Gérald PETITJEAN.

    Interview de Chvrches (17 mars 2014)

    Cette interview est disponible en français et en anglais.

    Version française :

    Y a-t-il une « Scottish pop » ?
    Baptiste & Gérald : Nous aimerions savoir ce que vous pensez de quelques groupes écossais… Commençons par Glasvegas.
    Iain Cook : J’ai vraiment adoré leur premier album. Au moment de sa sortie, on avait beaucoup d’amis qui les trouvaient un peu bizarres à cause de leur façon d’utiliser le dialecte, l’accent et tous ces trucs-là. Mais c’est un chouette mélange des genres entre le shoegaze, le rock des années 50, et le Glasgow vécu, avec ses histoires et témoignages. C’est un groupe intéressant et leur nouvel album est réussi.

    B & G : Primal Scream ?
    Martin Doherty : Ce n’est pas vraiment un groupe écossais mais leur leader est écossais [ndlr : Bobby Gillespie]. Je suis un gros fan de Primal Scream. Pour moi, deux de leurs albums sont essentiels : "XTRMNTR", rien que pour la présence de Kevin Shields, et "Evil Heat".

    B & G : Belle & Sebastian ?
    IC : Belle & Sebastian sont là depuis… depuis toujours. J’ai un souvenir qui remonte à l’école : un de mes amis avait eu un exemplaire de "Tigermilk" [le premier album de Belle & Sebastian en 1996], qui n’était pas encore sorti officiellement à l’époque, c’était juste un tirage limité, sur quelques vinyles. Il était très difficile à dénicher. C’était pile au moment où "The Boy With The Arab Strap" explosait. Et mon ami est arrivé à l’école avec cet exemplaire, sur une cassette qu’il avait récupérée grâce à je ne sais qui. C’était vraiment un truc énorme ! C’est toujours un groupe qui compte aujourd’hui. Ce n’est pas le genre de musique que j’écoute, mais j’ai un immense respect pour ce groupe et sa carrière aussi longue.

    B & G : Est-ce que certains de ces groupes écossais ont été une source d’inspiration pour vous ?
    IC : On a grandi en écoutant tous les groupes de Glasgow dont on était fans à l’époque. Les groupes du label Chemikal Underground [ndlr : un label indépendant créé en 1994 par The Delgados, un groupe de rock de Glasgow] étaient particulièrement importants pour nous, c’était notre paysage musical. On adorait The Delgados, Arab Strap, et moi j’étais un fan de Mogwai. Et ce sont des groupes que j’écoute encore aujourd’hui et qui comptent toujours vraiment.

    B & G : Pensez-vous qu’il y ait une « Scottish pop », une spécificité écossaise ?
    MD : Il y a des styles musicaux très différents. Peut-être que ce que les groupes écossais ont en commun, c’est un certain niveau d’autodérision et de sens de l’humour. Oui, voilà, ce serait ça pour moi, l’« ingrédient écossais ». (rires)

    La synthpop.
    B & G : Vous avez dit dans une interview que le terme « synthpop » était plus adapté à des groupes comme Depeche Mode, parce que vous utilisez des techniques de production plus modernes, en particulier sur les rythmes, et que vous mettez l’accent sur la mélodie. Alors, c’est quoi la marque de fabrique Chvrches ?
    Lauren Mayberry : Pour moi, « synthpop » renvoie à une certaine époque... à laquelle nous n’appartenons pas vraiment. Enfin je ne sais pas trop, il n’y a pas quelqu’un qui veut m'aider ? (rires) Nous ne voulons pas faire dans le pastiche ni dans le commercial. C’est juste qu’on compose d’abord nos morceaux au synthé, et pas à la guitare.
    MD : La « synthpop » se réfère à un temps révolu et dire d’un groupe qu’il fait de la synthpop, ça fait un peu daté. On ne se reconnaît pas vraiment là-dedans. Il y a quelque chose de « synthpop » dans ce qu’on fait parce qu’on utilise des technologies qui étaient utilisées aussi à l’époque. Mais pour décrire notre groupe, je dirais qu’on fait une électro pop dans laquelle les mélodies ont beaucoup d’importance, et qu’on est plus ou moins influencé par le passé, mais rien n’est vraiment défini. Lorsque vous vous attachez trop à un genre, vous vous imposez immédiatement des règles et je considère que c'est une mauvaise chose. Je pense qu'il ne devrait y avoir aucune règle.

    La tournée et les concerts.
    B & G : A propos des concerts, êtes-vous plus inquiets de jouer dans des salles de plus en plus grandes avec le succès ?
    IC : Je pense que la nervosité initiale venait du fait qu'il s'agissait au départ d'un projet studio. Nous n’avions pas pensé au live. Techniquement, transposer nos chansons sur scène, dans un environnement réel, fut un exercice difficile. Notre premier concert date de juillet 2012, il y a près de deux ans, nous avons fait beaucoup de concerts depuis, tout cela fait que la nervosité qu’on pouvait avoir au début a complètement disparu. Maintenant, à chaque concert, à chaque tournée, nous nous efforçons de nous améliorer.

    B & G : Vous avez fait beaucoup de concerts en 2013 et vous êtes encore en tournée à travers l'Europe. Appréciez-vous toujours de vous réveiller à 4 ou 5 heures du matin pour prendre le bus et voyager d'un endroit à un autre... ?
    MD : Même pour un million de livres, je n’apprécierai jamais de me réveiller à 4 heures du mat’ ! Mais franchement, c'est difficile de se plaindre de ce travail. Nous pourrions faire des choses bien plus horribles de nos vies. Et j'aime toutes nos chansons. Pour revenir à l'évolution dont on parlait, pour nous, il ne s’agit pas d'être plus à l'aise sur scène, mais de nous sentir meilleurs.
    IC : Le seul moment où je peux en avoir marre d’une chanson, c'est quand nous faisons un concert pas terrible pour des raisons techniques. Mais le plus important c’est que les gens passent un bon moment, profitent et chantent, et quand nos morceaux ont un sens pour eux.

    B & G : Comment résumeriez-vous 2013, en quelques mots ?
    LM : J’ai l’impression que nous avons fait beaucoup de chemin, il y a eu beaucoup de « premières fois » [premier album, premiers concerts...]. Nous avons beaucoup appris et nous continuons à apprendre, je crois. Alors, ouais, c’était une bonne année !
    MD : Bon, c'est le mot !

    B & G : Et en janvier 2015, comment aimeriez-vous résumer 2014 ?
    MD : En un mot ? (rires) La satisfaction et la réussite, au sens où je l’entends.

    Le prochain album.
    B & G : Vous avez dit dans une interview que vous étiez « impatients de retourner en studio ». Savez-vous quelle direction prendra votre prochain album ?
    IC : Nous allons jouer dans plusieurs festivals cet été, mais nous nous accorderons quelques pauses, ce sera un bon point de départ. Nous avons hâte de retourner en studio. On a beaucoup d’idées.
    MD : Nous ne serions pas de très bons musiciens si nous n'avions pas d'idées ! (rires )
    IC : Disons que nous voulons terminer le gros de la première partie du travail pour septembre...

    B & G : Quelle couleur choisiriez-vous pour décrire votre premier album ? Et le prochain ?
    MD : Je dirais que le premier album est orange foncé et que le second sera rouge.
    IC : Le troisième sera violet.
    LM : C’est pas mal : rouge et bleu, ça fait violet !

    Version anglaise :

    Pop music in Scotland.
    Baptiste & Gérald: We’d like to know what you think about several Scottish bands, starting with Glasvegas?
    Iain Cook: I really loved their first album. When it came out, there were a lot of people that we are friends with who were a bit suspicious of them because of the way they were using the dialect and the accent and stuff like that… But it’s a nice kind of blending of styles: shoegaze, 50s-style rock, genuine Glasgow confessions or stories. That’s a really interesting band and their new album is also really good.

    B & G: Primal Scream?
    Martin Doherty: This band is not entirely Scottish but they have a Scottish front man [ndlr: Bobby Gillespie]. I’m a big fan of Primal Scream. From a personal point of view, two records are considered to be very important: “XTRMNTR” [2000], at least because Kevin Shields was involved, and “Evil Heat” [2002].

    B & G: Belle & Sebastian?
    IC: Belle & Sebastian have been around for... as long as I can remember. I remember being at school and one of my friends had got a copy of “Tigermilk” [Belle & Sebastian debut album, 1996] which at the time was not released properly, it was only ever released on a very small pressing of vinyls, so it was really difficult to come by. It was just the time when “The Boy With The Arab Strap” was blowing up. My friend came at school with this copy, on a tape he got from somebody. It was a really big deal! Their importance remains. It’s not the kind of music that I listen to, but I have a lot of respect for a band that has a career as long as they have.

    B & G: Has any of these Scottish bands been an inspiration to you?
    IC: We grew up listening to all of the bands of Glasgow that we were into at the time. All of the bands of the Chemikal underground [an independent record label set up in 1994 by Glasgow Scotland rock band The Delgados] were really important to us, forming our musical landscape. We loved the Delgados, Arab Strap, particularly Mogwai for me. Those are the bands I still listen to and still think they’re really important.

    B & G: Do you think there is a Scottish pop with a Scottish specificity?
    MD: There are different styles. Maybe Scottish bands have in common a certain level of self-depreciation and humor. That’s what, I would say, would be the “Scottish element” (laughs).

    Synthpop
    B & G: You said in an interview that synthpop suited better groups like Depeche Mode because you think you use more modern production techniques, especially in the rhythm techniques, and the focus on melody can make your band more unique. What’s the Chvrches’trademark?
    Lauren Mayberry: I think that synthpop implies a certain time period… We are not really part of that. But I don’t really know, does anyone want to help me? (laughs) We don’t want to be a pastiche band nor a chart pop band. We are just writing primarily on the synth instead of the guitar.
    MD: Synthpop refers to a period in time and a synthpop band appears to be a retro band. We don’t really subscribe to that. There is a small element of what we do that is in the technology that was used at the time and that we use. But to describe our band now, it’s just “song focused electronic pop music”, somehow influenced by yesterday but it’s not really definite. When you tie something to genre, you immediately impose rules on yourself and I consider that to be a negative thing. I don’t think there should be any rules.

    Touring
    B & G: About the concerts, are you more anxious with the venues getting bigger and bigger as your success is growing?
    IC: I think that initial nervousness comes from the fact that it was a studio based project. There were no plans to take it live. Technically, it was a difficult exercise to translate our songs on stage, to translate it well in a live environment. We played our first show in July 2012, that’s nearly two years ago, we played a lot of shows, so I feel like that kind of nervousness about playing live is way gone. Now, every time we play, every tour we do, we thrive to be better.

    B & G: You did a lot of concerts in 2013 and you are touring a lot around Europe still now in early 2014. Do you still manage to appreciate waking up at 4 or 5 in the morning to take the bus and go from one place to another…?
    MD: I don’t think I’ll ever appreciate waking up at 4, even if it was to get a million pounds! But, I mean, it’s hard to complain about this job. There is a lot of worst things that we could be doing with our lives. And I love all our songs. About the evolution, to us, it’s not about being more comfortable on stage, it’s more about feeling better.
    IC: The only time I can get bored with playing a song is when we’re not having a great gig for technical reasons. But the most important is that people have a good time and enjoy and sing along, and when it means something to them.

    B & G: How would you sum up, in a few words, 2013?
    LM: I feel like we covered a lot of ground, it was a lot of ‘first times’ of things [first album, first shows…]. We learned a lot, but we are still learning a lot, I think. So, yeah, it was good!
    MD: It was good, that’s the word!

    B & G: And in January 2015, how would you like to sum up 2014?
    MD: In one word? (laughs) I would like to achieve satisfaction and success, in the way that I want to.

    The next album
    B & G: You said in an interview that you were “looking forward to getting back to the studio”. Do you know where your second album is heading to?
    IC: We play in some festivals during the summer but we have some breaks that we will use to make a proper start. We’re looking forward to getting back to the studios. We have many ideas.
    MD: We would not be very good musicians if we had no ideas! (laughs)
    IC: Let’s say we want to finish the heavy schedule for September…

    B & G: Which colour would you choose to describe your first album? And the next one?
    MD: I’d say the first album is dark orange; the second album will be red.
    IC: The third is going to be purple.
    LM: That sounds good. Red and blue, that makes purple!

    Interview de Chvrches (17 mars 2014)


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  • Live report : concert de Chvrches à Paris (le Trianon), le 17 mars 2014
    Par Baptiste PETITJEAN.

    Live report : concert de Chvrches à Paris (le Trianon), 17 mars 2014

    Ils en sont déjà au stade où ils n’ont rien plus à prouver : l’année 2013 fut explosive pour ces trois Glaswégiens de talent. Un album - « The Bones Of What You Believe » - aura suffi pour les inscrire tout naturellement dans le clan des formations qui innovent et donnent du champ à un genre qui avait besoin d’être secoué.

    Pourtant, et cela se lisait sur leur visage dans le début de l’après-midi lors de l’interview qu’ils nous ont accordée (interview disponible dans les prochains jours sur Little John's Pop Life), leur tournée n’est pas une promenade de santé. C’est simple, ils ont enchaîné les spectacles depuis le début de l’automne et ce n’est pas fini. Ils nous ont confié qu’ils s’accorderaient une pause … à l’été, pour travailler sur la trame du prochain album. Ceci dit, que l’on se rassure, ils nous ont également confirmé qu’ils feront quelques festivals.

    Au Trianon, ce lundi, devant 800 personnes enthousiastes, ce ne fut peut-être pas le meilleur concert de tous les temps. On vibre toujours autant sur la voix de Lauren Mayberry qui prend toute son ampleur sur des morceaux comme Night Sky ou le désormais classique Lies. Puissance de cette voix légère, cristalline, incomparable.

    Pourtant, on en viendrait presque à regretter l’époque pas si lointaine où ils n’étaient pas encore connus et jouaient dans des salles plus chaleureuses comme La Maroquinerie [en octobre] où on a eu la chance de les voir. Environ 50 minutes de show, pour 13 morceaux tout de même, autant vous dire que le public n’a pas eu le temps de bavarder avec le groupe.

    Et on l’a senti attendre, presque sur chaque morceau, une étincelle, quelque chose qui l’empêche de se contenter de frapper des mains de façon sporadique, un élément qui emporte tout et qui ne retombe pas. Martin Doherty, sur Under The Tide, par son attitude sur scène, y était presque… Mais le concert n’a jamais réellement décollé. C’est qu’on finit par être exigeant avec un groupe qui brûle si brillamment toutes les étapes !

    Ne soyons pas bégueules, il y eut tout de même de très beaux moments : Lungs, joué en troisième, façon shoegaze. Tether, dont la conclusion ressemblait fort à certains morceaux d’Underworld - on a pensé à Born Slippy. Peut-être une indication pour le prochain album… Et, pour le premier rappel, un moment de grâce avec You Caught The Light. Finalement, c’est peut-être là où on ne les attendait pas, avec une électro pop contemplative, que Chvrches a réussi à nous scotcher.

    Set list : We Sink > Lies > Lungs > Gun > Night Sky > Strong Hand > Science/Visions > Recover > Tether > Under the Tide > The Mother We Share > Rappel 1 You Caught the Light > Rappel 2 By The Throat

    Twitter : @CHVRCHES


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  • Interview de Benoit TREGOUET, du label Entreprise.
    Le 03 février 2014 - Locaux de Third Side Records / Entreprise (41 Rue Sedaine - 75011 PARIS
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    La communauté pop indé : Interview du label Entreprise (03 février 2014)

    Au cours des prochaines semaines, nous allons partir à la rencontre de membres essentiels de la commauté pop indé : responsables de labels, patrons de bars, disquaires, ... Nous démarrons ce dossier par l'interview de Benoit TREGOUET, un des fondateurs et responsables (avec Michel NASSIF) du label Entreprise.

    Baptiste & Gérald : Quelle est l'histoire du label Entreprise ? Comment a démarré l'aventure ?
    Benoît TREGOUET : Michel NASSIF et moi, on s'occupait déjà du label Third Side Records. Entreprise est né de constats liés à la crise du disque et de la prolongation d'expériences initiées avec Third Side Records. Par exemple la série « Le Podium », sur laquelle on a sorti La Femme ou le premier Blind Digital Citizen. C'est aussi le fruit d'une réflexion sur ce que doit être un label aujourd'hui : comment faire, quoi faire, ce qu'on avait fait et ce qu'on voulait faire différemment. On avait sorti uniquement des artistes qui chantaient en anglais, et on a centré Entreprise sur des artistes qui chantent en français. On privilégie aussi les formats courts.

    B & G : La naissance d'Entreprise remonte à un an environ ?
    BT : Oui, environ un an et demi. Ça correspond à l'installation dans nos locaux (41 rue Sedaine – 75011 PARIS).

    La communauté pop indé : Interview du label Entreprise (03 février 2014)

    B & G : Quelques mots sur votre autre label, Third Side Records.
    BT : C'est le label de Cocosuma, Fugu, Flairs, Syd Matters, Tahiti Boy, … On a démarré en 2001, dans la chambre à coucher de Michel comme il se doit (c’est d’ailleurs aussi là que se sont enregistrés les premiers disques …). Donc en gros, on a monté Third Side, pile au moment du début de la crise du disque. Un sens du timing parfait.

    B & G : Quel est le travail du label Entreprise ? Découvrir les talents, les conseiller, les faire éclore, les promouvoir ?
    BT : Tout à fait. Ca comprend toutes ces étapes. Nous, on a la particularité d'avoir notre propre studio. On produit et on encadre pendant les phases d'écriture et d'enregistrement. On s'occupe aussi des lancements et de l’accompagnement pour les premiers concerts. Clairement, on fait du développement d'artistes. Une des réponses à la crise du disque, ce n'est pas moins de labels ; au contraire, c'est encore plus de labels. Un des problèmes de la crise, c'est qu'il n'y a plus de sous et que ça a conduit à un retrait des labels et de leur travail et implication dans le processus artistique, alors que paradoxalement il en faudrait encore plus pour découvrir et accompagner les artistes. Il y a aussi eu un discours assez négatif contre les « intermédiaires ». Or, les labels ne sont pas des intermédiaires, ce sont des producteurs. Il n'y a pas un seul disque qui sorte sans label, et ce n'est pas pour rien. Radiohead – et encore, c'est un groupe développé sur une major pendant 15 ans, très établi – a voulu faire sans label et, derrière, ils se sont empressés d’y revenir. Le vrai problème pour un label, c'est la difficulté du financement.

    B & G : Monter un label indépendant aujourd'hui, c'est presque un sacerdoce.
    BT : Carrément. Mais c'est un peu moins un sacerdoce à partir du moment où tu ne te fais pas trop d'illusions. Aujourd'hui, il n'y a plus vraiment de marché. Il faut pouvoir se permettre de financer cela et d'investir un peu à perte, ou de diversifier les sources de revenus, par exemple en travaillant dans l'audiovisuel. L'idéal, c'est de réussir à trouver un groupe qui cartonne ou de produire un album qui devient un classique et qu'on écoutera encore dans une dizaine d'années. C'est très compliqué : les chiffres de vente sont quasi inexistants.

    La communauté pop indé : Interview du label Entreprise (03 février 2014)

    B & G : Pour un petit label, il n'y a pas aussi une difficulté de promotion et de marketing ?
    BT : Pas trop. Il faut surtout y consacrer du temps. Actuellement, beaucoup de choses sont possibles : Internet permet des choses incroyables. Pour information, on vient de signer un accord pour un contrat de licences avec Sony ; on espère que cela va nous amener plus de visibilité et de force de frappe pour la diffusion et la promotion.

    B & G : La stratégie économique d'Entreprise est axée sur les formats courts et le vinyle. Est-ce que vous allez vous diversifier, par exemple avec des LP ?
    BT : Tout à fait. 2014 va être une année importante car on va sortir nos premiers albums. En fait, c'est très important que l'artiste soit connu et identifié entre 6 et 12 mois avant la sortie de son premier album. Sinon, on n'a aucune chance d'être visible et d'exister. D'où le gros travail d'accompagnement et d'encadrement en amont. Concernant le vinyle, c'est simple : ça nous coûte très cher. Mais les rares gens qui sont encore prêts à dépenser de l'argent pour de la musique et qui vont chez les disquaires achètent à 80% du vinyle. Ce sont des passionnés de musique et ils veulent avoir un bel objet.

    B & G : Vous parliez auparavant du groupe La Femme qui a démarré avec vous. Est-ce que vous avez encore des relations avec eux ?
    BT : Pas de relations de business : on a sorti le premier EP de La Femme en 2010, donc c'est un peu loin, et on ne travaille plus avec eux depuis plus de deux ans. Mais on a des relations amicales oui. On se connaît bien. Et on continue à récolter les fruits de notre collaboration !

    B & G Comment avez-vous vécu la récente Victoire de la Musique attribuée à La Femme ? On a l'impression, au vu des réactions sur les réseaux sociaux, que la communauté pop indé au sens large a été vraiment très contente de leur récompense, qui a été vécue comme une reconnaissance de ce type de musique.
    BT : C'est vraiment super. C'est une très bonne nouvelle. Je pense que c'est un groupe fondamental, qui marque un vrai changement d'époque. Pour nous, c’est clairement avec La Femme qu'a commencé le chantier de refondation de la pop française.

    B & G : Justement, qu'est-ce que vous pensez de la scène pop française qui a émergé depuis quelques années, avec beaucoup de densité, de qualité, des paroles en français, et des directions musicales très différentes ?
    BT : Il y a plein de choses qui se passent. C'est excitant, ça fait vraiment plaisir. Tout le monde est content, nous les premiers. Et le fait de chanter en français est très important : ça montre qu’on peut à nouveau chanter en français sans rester dans un carcan « chanson ».

    B & G : Qu'est-ce qui vous a motivé, Michel et toi, pour lancer votre propre label ?
    BT : Michel, lui, est musicien. Au départ, il avait envie de produire son propre groupe. On était aussi dans la mythologie des labels indépendants anglo-saxons. Moi, j'ai toujours travaillé dans le monde de la musique. Auparavant, au lycée ou pendant mes études, j'ai participé à des fanzines de musique.

    B & G : Est-ce qu'il y a des groupes du label Entreprise avec lesquels il y a une totale osmose sur le projet musical ?
    BT : Tous ! Tu ne fais pas de choix entre tes enfants. Leurs styles sont parfois très différents mais ils ont tous une particularité qui nous a convaincus de travailler avec eux. Je ne vois pas le label comme une œuvre d'art : je n'aime pas trop les labels qui écrasent les artistes, qui prennent trop de place, avec des artistes qui deviennent inféodés au label.

    B & G : Un mot ou quelques mots sur les artistes d'Entreprise ?
    BT : On cherche des artistes qui sont singuliers, qui sont originaux, qui ont du caractère, qui ont du courage et qui communiquent un truc vital, une énergie. Ce sont vraiment leurs points communs.

    B & G : On va maintenant faire un petit zoom sur chacun des artistes du label. Superets ?
    BT : C'est bête à dire comme ça, mais ça compte beaucoup pour nous : c'est le premier groupe qu'on a signé qui est basé en Province (à Rennes, ndlr). J'adore Paris mais il se passe aussi plein de choses intéressantes en Province, à Rennes, à Bordeaux, à Clermont-Ferrand, ... Après, la chanson 160 Caractères pour te dire adieu, c'est un super morceau pop à l'anglo-saxonne mais avec des influences françaises assez claires (Bijou, Téléphone), très évident, très spontané, avec un super texte en français, très lisible, mais avec aussi un sens assez complexe.

    B & G : Juniore ?
    G : J'aime beaucoup leur son 60's, leur pop douce.
    BT : Les textes sont brillants et la voix est superbe. La rencontre a été assez simple. Juniore, c’est un peu la famille. Anna Jean, qui écrit et chante, était la chanteuse de Domingo, un groupe de Third Side Records. Et c’est produit par Samy Osta qui a réalisé l’album de La Femme. On n'a pas été les chercher très loin !

    B & G : Lafayette ?
    BT : Il fait ce que j’appelle une « hyper-variété » chic et décalée. Je le vois comme un Woody Allen de la chanson, qui met en en scène sa dépression de manière humoristique. Franchement, des morceaux comme Les Dessous Féminins ou Eros Automatique, je me demande pourquoi ça ne passe pas tout le temps à la radio.

    B & G : Jérôme Echenoz ?
    BT : Le morceau Le Chrome et le Coton est magnifique. Dans la production musicale récente, y compris en dehors du label Entreprise, c'est vraiment un morceau qui m'a marqué. Je suis très fier de l’avoir produit.

    B & G : Moodoïd ? C'est peut-être le groupe, actuellement, qui cartonne le plus et qui fait le plus parler de lui au sein de l'écurie Entreprise.
    BT : Que dire ? Il y a trop de choses à dire, c'est tellement riche. Pablo Padovani (le leader du groupe) est un garçon très doué, comme on en rencontre trop rarement. J'aime leurs influences qui sont issues du jazz ou des musiques du monde, leur façon de les retranscrire de manière très personnelle, de bousculer nos idées de la musique et les préconceptions des auditeurs. Quand tu écoutes leur musique, il se passe quelque chose, c'est une aventure. Et en live, c’est un vrai spectacle, très glam, avec des costumes et des paillettes. Leur premier album va sortir cette année.

    B & G : Blind Digital Citizen ?
    BT : La première fois que tu les écoutes, c'est assez déstabilisant. Il faut y revenir à plusieurs fois : on met du temps à rentrer dans leur univers, mais quand y est, on est à bloc, on se passionne pour eux, de manière très intense et radicale. Pour tous nos groupes, on essaye de créer une histoire. Ils rentrent en studio pour enregistrer le premier album : ça va être assez fou je pense, un mélange de pure poésie et de choses assez violentes.

    G : Pour rebondir sur le côté « création d'une histoire », j'ai trouvé très intéressante la manière d'amener l'univers de Lafayette avec la trilogie amoureuse.
    BT : Merci ! Malheureusement, la crise a un peu tué le glamour et le fun. On s'est dit que, quand tu lances artiste, il faut aussi que les gens soient contents.

    B : Ça aurait été dommage, avec quelqu'un comme Lafayette, de faire juste quelque chose de standardisé et de lisse.
    BT : Complétement, l’idée c’était de ramener un truc drôle et original. Et puis surtout ne pas prendre les gens pour des cons, ne pas essayer de leur vendre de la merde. D’où ce concept d’ « hyper variété ». C’est presque devenu un gros mot la variété, un terme très péjoratif alors qu’à la base c’est notre « pop » à nous, un truc grand public et populaire mais de qualité ! Quand tu fais des choses bien, avec de l'originalité, de la générosité et un vrai univers, le public est là. On l'a vu cette année avec le succès de Stromae. Il y a d’ailleurs peut-être plus d'originalité et de risque chez lui que dans beaucoup de la production dite indépendante. Esthétiquement ça peut déplaire, mais je reconnais un vrai talent dans la production et dans les idées.

    B & G : Y-a-t-il un groupe ou un artiste, qui n'est pas chez Entreprise, et que tu aurais aimé signé ?
    BT : Un seul je crois, c’est assez loin de ce qu’on fait: il s'agit d'Acid Arab signé sur le label Versatile. Je trouve ça super, je suis un peu jaloux oui.


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