• Interview de Donald Pierre (24 mai 2018)

    Interview de Donald Pierre (Romain Guerret), pour la sortie de son single (Elle est partie) Ma panthère en mars 2018

    Par Baptiste & Gérald Petitjean

    (Café de l'Industrie, 24 mai 2018)

    Romain Guerret, aka Donald Pierre et non plus Dondolo, leader du groupe Aline, m'attend sagement en plein cagnard à la terrasse du Café de l'Industrie. Il se montre sous ses plus beaux atours : lunettes de soleil rondes, sneakers à LED (désactivées ce jour pour économiser la pile), et T-Shirt blanc vite transformé en marcel puisqu'il en a très largement retroussé les manches. Un entretien pour adultes.

    Baptiste et Gérald : Pourquoi ne pas avoir continué sous le pseudo Dondolo, bien connu des plus sectaires ?

    Donald Pierre : En réalité, avant de m'appeler Dondolo, je faisais de la musique en tant que Donald. Mais je n'ai pas pu m'inscrire à la Sacem sous ce nom-là… J'ai donc abandonné Donald, et j'ai trouvé ce nom qui y ressemblait, Dondolo. Dondolare en italien, ça veut dire « je swingue », « je me balance », je trouvais que cela sonnait bien. Et puis quand j'ai relancé mon projet solo, j'ai pas eu envie d'avoir le sentiment de revenir en arrière et de reprendre Dondolo, surtout que ça n'avait pas hyper bien marché non plus ! Très peu de gens connaissent. Et j'aime beaucoup Donald Pierre, d'abord parce que ce sont mes deuxième et troisième prénoms, et puis parce que c'est un peu farfelu. Et tu as Trump qui est arrivé… !

    B&G : Sur le style, on a tout de même de grosses différences entre Dondolo et Donald Pierre...

    DP : Donald Pierre se situe en quelque sorte entre Aline et Dondolo. C'est plus personnel aussi. Les sons utilisés sont plus synthétiques. Les morceaux de Donald Pierre ressemblent aux premiers Dondolo, en moins éparpillés. J'ai plus de bouteille aussi…

    B&G : Elctro-pop, disco-pop, pop love… Il y a une étiquette qui te conviendrait ?

    DP : Il faut conserver pop, c'est évident. C'est plus synthétique qu'Aline. Mais tout n'est pas électronique, il y a quand même de la guitare, de la basse. Il y a un côté variété très assumé aussi. Variété-pop peut-être. J'ai eu beaucoup de mal à définir le style lors du lancement des premiers morceaux. Ce que je sais, c'est que j'aimerais être le chaînon manquant entre Michel Delpech et Daft Punk, tu vois le grand écart !

    B&G : On ressent bien, justement, dans ta reprise de Michel Polnareff, Rosy, ce chant à la Delpech...

    DP : Ce n'est pas recherché du tout, le truc c'est que j'ai la même tessiture vocale que Delpech, et les mêmes inflexions de voix. Je peux chanter toutes ses chansons, elles sont toutes dans ma tonalité ! Même s'il ne fait pas partie des artistes que j'écoute tout le temps, j'aime bien ses morceaux. Concernant la reprise de Polnareff, c'est Jean Felzine [ndlr : Mustang, Jo Wedin & Jean Felzine] qui m'a fait découvrir le morceau. Ma version est évidemment moins baroque et pop que l'originale. J'adore Polnareff, Âme câline fait partie de mes morceaux préférés. On l'a d'ailleurs croisé à Bruxelles pendant l'enregistrement du dernier Aline, « La Vie Électrique », il était dans notre hôtel. Il avait privatisé la piscine, on était dégoûtés...

    B&G : Sur les thèmes de tes morceaux, c'est très varié : aventures romanesques ((Elle est partie) Ma panthère),  perspectives situationnistes ou surréalistes (Un soir au Fulgor)…

    DP : Un soir au Fulgor a été co-écrit avec Jean Golo, avec des emprunts de la Brigandine ! J'avais la musique, et je voulais un texte parlé à la Jean-François Maurice.D'ailleurs, je veux être le chaînon manquant entre Jean-François Maurice et Daft Punk, mais comme personne ne le connaît, je l'ai remplacé par Michel Delpech. On a emprunté quelques phrases à des livres issus des éditions de la Brigandine et sa collection de polars érotiques. Fulgor est le nom du héros d'un de ces livres, et j'en ai fait le nom du bar. De fil en aiguille, et de verre de rosé en verre de rosé, on est arrivés sur cette histoire de type qui arrive à Paris, il attend un rendez-vous qui a du retard, il lit un livre pour patienter, il regarde les gens autour de lui, qui piaillent, qui boivent… Et là il voit dans le bar d'en face un fille qui est comme lui tout seul, ils se regardent… On ne sait pas vraiment s'ils finissent par partir ensemble, mais la connexion est faite. Ce morceau veut mettre en scène deux personnes qui sont fatigué du monde moderne, de ses aléas, des portables, des réseaux sociaux. Ce sont des gens qui s'ennuient dans la société contemporaine. On est sur du Debord light! 

    B&G : On a le sentiment d'un paradoxe entre le côté léger et dansant des compos, et les fondements très référencés de certains textes.

    DP : C'est vrai que j'ai envie d'insuffler à ces morceaux d'apparence gaie et farfelue un peu de fond. J'aime bien parler de la société de manière légère, mais c'est très difficile de le faire sans être lourd, didactique, critique… Je ne veux pas tomber dans une posture de niaiserie non plus. Je préfère l’ambiguïté. Je veux que mes morceaux restent adultes, malgré la légèreté…

    B&G : Tu as dit dans une interview que certaines personnes pouvaient trouver tes morceaux un peu « tarte ». Cela t'agace ?

    DP : Non. Ce qui m'énerve c'est la fainéantise de certains qui ne s'arrêtent qu'aux apparences de mes morceaux, et qui ne saisissent pas les différents degrés d'écriture et de compo. Ou bien les gens qui disent que ce que je fais est « comique », ou « drôle »… Non je ne fais pas des sketches. Même si cela paraît léger, l'histoire que raconte Ma panthère n'est pas drôle : les deux protagonistes souffrent. En revanche, je veux bien qu'on me dise que c'est une rengaine. Ce morceau est un peu une scie ! C'est une friandise, tu peux la consommer jusqu'à l’écœurement. Comme un morceau de variété.

    B&G : Tes lives ont ce côté très entraînant justement...

    DP : J'ai envie que les gens dansent et s'amusent. J'ai aussi envie d'emmener mes concerts vers de la performance. On essaie en ce moment, avec Jérémy Monteiro et la danseuses qui fait les concerts avec nous, de théâtraliser les concerts. On veut qu'il y ait de l'acting, de la pêche. Un côté « 1, 2, 3, 4 » et on balance !

    B&G : Cela nous rappelle le dernier morceau du dernier Aline, Promis, juré, craché… T'en as vraiment marre du rock ?

    DP : Au moment où j'ai écrit ce morceau, j'étais justement dans cette phase où je voulais revenir à quelque chose de plus synthétique, à ce que je fais maintenant finalement. Mais ce n'était pas vraiment conscient. J'avais envie d'un truc très brut à la Ramones, on adorait le jouer. A la base, je voulais que ce soit un morceau un peu cliché sur le rock, y aller à fond. Du coup, je suis un peu déçu du résultat car il est un peu trop premier degré au niveau de la prod';. On aurait dû faire une prod’ un peu plus maligne qui s'accorde mieux avec le message.

    B&G : Yann Wagner, Jo Wedin & Jean Felzine, Baptiste Pelsy… plusieurs personnes ont participé à l'enregistrement des morceaux de Donald Pierre. La French Pop est une grande famille ?

    DP : Aline fait partie, en schématisant, de la première vague, avec Lescop, La Femme, Marc Desse, Mustang… Vu qu'on était pas très nombreux, on s'est vite croisés, et on s'est bien entendus. Sans faire la même musique ni l'interpréter de la même façon, on a beaucoup de références communes.

     

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    - Soundcloud: https://soundcloud.com/user-466380855

    - Twitter : https://twitter.com/dnldpierre

    Discographie : Single «(Elle est partie) Ma panthère » (mars 2018) 

    Agenda concerts : le 15 juin, au Pop Up du Label ; le 21 septembre au Supersonic.


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