• Interview de Cléa Vincent, Zaza Fournier et Luciole, pour leur spectacle Garçons

    Interview de Cléa Vincent, Luciole, et Zaza Fournier, pour le spectacle « Garçons », en ce moment et jusqu’au 26 juillet aux Trois Baudets.
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    Interview de Cléa Vincent, Zaza Fournier et Luciole, pour leur spectacle Garçons



    Baptiste et Gérald : Commençons par un portrait de chacune d’entre vous. Cléa, où en es-tu?
    Cléa Vincent : L’EP n°2/2 est masterisé, on a la pochette, on a tout ! Il va être pressé dans les semaines qui viennent ; le single sortira le 7 septembre, et le tout fin septembre. De la même façon que pour le premier EP, il y a une reprise et deux remix en face B. J’annonce la cover : Daniel Darc ! Et trois morceaux originaux en face A. Ce sera un peu plus dark, même si cela reste pop. L’idée est de compléter le premier volume, qui était plus sunshine, Brésil !

    B&G : Retiens mon désir a fait plus de 40 000 vues sur Youtube, c’est top !
    CV : C’est moins que René la Taupe, qui en fait des millions ! (rires) Mais je suis très contente. On a des retours médias vraiment bons. Les Inrocks nous soutiennent à mort maintenant, malgré le fait que le label [Midnight Special Records] ne soit pas énorme. Les médias peuvent te soutenir, le milieu n’est pas pourri ! La presse est indépendante !

    B&G : Et une tournée de prévue à l’automne, avant un album en 2015 ?
    CV : Même chose que pour le précédent EP : ce sera une tournée homemade, un peu dans les mêmes endroits d’ailleurs. L’idée est ensuite de se mettre sur l’album, et de trouver des partenaires plus costauds qui puissent nous mettre sur des rails un peu plus confortables, car ce genre de tournée est un peu fatigant.

    B&G : A toi Luciole ! Où te situes-tu musicalement ? Tu cherches des sous pour ton prochain album c’est ça (cf. http://www.mymajorcompany.com/luciole) ?
    Luciole : Je ne connais pas si bien que ça la chanson française des années 50-60. Par exemple, pour le spectacle que l’on fait en ce moment, j’ai découvert beaucoup de chansons. Dans le répertoire de ces années-là, celui que je maîtrise le plus c’est Gainsbourg, car tout Gainsbourg est une influence pour moi. Je fais plutôt de la nouvelle chanson française, et le plus important pour moi c’est le texte : je suis auteur avant toute chose ; je me sers du texte comme matériau de base, comme point de départ. J’ai sorti un premier album [« Ombres », 2009], d’abord chez Mercury/Universal puis en indé quelques mois après sa première sortie, et j’ai autoproduit un EP [« Et en attendant », 2012], sur lequel je m’assumais plus en tant que chanteuse, c’était un peu un virage musical. Et puis J’ai décidé de ne plus attendre pour le second album ! Je rentre en studio à la rentrée, en septembre. Il devrait sortir, je l’espère, au début du printemps 2015. C’est encore un projet auto-produit, bien que je sois entouré par un éditeur, un manager, un tourneur, et que je compte trouver un partenaire label pour la distribution.

    B&G : Et enfin, Zaza Fournier, c’est à ton tour de te présenter !
    Zaza Fournier : J’ai une formation de comédienne, j’ai fait de la musique un peu par accident ; ça a toujours été un fantasme, même s’il n’était pas forcément avoué, car je ne savais pas que je pouvais faire des choses intéressantes. Et j’ai rencontré quelqu’un de formidable au Conservatoire : Stéphane Auvray-Nauroy. Il m’a confronté à la question : pourquoi  est-ce-que je veux monter sur scène ? Et un jour, dans le cadre d’un exercice d’improvisation, on m’avait demandé d’écrire une chanson. J’en ai donc écrit une, qui s’appelle La Vie à Deux. C’est le point de départ. En parallèle je jouais dans la rue pour gagner un peu d’argent, ainsi que dans les bars et les cafés concerts. J’ai fait ça pendant un an, c’était en 2007. Au début, c’était seule avec mon accordéon. Mais cet instrument a une connotation très forte : il est associé soit à la chanson réaliste, soit au musette, et je ne me situais dans aucun de ces deux univers. Alors, comme je composais des morceaux, avec Jack Lahana et Rob, avec qui j’ai fait deux disques, j’ai commencé à mettre des petites séquences dans mon iPod, essentiellement des rythmiques. Après, les choses sont allées assez vite : premier album en 2008, deuxièm en 2011, chez Warner. Je travaille actuellement sur le troisième, et les concerts, ce que je préfère, s’enclencheront à partir de septembre.

    B&G : Passons à « Garçons », racontez-nous un peu l’histoire du projet.
    ZF : C’est Cléa qui a pris l’initiative !
    CV : Au départ, j’avais l’idée de réunir trois ou quatre chanteuses autour d’un spectacle musical sur Boby Lapointe. Mais je n’avais pensé qu’à une seule soirée, à La Loge, car c’est la salle d’Alice [directrice artistique des Trois Baudets] ; c’était un projet plus récréatif qu’autre chose. Mais Alice a adoré l’idée, et elle nous a donné carte blanche, autour du mois de mars, pour faire un spectacle pendant tout le mois de juillet ici.
    L : En fait, Les Trois Baudets avaient déjà expérimenté une création de ce type l’été dernier, pour un mois également, et Alice voulait renouveler l’expérience. Entre temps, on s’est rendus compte qu’un spectacle autour de Bobby Lapointe avait été fait très récemment, et plutôt très bien. Alice nous a soufflé une idée : le répertoire des années Canetti [ex-directeur des Trois Baudets], c’est-à-dire de 1947 à 1967. C’est très large. On ne voulait pas que ce soit une collection de chansons ou un tour de chant ; on voulait que le spectacle ait un sens. Alors on a resserré le cadre sur des chansons d’hommes, puis sur des chansons d’hommes qui parlent des femmes.

    B&G : Cléa, pourquoi avoir contacté Luciole et Zaza ?
    CV : J’ai eu l’occasion de faire des duos avec chacune d’entre elles, à chaque fois sur un morceau du groupe Les Parisiennes ; j’ai ressenti quelque chose de fort dans les voix, un truc un peu à part… Et l’idée de se regrouper m’est d’ailleurs venue des Parisiennes ; le côté 60's, hyper naïf, de chanter à l’unisson, j’ai trouvé ça super. Et puis on est parisiennes !

    B&G : Comment s’est faite la sélection des morceaux ?
    ZF : On réfléchissait chacune de notre côté, et puis on se retrouvait pour en parler. Mais finalement, le choix s’est fait assez vite. Et une fois la liste établie, il y avait des morceaux qui nous semblaient mieux passer en solo, ou ne pas fonctionner à trois voix.

    B&G : Et sur les arrangements musicaux ?
    ZF : Toutes les propositions d’arrangements sont venues de nous. Ensuite Raphaël Thyss nous a permis d’affiner.
    L : En gros, on a commencé à répéter de façon intensive fin mai jusqu’au 1er juillet. Le premier jour de répétition, on a relevé toutes les tonalités des morceaux, et on a réfléchi aux arrangements, au découpage des textes. On a pris pas mal de décisions ce jour-là.

    B&G : Comment se déroulaient les séances de travail ?
    ZF : Enfermer trois chanteuses pendant un mois un demi, avec nos egos et nos univers musicaux très différents, je le dis maintenant : ça aurait pu être la catastrophe ! Mais en fait, il y a eu quelque chose d’étonnant dans la fluidité entre les différentes étapes du projet. Il y a eu seulement deux chansons où les choses ont été un peu plus compliquées. C’était parfois difficile de dépasser l’essence de certains morceaux.
    CV : Et sinon la principale difficulté, mais qui est plutôt une conséquence, c’était la fatigue, à la fois physique mais surtout émotionnelle.
    ZF : Ce qui est fort aussi dans ce projet, c’est qu’on n’a pas forcément les mêmes impulsions de départ, on a chacune notre parcours, on ne travaille pas tout le temps de la même façon. A un moment, je me suis demandée : quand il y a trois individualités, comment ne pas se sentir censuré ? Comment ne pas se marcher dessus ? Et je suis étonnée qu’on ait réussi à dépasser cela.
    L : Il y a une répartition assez égalitaire sur la prise de parole. Et on est très à l’écoute les unes des autres. Chacune trouve sa place.
    CV : On est nous-mêmes, mais on est ensemble.
    L : Oui, chacune peut assumer la totalité du spectacle. On adhère à tout, toutes les trois.

    B&G : Et physiquement, ce n’est pas épuisant de remonter chaque soir sur scène ?
    ZF : Oui bien sûr, cela demande beaucoup d’énergie.
    CV : Quand tu joues six soirs par semaines, tu ne peux pas faire des nuits blanches et boire du whisky toute la nuit. Et je fume pas mal d’habitude, mais dès qu’on a commencé à travailler ensemble, j’ai réduit car j’ai réalisé assez vite que ça n’allait pas le faire du tout !
    L : La régularité est difficile : se réengager chaque soir, ré-accumuler suffisamment d’énergie.
    ZF : Oui mais ce ne sont pas des difficultés, c’est le métier, c’est comme ça ! Je dirais même que ce qu’on fait en ce moment est moins difficile qu’une tournée : on joue à une demi-heure de chez nous ; on n’a pas de balances à faire tous les soirs ; on ne voyage pas, on a nos journées.
    L : C’est notre mini-Avignon ; sauf que le week-end on est chez nous et qu’on n’a pas besoin d’aller tracter dans la rue pour attirer des gens. Et puis, on a été magnifiquement accueillies ici aux Trois Baudets.

    B&G : Ce spectacle pourrait-il tourner ?
    ZF : On a toutes des plannings pour l’année qui vient. Mais dans l’idée de se dire que tout ce boulot pourrait ne pas mourir fin juillet, pourquoi pas !


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