• « Love & Mercy », le film de Bill Pohlad, est passionnant et émouvant, avec une construction surprenante. Si vous ne l'avez pas vu, courrez dans les cinémas les plus proches de chez vous pour savoir s’il est encore à l’affiche !

    Love and Mercy, le film sur Brian Wilson

    En effet, ce biopic évite les lourdeurs du genre en évitant la chronologie linéaire et en se focalisant sur deux moments clés de la vie de Brian Wilson, le leader des Beach Boys : 1) les enregistrements dans les années 1960 de "Pet Sounds", Good Vibrations et "Smile", pics créatifs qui coïncident avec le début de la descente aux enfers de Brian ; 2) la rencontre dans les années 1980 avec Melinda Ledbetter, sa future deuxième femme, qui le sortira des griffes d'un psychiatre–gourou et le libérera de sa peur du monde. Des fragments des deux époques se succèdent, sans pénaliser la compréhension de l'histoire. Les acteurs sont particulièrement bons, en premier Paul Dano et John Cusack, qui incarnent respectivement Brian jeune puis avec 20 ans de plus.

    On retiendra deux choses, qui symbolisent le film. D'abord les sessions d'enregistrement de "Pet Sounds" qui sont parfaitement restituées. On a l'impression d'être en studio, d'assister à la conception des morceaux, à la direction des musiciens, à la superposition des instruments et des voix. Et aussi d’être le témoin de l’émergence d’une musique céleste aux limites de la folie et de l’enfermement mental.

    Ensuite, le regard et les attitudes qui, derrière l'homme sujet à des crises dépressives voire schizophréniques, laissent deviner un enfant traumatisé par un père tyrannique et cinglé, et éternellement en quête de reconnaissance paternelle. La musique comme une quête impossible de l'enfance et de l'innocence perdues … Ces quelques phrases de Michka Assayas, à la fin des "Années Vides", font écho au film "Love & Mercy" :

    « Des voix d'hommes se mêlaient, trop aiguës, se perchant et s'étirant jusqu'à la fêlure.
    Ils tentaient en vain de redevenir des enfants, mais une lourde pierre lestait déjà leur cheville. »


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  • Grande découverte musicale aujourd'hui : Summer Fiction et sa pop raffinée, douce et lumineuse, qui joue dans la cour des très grands.

    Découverte musicale du jour : Summer Fiction


    Sur l'album « Himalaya », des chansons hors du temps semblent sorties des 50's (Genevieve) et des 60's (Lauren Lorraine, entre Beatles et Beach Boys). Les accords de Dirty Blonde rappellent My Sweet Lord de Georges Harrison et les lignes de guitare jangly de Perfume Paper vont lorgner du côté des Smiths. Sur le morceau Himalaya, les chœurs, le piano et les cordes, superbes, nous font explorer des territoires voisins du « Pet Sounds » des Beach Boys.

    Le single « Chandeliers » nous entraîne lui aussi à des hauteurs impressionnantes. Sur la face A, Chandeliers se situe dans l'arbre généalogique pop entre les Beatles et Elliot Smith période XO. Sur la face B, To Come Back New, teintée de bossa nova, est une estivale parfaite, qui nous invite à nous prélasser au soleil.

    Pour information, Summer Fiction sera en concert le mercredi 19 août au Pop In à Paris. A ne pas manquer !

    Pour en savoir plus sur Summer Fiction:

       - Facebook : https://www.facebook.com/SummerFiction

       - Site internet : http://summerfiction.com/

       - Twitter : https://twitter.com/summerfiction (@SUMMERFICTION)

       - Bandcamp : https://summerfiction.bandcamp.com/

     


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  • Note de lecture de « MORRISSEY - Autobiography », par Steven Patrick Morrissey [Penguin Classic : 2013]

    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

     

    Morrissey - Autobiography

    Bien tard, vous direz-vous, pour publier notre recension de l’autobiographie de Morrissey, parue à l’automne 2013, dans la prestigieuse édition Penguin Classics, celle d’Oscar Wilde... Comme une évidence, bien que ce fût plutôt une exigence, voire un caprice, de la part du chanteur des Smiths. Ceci dit, le résultat est à la hauteur du défi artistique, tout en satisfaisant largement la curiosité des fans. Il s’agit bien d’un « livre littéraire », et non pas d’un fade récit chronologico-thématique de la vie du Moz par lui-même.

    La première partie du livre, allant de l’enfance à l’adolescence, est éblouissante de classe. On a le sentiment de lire les paroles d’une chanson des Smiths qui durerait des heures… On arriverait presque à entendre les mimiques vocales  de Morrissey et la musicalité de son style, tant les mots lui appartiennent, tant les thèmes lui sont attachés. Pour l’exemple, les premières phrases du livre : “My childhood is streets upon streets upon streets upon streets. Streets to define you and streets to confine you, with no sign of motorway, freeway or highway. Somewhere beyond hides the treat of the countryside, for hour-less days when rains and reins lift, permitting us to be amongst people who live surrounded by space and are irked by our faces”. Aucun doute, on a acheté le bon bouquin…

    Toutefois, il n’est ni souhaitable ni possible d’en faire un résumé, encore moins une synthèse. Car cette autobiographie est très déséquilibrée, non pas sur le plan littéraire, mais plutôt concernant la structure et les axes choisis. Plus de 100 pages consacrées aux déboires juridiques, aux guéguerres de droits entre les ex-membres après la séparation du groupe. Morrissey, ostensiblement aigri, se sentant particulièrement persécuté, notamment par le juge John Weeks, le nom le plus cité du livre… A l’inverse, à peine quelques lignes sur la composition de ses différents albums solos... Cette autobiographie est, d’une certaine façon, un exercice de style, et pas simplement le récit d’une vie. C’est ainsi qu’il faut aborder cette autobiographie ; il ne serait pas correct de tenter de la condenser ! En revanche, voici quelques extraits (bien) choisis.

    Manchester, avant et après la rencontre avec Johnny Marr. Une enfance calme et heureuse mais peu enthousiasmante, Manchester n’étant pas vraiment un havre de paix, où beauté et poésie auraient inspiré de jeunes personnes en proie au romantisme : “The ungovernable life is here in Manchester, all dark and unloving, with scaffolding and building work everywhere. Manchester architectural heritage is demolition” [page 199]. Morrissey navigue pourtant en plein spleen… jusqu’à la découverte des New York Dolls, qui provoque en lui, alors adolescent, un électrochoc. Il sent que la musique sera son chemin, le seul qui lui convienne, bien que les débuts s’avèrent difficiles, le succès et la reconnaissance n’étant pas franchement au rendez-vous : “At 21, penniless in a world of plausible excuses, I am alone with my goals” [page 145]. Heureusement, ce que Morrissey appellerait le destin – en totale immodestie mystique – vient briser cette torpeur qui aurait pu finir par le submerger totalement : Billy Duffy, guitariste de The Cult, lui souffle le nom de Johnny Marr pour relancer un groupe : “The suggestion is thoughtful, but I am not the type to tap on people’s window. Luckily, Johnny Marr was the type to tap on people’s window, and Billy had also turned Johnny to face my direction.” [page 141] En effet, Duffy avait, en parallèle, suggéré à Marr d’aller sortir Morrissey de son ennui. Quelques jours plus tard, ils font connaissance au domicile de Morrissey, qui prend la peine de préciser que Marr lui fait penser à Tom Bell dans le film "Payroll" [page 145]. Il faut dire que c’est assez bien vu.

    Les Smiths, anecdotes. Après la sortie du single Panic, Morrissey raconte l’entretien qu’il a eu avec Geoff Travis, fondateur du label Rough Trade Records, maison de disques qui a fait signer les Smiths en 1983 : “Geoff leans forward and removes his glasses.Do you know why Smiths singles don’t go any higher?’ I say nothing because the question is horribly rhetorical. ‘Because they’re not good enough.’ He puts his glasses back on and shrugs his shoulders. I glance around his office searching for an axe. Some murders are well worth their prison term” [page 207]. Sans commentaire, c’est suffisamment drôle comme ça.

    Encore plus fort, ce dialogue entre Morrissey et Jake Walters, celui qui a pris la photo qui figure en couverture de l’album “Years of Refusal”, et également celui qui a partagé la vie de Morrissey pendant deux années [1], de 1994 à 1996 : “ ‘I spoke to the doctor about human suffering’, I squint. / ‘I feel sorry for the doctor’, says Jake. / ‘I said I agreed that suffering wasn’t much of a price to pay if you live eventually sorts itself out, but he –‘ / ‘Oh shut up!’, says Jake. So I shut up [page 278].”

    Un autre dialogue, au sujet d’une commande d’Arnold Stiefel dans un restaurant de Beverly Hills : Morrissey ne supporte pas qu’Arnold ait choisi de manger des cuisses de grenouille. Voilà son argument pour l’en dissuader : “How would you like it if someone ordered YOUR legs for lunch ?” [page 280]

    Stephen Street. Petit clin d’oeil aux copains du groupe Aline, qui ont terminé il y a quelques semaines l’enregistrement de leur deuxième album, avec l’appui du producteur Stephan Street (The Smiths, Blur, Kaiser Chiefs…). Morrissey évoque les talents de ce dernier, notamment sur l’enregistrement du dernier album studio des Smiths, toujours pour Rough Trade : “Stephen Street is once again the link between our writing systems and technical language. Stern-faced, he detangles all parts. He is still very shy, but it is the Smiths that have made him grow, and he finds confidence with his scholastic session. These days and these days alone will begin his extensive career as a recording producer, and will procure for him a stylish reputation that, to his credit, he will always measure up to” [page 215]. Toujours à propos du dernier album, Morrissey révèle l’ambiance globalement positive lors des séances d’enregistrement, alors que le groupe devait se séparer quelques mois plus tard, en septembre 1987 : “Strangeways, Here We Come is the most joyful and relaxed Smiths studio session, with crates of beer wheeled in at the close of each day and no war in sight” [page 215].

    Morrissey hanté par la mort. Celle des autres tout d’abord, des membres de sa famille, de ses amis, de ses icônes. Hanté aussi par sa propre mort. Et c’est paradoxalement à la fin du livre, suite au décès assez récent de sa tante Rita – who “had been there every day of [his] life” [page 363] – qu’il finit par expliciter cette angoisse : “I am a clenched fist, and we are soon in the church, where our intensity must be contained because you must accept that for a while you are here, and the one day you are not, because it’s all part of living. Accept, accept, accept. Accept even the unacceptable” [page 365]. Même sa vie d’artiste ne l’aura pas rassuré, à en croire la légende d’une photo de lui-même, sur scène en plein concert, un genou à terre : “This microphone is my headstone” [page 454]. Considérant les récentes nouvelles concernant l’état de santé Morrissey, cette petite phrase est lourde de sens.

    [1] Morrissey écrit à propos de la rencontre avec Jake Walters : “For the first time in my life the ternal ‘I’ becomes ‘we’, as, finally, I can get on with someone” [page 274]


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  • Best of 2014 France

    2014 a été une année riche pour la pop indé française, la confirmation de la très bonne santé de la French Pop depuis quelques années, dans le sillage de Lescop, Aline, La Femme, Pendentif ou Granville.

    Les albums :
    Trois groupes emblématiques de cette scène française ont sorti de magnifiques albums, qui jouent sans complexe dans la cour des britanniques et des américains : Mustang, The Lanskies et Coming Soon.

    Tout d’abord Mustang, avec son troisième album « Ecran Total ». Attention chef d’œuvre ! A leurs influences rockabilly et 50's, Jean Felzine, Johan Gentile et Rémi Faure ont ajouté une touche pop qui donne à leurs morceaux des airs d’évidence. Par exemple, Coup de Foudre à l’Envers qui rivalise avec Supergrass ou T. REX, ou encore le très Smithien Sans des Filles Comme Toi. Et cet album très dense, incroyable collection de chansons imparables (Le Sens des Affaires, Je Vis des Hauts, Ce N’est Pas Toi, …), est  à savourer en live. En effet, les concerts de Mustang sont un condensé d’énergie alliée à une qualité d’arrangement et de jeu assez rares.

    Dans un autre style, entre britpop et new wave, les Lanskies ont livré très bon deuxième album, « Hot Wave », gorgé de morceaux énergiques et de mélodies entraînantes (Romeo, 48 Hours, Fashion Week), intégrant même quelques influences hip hop dans le chant (Move It). On soulignera aussi le très beau If You Join Us et sa dance désenchantée. Au final, un album qui montre sans complexe à Bloc Party la voie qu’ils auraient dû suivre.

    Le groupe Coming Soon a lui confirmé les espoirs entrevus en 2013 avec l’EP « Disappear Here » et leur mue de l’anti-folk vers un mélange coloré, lumineux et jubilatoire de pop, rock, R&B, électro. Avec leur album « Tiger Meets Lion » et les impeccables Vermilion Sands, Tiger Meets Lion, The Night Stephanie Died, LWL, ils tracent leur voie quelque part entre Arcade Fire et Gorillaz.

    Un autre fait marquant, c’est le tiercé gagnant post-punk Marc Desse – Jessica93 – La Féline. L’album « Nuit Noire » de Marc Desse est ainsi une des grandes révélations de l’année : de son post-punk très rock, dans la lignée des Stranglers, se dégage une poésie sombre et lumineuse, à l’émotion à fleur de peau. Dans « Rise », Jessica93 incorpore des influences metal et grunge au Cure de « Pornography », pour obtenir une cold wave lourde et complètement obsédante. La Féline, dans son premier album « Adieu l’Enfance », explore une new wave épurée, subtile, faussement naïve, toujours profonde.

    Parmi les autres bonnes surprises de l’année, on mentionnera aussi le très 50’s et 60’s « 10 Hits Wonder » de Gapsard Royant, la soul classieuse de Cherry Boop & the Soundmakers avec « The Way I Am », « The Bloom of Division » de Marble Arch et son shoegaze brumeux, le mélange de pop psyché, de glam et de world music de Moodoïd dans « Le Monde Möo », ainsi que l’album de reprises de Swann.

    Les EP et singles :
    Au rayon EP et singles, la grande prêtresse se nomme Cléa Vincent. Elle a en effet survolé le paysage pop avec « Non Mais Oui 1/2 » et  « Non Mais Oui 2/2 ». Les tubesques Retiens Mon Désir et Château Perdu ont magnifiquement démarré puis clos notre année musicale.

    Les Pirouettes, avec leur synthpop 80’s qui rappelle Luna Parker, ont aussi brillamment passé l’étape EP avec « L’Importance des Autres » et les excellents morceaux Oublie moi et Dernier Métro.

    Nous avons aussi été séduits par l’EP « Grey Skies » de S.R. Krebs, qui, après le très bon « She Like » en 2013, continue d’explorer une cold wave délicate, qui mêle subtilement pop, électro et folk.

    Folk et country françaises ne sont pas en reste grâce à Alma Forrer et Baptiste W. Hamon. Nous avons été conquis par leurs EP respectifs, « Alma Forrer » avec le sublime Bobby, et « Quitter l’Enfance », dans lequel les deux artistes ont enregistré un duo magique, Peut-être que nous serions heureux, aussi intense qu’une Murder Ballad de Nick Cave.

    Enfin, n’oublions pas des coups de coeur qui sont aussi parmi nos attentes pour l’année 2015. Juniore est le nouveau projet musical d’Anna Jean, démarré en 2013 avec les titres Christine et Dans le noir. Avec la bénédiction du label francophile Entreprise et le soutien de Samy Osta, ce groupe confirme toutes ses qualités dans le 45 tours « La fin du monde » et parvient à imprimer son propre style sans délaisser ses influences 60's, un peu comme si Françoise Hardy faisait irruption dans l'ambiance musicale d'un bon vieux western. Sans Sébastien et son hit disco pop Sous Ma Jupe nous ont fait danser pendant toute l’année, et nous espérons que ce n’est pas encore fini ! On retiendra aussi le très bon premier 45 tours de Baston, et en particulier la face B Falkland, superbe croisement d'indie pop 80's et de garage 60's.


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  • Dernier jour de notre calendrier de l'Avent Pop, avec notre sélection de chansons sur Noël et sur l'hiver. Nous en profitons pour vous remercier : les 8 000 visiteurs de notre blog, et toutes les personnes rencontrées au fil des concerts, des interviews, des soirées, ... Nous espérons vivre de belles aventures musicales en 2015. Mais nous sommes déjà certains que la prochaine année sera excellente ... On n'en dit pas plus pour le moment ... A bientôt. Et n'oubliez de faire la chenille pour le réveillon du Nouvel An.

    Le top 3 de Baptiste :

    - Motorama : Ghost

    - Gaspard Royant : Christmas (Baby Please Come Home), reprise de Darlene Love

    - The Killers : Don't Shoot Me Santa

    Le top 3 de Gérald :

    - Billy Mackenzie : Winter Academy

    - Les Avions : Tombe la Neige

    - Supergrass : Jesus came from outta space


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