• Interview de Nevski, 15 février 2016

    Interview du groupe Nevski, 15 février 2016.

    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    Photos d'Olivier REBECQ.

    Denis a une nouvelle fois ouvert les portes de son Temple Bar à Little John’s Pop Life. Le groupe Nevski ouvrira la deuxième édition de This Is French Pop le 11 mars prochain. C’est justement au Pop In que nous avons retrouvé Rodolphe et Quentin, les fondateurs du groupe. Deux types qui se connaissent à la perfection, semblables et différents à la fois… Une ambiguïté de plus dans l’océan d’incertitudes qui traversent cette jeune formation musicale, l’idéal pop-indé demeurant certainement le seul invariant autour duquel ils se (nous) promènent.

     

    Interview de Nevski, 15 février 2016

    Baptiste & Gérald : Nous vous avions mis dans notre playlist de novembre après avoir écouté votre premier EP « Nevski ». Vous jouerez lors de la soirée This Is French Pop #2, c’est donc l’occasion pour nous et pour nos lecteurs de vous connaitre un peu mieux. Dans quel contexte avez-vous fondé Nevski ?

    Rodolphe : On peut déjà remonter à nos premiers émois musicaux. En ce qui me concerne… J’en sais rien ! Je dirais peut-être le générique de Nounours. Sinon, plus sérieusement, vers 10 ans, j’ai écouté les disques que j’avais sous la main à la maison : les Pixies, le Velvet Underground. Mes parents étaient pas très branchés variét’. C’est venu assez spontanément. Et puis, à 11 ans, je ressors une vieille guitare qui était dans le grenier, une guitare sèche à 500 francs, pas terrible. Un ami de mes parents m’a appris à poser quelques accords au début, et il y avait internet… Mais je n’ai jamais vraiment pris de cours.

    Quentin : Je rencontre Rodolphe à ce moment-là justement, en 6ème. C’est plutôt Rodolphe qui m’a fait vraiment découvrir la musique. Je passais beaucoup de temps chez lui, quand on habitait à Rouen. Mes premiers émois musicaux : les morceaux de Nirvana ! (rires) C’est le premier groupe que j’ai suivi et sérieusement écouté.

    R : C’est trop bien mais ça craint.

    Q : Cela dit, quand on se rencontre, je n’ai encore jamais touché un instrument. Rodolphe quant à lui, même s’il n’a pas commencé la guitare depuis très longtemps, a déjà un bon niveau. Il m’apprend à jouer, sur son affreuse guitare sèche, qui était si peu maniable que je devais la poser sur mes genoux. Il m’a fallu un peu plus de temps pour que je me mette sérieusement à apprendre à jouer : vers l’âge de 15 ans, j’ai pris des cours. A cette époque on chantait les chansons de Rodolphe, on formait déjà une sorte de duo. On ne s’est jamais lancé dans un projet de reprises. Et cela perdure : j’ai la particularité de ne savoir jouer aucune chanson à part celles du groupe !

    R : Dès que j’ai commencé à jouer, j’ai voulu composer mes propres morceaux. A l’époque on voulait surtout ressembler à des groupes comme les Strokes ou Franz Ferdinand.

    DU CHIEN FAUVE A NEVSKI EN PASSANT PAR BALLADUR 95

    B&G : On voit que vous avez commencé à jouer et à composer très jeunes, au début du collège, mais à quel moment décidez-vous de former Nevski ?

    R : L’idée de créer un vrai groupe a surgi il y a trois ou quatre ans seulement. On a fait quelques concerts ensemble, en duo, et puis j’avais un autre groupe au collège. On était une bande d’amis, on formait des pseudo-groupes en permanence.

    Q : Oui c’est tout à fait ça : je faisais par exemple un duo avec une fille de ce groupe de potes. Et puis un jour on a fait un super-groupe qui s’est appelé Castleton Garden !

    B&G : Avec du recul, quel jugement portez-vous sur ces premières compositions ?

    Q : Je les ai toutes quelque part dans mon ordinateur. On les a réécoutées il n’y a pas si longtemps d’ailleurs, et ce qui apparaît clairement ce sont nos influences. L’auditeur sait directement ce que nous écoutions à cette période : ce sont nos compositions, mais cela ressemble à des copies. C’est très référencé.

    B&G : Cela nous amène aux années lycée, vous continuez de faire des concerts en duo ?

    R : Oui, et on sort également une chanson dans une compil’ produite par un Américain qui en publiait à la chaîne. On est en seconde à ce moment là. On rencontre une Japonaise dont l’un des titres figurait sur la même compil’, et elle nous décroche une date à Paris – alors que c’était à nous de lui trouver une salle ! C’est notre premier concert tous les deux.  C’était dans le 20ème, au Rigoletto Théatre. J’en garde un très bon souvenir.

    Q : On a joué devant une trentaine de personnes. Un public attentif. Des types avaient fait nos réglages avant le concert. On était dans de bonnes conditions.

    R : Après le bac, on a dû arrêter de jouer, parce qu’on a été séparés géographiquement : je suis parti à Pau, en prépa, et Quentin est allé à Paris. Mais on n’a pas eu de nouveaux projets. On a continué à s’envoyer nos idées de compo.

    Q : Rodolphe vient ensuite à Paris, on prend une colocation. Et là on a vraiment eu envie de faire un groupe : davantage de discipline, davantage de répèt’. On décide de s’appeler Le Chien Fauve, puis on change et on se renomme Balladur 95. On a traîné ce nom jusqu’à l’enregistrement de l’EP qui sortira en 2013 sous notre nom actuel, Nevski. J’adore les grandes figures militaires.

    Interview de Nevski, 15 février 2016

    B&G : Vous êtes pourtant quatre sur scène…

    Q : Simon, le batteur, est un ami d’enfance d’un bon copain à moi que j’ai rencontré en école d’architecture. Je croisais souvent Simon, je savais qu’il écoutait beaucoup de musique, qu’il en faisait aussi. Rodolphe était parti en Erasmus en Allemagne à ce moment-là. Il était venu passer quelques jours à Paris, et au cours d’une soirée où j'avais invité Rodolphe – c’était le jour de la fin du monde d’ailleurs, le 21 décembre 2012 – il a rencontré Simon. Ils ont pas mal discuté et le courant est bien passé. Il a fait le conservatoire et c’est un excellent batteur, il introduit beaucoup de subtilités. Six mois après cette soirée, en juillet 2013, on enregistre tous les trois l’EP « Nevski ».

    R : Ceci dit, pour l’enregistrement de l’EP, on a tout fait très rapidement, sans vraiment prendre le temps de répéter. Les arrangements, par exemple, ne sont pas vraiment maîtrisés, on a fait ce qui nous venait en tête…  Maintenant on aurait un son plus… dégueulasse.

    Q : Un peu comme sur “Surfer Rosa” des Pixies, où tu as l’impression qu’un type joue de la batterie dans ta cuisine.

    R : Et avec Julien, on s’est rencontrés à Pau où a fait une partie de nos études. On a pas mal discuté de musique et on est devenus potes. Quand il a débarqué à Paris l’année dernière, on lui a naturellement demandé de nous rejoindre et ça a tout de suite marché. On a sensiblement les mêmes goûts, et il est passé super facilement de la guitare, son instrument au départ, à la basse.

    L’EP « NEVSKI » SORT EN 2015 SUR LE LABEL FAMILIAL OUT OF MAP.

    B&G : Passons en revue les morceaux de votre EP.

    R : La plus vieille c’est En Angleterre, dont le texte était en anglais à l’origine. C’est dur d’écrire en français, tout d’abord et tout simplement parce qu’il n’y pas de barrière avec le public, la compréhension immédiate. L’idée c’était aussi et surtout d’être sincère, dans une posture résolument pop.

    Q : La vraie difficulté c’est de chanter en français, sans chanter en français… Les livres qu’on lit sont plutôt les classiques du XIXème siècle, ce n’est pas évident d’écrire quelque chose qui ne soit pas surfait. Au début, j’avais tendance à essayer d’écrire des textes dans le style des livres que je lisais.

    B&G : Ensuite il y a Alligator

    R : C’est avec ce morceau que l’on a commencé à jouer avec Simon. J’avais envie de faire un texte un peu con. Et puis il y a Les Rives de la Volga. On l’avait joué quand on s’appelait Le Chien Fauve. Le Jardin, la dernière chanson de l’EP, est également la dernière composée au moment de l’enregistrement. On a passé beaucoup de temps sur celle-ci ; il y a beaucoup de difficultés au niveau des harmonies vocales…

    UN ALBUM EN 2016, PRÉCÉDÉ DU SINGLE PACIFIQUE.

    B&G : Quand vous aviez joué au Chat Noir (cf. live report), vous nous aviez parlé d’un album à paraître dans le courant de l’année 2016, c’est toujours d’actualité ?

    R : On va déjà sortir un single qu’on va enregistrer nous-mêmes. Le titre s’appelle Pacifique. On l’avait joué au Chat Noir. Si nous sommes contents du résultat, on fera le reste nous-mêmes, sinon on partira dans un vrai studio.

    Q : Les chansons qu’on a prévues de mettre dans l’album sont dans la même lignée que celles de l’EP, mais sont en même temps très différentes: ce sont des chansons que l’on arrange et que l’on répète vraiment à quatre cette fois. On aura plus le temps de travailler chacune des parties et de trouver un son qui nous plait. Il y aura plus de guitare électrique aussi… Le son sera un peu plus bordélique, dans le sens spontané, il faut que ça sonne vrai. 

    B&G : Vous écoutez quoi en ce moment, y compris des choses non avouables ?

    R : Ce matin j’écoutais les Clash. Et puis Séverin, son dernier album "Ca ira tu verras" est pas mal du tout. Hospitality, Motorama aussi. Du côté des choses non avouables, Eddy Mitchell. Je suis en train de déraper là. 

    Q : Je viens de finir la biographie de Sonic Youth, alors j’écoute toute leur discographie en ce moment. Joy Division aussi. Et hier j’ai reçu un vinyle de Pavement.

    B&G : Pour la première fois, car nous avions fait l’interview dernier coup avant votre concert au Chat Noir, nous allons faire l’interview premier coup. Premier coup de rouge ?

    R : A la fin du collège, c’était la veille d’un concert des Strokes qu’on était allé voir. J’étais pas bien du tout. Mauvaise expérience… J’ai du mal à réaliser que j’ai pris ma première cuite à ce moment-là… (rires)

    Q : En ce qui me concerne, ça devait être chez Rodolphe, j’avais 14-15 ans. La veille du concert des Strokes, j’étais sorti aussi, mais j’étais rentré plus tôt que Rodolphe !

    B&G : Premier coup de cœur ?

    Q : Rape Me de Nirvana !

    R : Tout l’album « In Utero » [troisième album de Nirvana, sorti en 1993], c’est le premier disque que j’ai acheté. J’aimais beaucoup les Pixies à l’époque aussi, j’étais allé les voir en concert, en première partie des Red Hot, au Parc des Princes.

    B&G : Premier coup de gueule ?

    R : Ce concert des Red Hot justement ! J’étais pas content du tout, alors que j’avais presque pleuré pour le concert des Pixies.

    Q : Le troisième album des Strokes, déception.

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