• Interview d'Alex Rossi (10 mars 2015)

    Interview d'Alex Rossi – 10 mars 2015 – Le Pop In (105, rue Amelot – 75011 Paris).
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    Interview d'Alex Rossi (10 mars 2015)

    Alex Rossi sera chargé de clore la première édition de This Is French Pop qui aura lieu le 10 avril au Pop In. Espérons qu'après Digitale Sanguine et Sans Sebastien, vous aurez encore de l'énergie pour reprendre L'Ultima Canzone, Ho Provatto Di Tutto, et peut-être de nouveaux morceaux italo-pop... Nous l'avons rencontré au début du mois de mars et avons passé un long moment à discuter de la construction de ses goûts musicaux, de son parcours, de ses publications...

    Baptiste & Gérald : Quels ont été tes premiers émois musicaux ? Pourquoi as-tu eu envie de te lancer dans cette voie ?
    Alex Rossi : Je suis né en 1969, j'ai grandi dans les années 80. Mes parents écoutaient beaucoup de variété française dans les seventies, ils n'achetaient que des 45 tours donc que les tubes du moment: Delpech, Claude François, Matia Bazar, Abba, Polnareff, Christophe, Joe Dassin etc...Mon père se rêvait producteur, ce qu'il a tenté de faire...Il est sorti avec une clodette pendant quelques mois.
    Début 80, un mercredi devant la télé, je tombe sur un vidéo-clip d'un type déguisé en auguste, c'était David Bowie avec Ashes to ashes. J'étais comme magnétisé. C'est le premier disque de ma discothèque personnelle, que j'ai volé en magasin. Puis j'ai entendu Week-end à Rome d'Etienne Daho à la radio. Quand tu tombes amoureux à 13, 14 ans tu te dis que c'est du sérieux et donc Daho, ça me parlait. Daho a été particulièrement important, comme un grand frère, un véritable passeur.  C'est grâce à lui que j'ai écouté Elli et Jacno, le Velvet, les Smiths et toute la scène rennaise. Comme je suis du Gers et donc tout près de Toulouse, je découvre Les Fils De Joie qui commencent à avoir une notoriété bien au-delà de la région avec le morceau Adieu Paris. J'étais aussi fasciné par Taxi Girl, leur côté beau et dangereux, ambigu sexuellement parlant. Par contre je détestais Telephone ! J'écoute beaucoup Stéphan Eicher et son premier album solo "Les chansons bleues".

    Interview d'Alex Rossi (10 mars 2015)

    Dans mon bled, j'avais un pote de 10 ans mon ainé qui m'a fait découvrir beaucoup de groupes anglais comme Les Stranglers, TV Personalities, Aztec Camera, The Jazz Butcher, New Order. Puis toute la vague de Manchester en 89: Stone Roses, Ride, James, Jesus and Mary Chain, que je vois pour la plupart en concert au Rockstore de Montpellier, où je suis à la fac de cinéma. Bref, ma culture musicale est totalement POP au sens large du terme.

    B&G : Pendant cette phase de découverte, tu commences à jouer ?
    AR : Mes meilleurs amis montent un groupe et veulent me faire chanter en anglais. J'étais pas contre, vu mes influences, mais j'avais un accent pourri, aucun groove! Je leur ai dit d'avancer sans moi. Je commence à écrire des textes dans mon coin, des nouvelles, des poèmes en prose car la littérature devient très importante pour moi. Je lis Le bleu du ciel de Bataille puis Zone érogène de Djian, puis Bukowski, puis John Fante. J'aime leur phrasé court, leur économie de mots qui va à l'essentiel. Une influence majeure quand j'écrirai mes premiers textes de chanson par la suite...
    A 16 ans, je fais un essai à Radio 32, la radio du Gers et je suis pris pour animer une émission hebdomadaire pop-rock. Un an après, en 86, je bosse le vendredi et samedi soir comme DJ dans un club qui s'appelait La nuit. C'était un gros club qui pouvait accueillir plus de 1000 personnes.  La programmation était intégralement pop et rock. Le patron me payait 300 francs chaque soir, au black puisque j'étais lycéen, j'avais l'impression de commencer à gagner ma vie, je claquais tout en disques, livres, j'invitais des filles au resto... Un soir, un garçon vient me parler et me dit qu'il écoute mon émission radio. Jean-Philippe fait de la musique très influencée pop anglaise. Je lui dis que j'écris des textes « pour le plaisir » et lui en file 2 ou 3. Quelque temps après, il revient avec une chanson. Elle s'appelle La nuit américaine. C'est la première  que je co-signe et que je chante, pas très juste...On en a fait quelques autres ensemble mais sans lendemain. Puis je rencontre Marc Minelli, de passage à Auch pour un concert. J'adorais son album Faces produit par Jérôme Soligny, surtout sa chanson Love atomic. Marc avait (et a toujours) une voix et un charisme incroyables. Il me propose de lui envoyer des textes. Quelques mois plus tard je pars enregistrer 4 titres chez lui au Havre mais qui ne verront jamais le jour. A l'aube des années 90, j'ai pas encore trouvé ma voie, je me cherche mais je n'abandonne pas... Je me suis toujours laissé porter par des compositeurs. Je ne me suis jamais mis à fond sur un instrument. Ca a été toujours comme ça, et c'est encore le cas aujourd'hui. Ca m'arrive de trouver des mélodies voix mais pas plus que ça. Il me faut toujours un compositeur.

    B&G: Tu signes avec un label dans les années 90?
    AR: Je me suis installé à Paris en 93. J'ai bossé dans le cinéma, je faisais un peu de tout , j'ai travaillé à la télé, comme barman aussi...Mais je continuais à écrire et enregistrer des chansons avec Pierre Barguisseau, qui venait de travailler avec Frank Darcel. C'était un peu mon mentor qui drivait artistiquement mon projet solo. Je démarchais les maisons de disques moi-même, avec mes maquettes. Pendant 3 ou 4 ans, j'ai dû faire une centaine de rendez-vous avec des directeurs artistiques. Je chantais dans les bars, sur des péniches où j'ai ouvert pour Marie France entre autres... Et j'ai signé avec un producteur indépendant, qui m'a ensuite fait signer chez Mercury en 97 pour une poignée de singles (Le coeur du monde, Ma vie privée...). Mercury c'était le label show-biz par excellence, le label de Johnny, Pagny, Elton John, Texas etc...Bref la grosse machine. Pendant trois mois, les équipes du label sont derrière toi, mais ensuite, si cela ne va pas assez vite à leur goût, si ton single ne passe pas sur NRJ, on te met au placard. La seule bonne chose que je retire de cette expérience, c'est ma rencontre avec Frédéric Lo, qui était aussi signé chez eux. Un an après la fin de mon contrat chez Mercury, j'ai signé chez Edel, un label de Sony, en 2001. Pas concluant non plus. Quelques années un peu chaotiques donc... Et puis de 2002 à 2006, j'arrête de chanter pour moi, j'écris pour les autres, pour Axel Bauer et même Dick Rivers. Je vois beaucoup Frédéric Lo, qui compose Crève-coeur pour Daniel Darc. Je fais quelques chansons avec Fred, qu'on essaie de refiler à la variét' française. Je fonde Ballu, un collectif musical situ-punk avec le journaliste et écrivain Arnaud Viviant et Stéphane Hermlyn (ex Shredded Ermines). On s'amuse bien. Puis en 2006, j'enregistre tout un album avec Viens par ici en premier extrait, mais qui ne verra jamais le jour.
    J'ouvre alors une page Myspace et le redac chef du tout jeune Gonzaï me contacte et fait un chouette papier + interview sur mes chansons. C'est aussi à ce moment-là que je rencontre virtuellement Romain Guerret aka Dondolo. Je me faisais des nouveaux potes sur Myspace, on s'envoyait des chansons... C'était très frais, et très foisonnant ! Je refais des concerts dans les premières soirées Gonzai entre autres... Je sors en 2010 un Ep "My Life Is A Fucking Demo" en toute « clandestinité », dans la piaule de  Dominique Pascaud, mon nouveau compositeur et compagnon de scène. Il y a Chair Et Canon, Rouge Est Mon Nom... Mais ces morceaux mériteraient d'être un peu plus produits, même si le côté brut, dans l'urgence, est intéressant.

    Ensuite, j'ai écrit Je Te Prends, toujours avec Dominique Pascaud. On l'avait écrit pour quelqu'un d'autre à l'origine, une fille qui devait signer chez une major, mais le plan est tombé à la flotte. Puis Inès Olympe Mercadal, qui vient de la mode, me sollicite pour la faire chanter. je lui fais écouter Je Te Prends, on l'enregistre avec ma voix témoin pour la guider et la chanson finit en duo ! C'est aussi à ce moment-là, vers 2011, que je rencontre Marc Desse qui sortait son premier 45 tours, Petite Anne, sur un label américain basé à San Diego – Bleeding Gold Records. C'est Marc qui parle de Je Te Prends à ce label, dont le patron adore la french pop, même s'il ne parle pas un mot de français ! Il a sorti le titre en vinyle.

    B&G : Et puis vient ta période « italienne » ?
    AR : J'ai écrit et chanté ma première chanson en italien en 2006 qui faisait parti de l'album pas sorti, elle s'appelle Tutto, ça parle de mes origines italiennes, de mon père, de mon grand-père etc...
    Depuis 2007-2008, avec Romain Guerret, on se disait qu'on pourrait faire une chanson tube en italien. On aime le même style de variété italienne : Lucio Battisti, Matia Bazar, Adriano Celentano... Ce côté léger, un peu kitch, tout en étant mélancolique, voire triste, et d'une efficacité romantique absolue ! En 2012, lors d’un des séjours de Romain chez moi à Paris, on en reparle, et là je me suis vraiment motivé. J’ai trouvé le titre, L’Ultima Canzone, puis j’ai écrit un refrain, et enfin l’ensemble du texte. J’ai envoyé le tout à Romain. Une semaine après il m’envoyait une mélodie. J’ai tout de suite adoré. Arnaud Pilard est rentré dans la partie pour finir avec lui les arrangements et la réalisation du titre. J'ai fait écouter la chanson autour de moi, dont le duo de réalisateurs Gautier&Leduc qui ont fait le clip dans la foulée. On a mis la vidéo sur YouTube, et le morceau a bien circulé. Technikart et Gonzai ont fait des papiers dithyrambiques bien avant sa sortie. C'est comme cela que JB de Born Bad Records est tombé sur la chanson et a décidé de la sortir. Je pensais qu’on ne ferait qu’un remix en face B, mais le label a voulu un autre morceau original. Alors on a fait Ho Provato Di Tutto. Pour cette chanson, j’ai écrit le texte sur la mélodie, alors que c’était l’inverse pour L’Ultima Canzone. Au final, le disque est sorti au même moment que l’album d’Aline « Regarde Le Ciel » – ce n’était pas prévu ! – mais ça ne faisait pas doublon, ça n'a rien à voir...Il n’y avait pas vraiment de stratégie, c’est une histoire de copains, d’amitié…Quand je sors, des gens que je ne connais pas m'en parlent tout le temps.

    B&G : Bientôt un prochain album en italien ?!
    AR : A l'heure où je vous parle, j'ai un EP de prêt en italien. Toujours avec Romain Guerret, Arnaud Pilard, mais aussi Dominique Pascaud et un jeune pote sicilien Rosario Ligammari entre autres...Le prochain single, la suite logique de L'ultima canzone, est mixé et masterisé. Je vais faire le clip que je voudrais sortir avant l'été. Donc un EP sûr, voire un album d'ici fin septembre...En attendant vous pouvez toujours aller écouter la reprise que j'ai faite avec Frédéric Lo pour la compilation hommage à Jacques Duvall, le plus grand parolier belge francophone, qui s'appelle La chanson la plus triste du monde, c'est en français.... ( https://jacquesduvall.bandcamp.com/track/la-chanson-la-plus-triste-de-monde).

    B&G : Rassure-nous, L’Ultima Canzone sera dans l’album ?!
    AR : Obligé ! C’est le point de départ. Tout comme Ho provato di tutto!

    B&G : On a hâte ! Et pour finir, le questionnaire « Dernier coup » ! Dernier coup de cœur ?
    AR : Digitale sanguine
    B&G : Le dernier coup de gueule ?
    AR : Contre les huissiers...
    B&G : Le dernier coup de rouge ?
    AR : Je me suis ouvert le front dans les chiottes du café Chair de poule, je n'étais pas ivre, y'avait plus de lumière. J'y ai mes habitudes. Je vous recommande leur Chinon naturel.


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