• Chronique de "La Vie Électrique", deuxième album d'Aline.

    Aline - La Vie Electrique

    A la première écoute d'Elle m'oubliera, ce fut un coup de foudre musical, un air d'évidence, comme Metal Mickey de Suede ou This Charming Man des Smiths. Puis le premier album d'Aline, « Regarde le ciel », est arrivé. Une pépite fantasmée de pop chantée en français, un condensé d'indie pop et de post-punk revus et corrigés sans aucun passéisme mais avec beaucoup d'élégance ; des chansons profondément simples et qui touchent au cœur sans artifice. Cet album, nous l'avons usé jusqu'à la corde. Un des rares albums qu'on écoute encore régulièrement plusieurs mois, plusieurs années même après sa sortie. Autant dire que nous étions extrêmement impatients d'écouter le deuxième album d'Aline. Surtout que les cinq compères nous en avaient donné en live quelques aperçus prometteurs, dont Mon Dieu Mes Amis et Avenue des Armées il y a un peu plus d'un an déjà. Et que le légendaire Stephen Street, producteur des Smiths et de Blur entre autres, était aux manettes pendant l'enregistrement !

    Aline - La Vie Electrique

    Aline et Stephen Street : concert à la Maroquinerie (9 juin 2015)

    « La Vie Électrique » est une vraie réussite, peut-être moins indie pop et plus pop. De nombreux morceaux font écho à « Regarde le Ciel ». Avenue des Armées, qui ouvre le nouvel album, est un parfait prolongement, par continuité musicale et esthétique, de Regarde le Ciel qui clôturait l'album éponyme, avec un mélange de guitare ligne claire et de synthés. On contemple toujours le ciel, mais il a viré du bleu au gris, des fumées de guerre et de fin du monde l'ont envahi.



    La grande nouveauté de l’album réside dans la fusion de deux courants musicaux, que l’on croyait incompatibles : les groupes britanniques de la période 1976-1986 bien sûr, mais aussi le meilleur d'une certaine variété française. A la manière de Voulzy à la fin des années 70 pour les Rickenbacker cristallines, et de Chamfort ou Jacno dans les années 80 pour l'élégance des synthés, qui ont su introduire en France leur amour des tubes pop, qu’ils soient sucrés, sensuels ou mélancoliques. Les guitares à la Cure (Les Résonances Cachées) ou à la Johnny Marr (Les Mains Vides) côtoient ainsi l'ombre de Daho. Plastic Bertrand vient s'amuser avec les Buzzcocks (Promis, Juré, Craché) sur une salve de punk situationniste, aux paroles pas aussi drôles qu'en apparence, qui décrivent des Éclaireurs fatigués et désabusés.

    Cet album est aussi furieusement dansant, avec une section rythmique formidable. La Vie Électrique est une sorte de Je Bois et Puis Je Danse, mais qui se déroule dans un univers quantique parallèle, plus heureux, plus sexuel, dans lequel les claviers aux influences acid house se sont glissés dans le funk blanc. L'influence des musiques noires n'a pourtant pas disparu. Par exemple sur les magistraux Les Angles Morts et Plus Noir Encore, qui revisitent le dub et le ska teintés de new wave urbaine et désanchantée, à la façon des Specials de Ghost Town. On remarque aussi quelques airs de famille avec le You Sexy Thing de Hot Chocolate pour évoquer « the last of the famous international playboys » sur le tubesque Une Vie, qui s'achève avec des vocalises à la Morrissey.



    Bref, « La Vie Électrique », c'est un peu « The Full Monty pop » ! Le grand jeu ! Des tranches de vie transformées en chansons, aux paroles aux sens multiples et pourtant évidentes pour chacun (la vie dans les grandes villes, les souvenirs de l’enfance et de l’adolescence dans une petite ville de province, les questions d’un couple, une femme qui quitte un homme, un soldat qui écrit une lettre à sa fiancée avant l’assaut fatal, une diva pop enfermée dans sa tour d’ivoire, …), aux mélodies lumineuses, aux rythmes infiniment variés. Un « Parklife » ou un « Different Class » français. Enfin !


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  • « Love & Mercy », le film de Bill Pohlad, est passionnant et émouvant, avec une construction surprenante. Si vous ne l'avez pas vu, courrez dans les cinémas les plus proches de chez vous pour savoir s’il est encore à l’affiche !

    Love and Mercy, le film sur Brian Wilson

    En effet, ce biopic évite les lourdeurs du genre en évitant la chronologie linéaire et en se focalisant sur deux moments clés de la vie de Brian Wilson, le leader des Beach Boys : 1) les enregistrements dans les années 1960 de "Pet Sounds", Good Vibrations et "Smile", pics créatifs qui coïncident avec le début de la descente aux enfers de Brian ; 2) la rencontre dans les années 1980 avec Melinda Ledbetter, sa future deuxième femme, qui le sortira des griffes d'un psychiatre–gourou et le libérera de sa peur du monde. Des fragments des deux époques se succèdent, sans pénaliser la compréhension de l'histoire. Les acteurs sont particulièrement bons, en premier Paul Dano et John Cusack, qui incarnent respectivement Brian jeune puis avec 20 ans de plus.

    On retiendra deux choses, qui symbolisent le film. D'abord les sessions d'enregistrement de "Pet Sounds" qui sont parfaitement restituées. On a l'impression d'être en studio, d'assister à la conception des morceaux, à la direction des musiciens, à la superposition des instruments et des voix. Et aussi d’être le témoin de l’émergence d’une musique céleste aux limites de la folie et de l’enfermement mental.

    Ensuite, le regard et les attitudes qui, derrière l'homme sujet à des crises dépressives voire schizophréniques, laissent deviner un enfant traumatisé par un père tyrannique et cinglé, et éternellement en quête de reconnaissance paternelle. La musique comme une quête impossible de l'enfance et de l'innocence perdues … Ces quelques phrases de Michka Assayas, à la fin des "Années Vides", font écho au film "Love & Mercy" :

    « Des voix d'hommes se mêlaient, trop aiguës, se perchant et s'étirant jusqu'à la fêlure.
    Ils tentaient en vain de redevenir des enfants, mais une lourde pierre lestait déjà leur cheville. »


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  • Grande découverte musicale aujourd'hui : Summer Fiction et sa pop raffinée, douce et lumineuse, qui joue dans la cour des très grands.

    Découverte musicale du jour : Summer Fiction


    Sur l'album « Himalaya », des chansons hors du temps semblent sorties des 50's (Genevieve) et des 60's (Lauren Lorraine, entre Beatles et Beach Boys). Les accords de Dirty Blonde rappellent My Sweet Lord de Georges Harrison et les lignes de guitare jangly de Perfume Paper vont lorgner du côté des Smiths. Sur le morceau Himalaya, les chœurs, le piano et les cordes, superbes, nous font explorer des territoires voisins du « Pet Sounds » des Beach Boys.

    Le single « Chandeliers » nous entraîne lui aussi à des hauteurs impressionnantes. Sur la face A, Chandeliers se situe dans l'arbre généalogique pop entre les Beatles et Elliot Smith période XO. Sur la face B, To Come Back New, teintée de bossa nova, est une estivale parfaite, qui nous invite à nous prélasser au soleil.

    Pour information, Summer Fiction sera en concert le mercredi 19 août au Pop In à Paris. A ne pas manquer !

    Pour en savoir plus sur Summer Fiction:

       - Facebook : https://www.facebook.com/SummerFiction

       - Site internet : http://summerfiction.com/

       - Twitter : https://twitter.com/summerfiction (@SUMMERFICTION)

       - Bandcamp : https://summerfiction.bandcamp.com/

     


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  • - Aline : Chaque jour qui passe

    - Sacri Cuori : Delone

    - Triptides : Don't ask me why

    - Trumpets of Consciousness : After All

    - Mi Nave : Matt Damon

    - Motorama : Impractical advice

    - Oscar : Beautiful words

    - New Order : Restless

    - Johnny Marr : Candidate


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