• Interview en public au Pop In. Vendredi 15 mars 2019, 21h. 

    Avec Accident et Pierre Mikaïloff

    Interview en public au Pop In : Accident et Pierre Mikaïloff (15 mars 2019)

    Baptiste Petitjean, Little John – le label : Salut à tous, et bienvenue dans le premier numéro de Pop In FM. Le bien connu Denis Quélard est à la régie, et puisque je n'ai pas sa réputation, il faut bien que je me présente : je m'appelle Baptiste Petitjean, j'anime le blog Little John's Pop Life avec ma sœur et mon frère ici présents, et je pilote le label Little John, avec l'aide de mon pote comédien Noé. Justement le label a sorti ce lundi son premier disque : il s'agit du Maxi EP intitulé Dernier Voyage, du groupe Accident, duo composé de Jérémy Monteiro, claviériste/guitariste d'Aline et de Donald Pierre, et de Laurent Maudoux, claviériste de Dondolo et des Young Michelin (ancêtre des Aline), un coucou au troisième membre, Rémi, qui les a rejoints pour la scène. Salut Laurent, salut Jérémy, et salut Rémi ! 

    Interview en public au Pop In : Accident et Pierre Mikaïloff (15 mars 2019)

    Mais aujourd'hui nous accueillons aussi pour cette première de Pop In FM Pierre Mikaïloff. Alors le problème avec Pierre, c'est qu'on pourrait faire une émission rien qu'en lisant sa bio, donc je vais être obligé de résumer : il a été le guitariste des Désaxés,excellent groupe des années 80, il a accompagné Jacno par la suite, il est également l'auteur de nombreux livres que je ne citerai pas tous, seulement les plus récents, le roman Terminus Las Vegas (Paul&Mike 2016), le très beau livre illustré Post-punk - 1978-85, avec Pierre Terrasson (Éditions Carpentier, 2015), et de nombreuses biographies ou récits biographiques (Françoise Hardy, Serge Gainsbourg, ...). Je signale aussi la présence de Dominique Pascaud ici présent, guitariste d'Alex Rossi, mais aussi en solo avec son projet Clarence Affectif, également écrivain – il a publié Figurante (Éditions de la Martinière, 2015) –, et aujourd'hui il fera quelques dessins de l'émission qui seront publiés avec la transcription de l'émission… 

    Interview en public au Pop In : Accident et Pierre Mikaïloff (15 mars 2019)

    Dessin de Dominique Pascaud

    Première question, je m'adresse à toi Pierre : hier jeudi 14 mars c'était le triste 10ème anniversaire de la mort d'Alain Bashung…

    Pierre Mikaïloff : … Oui hier soir, dans plusieurs salles de cinéma du réseau Pathé était projeté un concert d'Alain Bashung (https://www.pathelive.com/bashung-au-cinema) filmé au Bataclan lors de la tournée des grands espaces qui date du début des années 2000. Ce concert a été filmé grâce aux excellents moyens de Don Kent, un grand monsieur des films de live en France, il a fait de nombreuses émissions de télé, notamment un programme mythique, une des rares émissions de rock de la télévision française des années 70 qui s'appelait Juke-Box et qui était co-présentée par Antoine de Caunes et Jacky. Sur France 2, la télé publique donc, tous les dimanches, on pouvait voir la messe à 11 heures, et à midi le rock'n roll prenait la place avec cette émission. Et là on pouvait voir, pendant une demi-heure, des lives des Clash, de Bruce Springsteen, de Téléphone, etc., tous les groupes importants de l'époque. C'était magnifique ! Pour en revenir à ce concert de Bashung filmé au Bataclan, c'était un live somptueux, le spectacle avait été mis en scène et chorégraphié par une artiste contemporaine, Dominique Gonzalez-Foester. Même Bashung avait des moments de danse, le tout enrobé par un éclairage sublime. Je me souviens qu'à l'époque je m'étais demandé comment ils avaient pu faire tenir autant d'éléments et de musiciens sur la scène du Bataclan… Revoir ce concert sur grand écran a véritablement un effet bluffant. Ce qui est particulier avec les lives au cinéma, c'est qu'à la fin de chaque morceau tu as envie d'applaudir… Mais en fait non, c'est juste un film ! 

    Baptiste : Puisque nous sommes dans une interview croisée : Accident, vous pensez quoi du parcours de Pierre ? Vous êtes fans des Désaxés j'imagine ?

    Jérémy Monteiro : C'est intimidant, car son parcours est très impressionnant… Laurent et moi sommes fans des Désaxés, et plus globalement de cette période des années 80 qui est un peu le fondement de notre inspiration musicale. Cette scène française avait digéré à la fois ses influences anglaises et françaises, et les groupes qui la représentaient faisant des choses nouvelles. Après la vague punk, on réalisait qu'on pouvait faire autre chose que de la chanson : il était possible de faire de la pop en français, ce qui n'était pas naturel du tout. Et à titre personnel, je me souviens qu'avec Aline on avait partagé la scène de la Flèche d'Or avec les Désaxés, on avait repris le morceau « Tout ce que je veux », comme pendant toute la tournée de Regarde le Ciel, mais avec eux cette fois-ci. C'était génial, on était comme des gamins. 

    Laurent Maudoux : C'est vrai que cette période musicale des années 80 nous a fait rêver et continue de nous faire rêver. On a été imprégné par le style de groupes comme Taxi Girl, qui nous ont longtemps accompagnés dans notre manière de composer, la ligne claire, les morceaux pop… 

    Baptiste : Pierre, t'en as pensé quoi du premier effort d'Accident, le Maxi EP Dernier Voyage ?

    Pierre Mikaïloff : Premier effort et j'espère pas le dernier ! Je ne peux qu'aimer, car j'y trouve des influences communes évidentes. Et puis il y a le côté dance, que nous n'avions pas dans les Désaxés, voire un côté disco sur certains morceaux qui ne sont pas loin d'être en 120 bpm, et qui donnent spontanément envie de bouger, de danser. Il y a beaucoup d'humour aussi dans les chansons, dans les textes, je m'y retrouve complètement. L'aspect visuel est très bien traité également, les clips sont très bien réalisés, et très drôles, je parle en particulier d'« Amour, Gloire & Beauté ».

    Baptiste : Justement Pierre, dans les années 80 quelle était la place des clips ?

    Pierre Mikaïloff : Les clips étaient hyper importants déjà dans les années 80, car c'était un moyen de ne pas faire de tournée qui coûte très cher et d'être visible partout. En revanche, la réalisation d'un clip nécessitait pas mal d'argent tout de même, contrairement à aujourd'hui : à l'époque le clip était fait avec de la pellicule, il fallait une équipe technique de tournage complète. Seuls les groupes des labels importants pouvaient se payer un clip qui soit aux normes de la télévision et qui puisse être diffusé. De nos jours, on peut faire un clip avec des moyens numériques accessibles à tous, c'est beaucoup moins cher. 

    Jérémy Monteiro : Nos clips sont faits de cette manière-là d'ailleurs. Laurent travaille dans la vidéo, des copains nous aident… C'est homemade ! 

    Pierre Mikaïloff : A l'époque on essayait de trouver des arrangements pour contourner l'obstacle financier : avec les Désaxés on avait fait une sorte de troc avec un réalisateur qui nous avait demandé de faire la musique de son film, et en échange on lui avait demandé de nous tourner deux clips en 35 millimètres. Un des clips qui en avait résulté avait eu pas mal de succès, M6 en avait acheté 200 diffusions, si bien que quand le groupe était déjà séparé depuis plus de deux ans, le clip continuait de passer à la télévision au début des années 90 !

    Interview en public au Pop In : Accident et Pierre Mikaïloff (15 mars 2019)

    Baptiste : Accident, toute cette pop française des années 80, les Désaxés, mais aussi les Daho, Jacno, mais on pense aussi à Lio, à Mikado… Ça fait partie de votre équipement ou bien vous avez davantage puisé vos influences du côté de l'Angleterre et des États-Unis ? 

    Laurent Maudoux : Il y a des deux. Taxi Girl, les Visiteurs Modèles, côté scène indé française. Mais aussi la scène anglaise, les groupes de la Factory, Sarah Records : New Order,, The Wake. Concernant les États-Unis, on y puise tout de même quelques influences mais plus actuelles : Ariel Pink, pop pysché de la côte Ouest un peu perchée, John Maus ou les Pixies. C'est pour ça qu'on se retrouve bien dans l'appellation weird pop

    Jérémy Monteiro : Côté anglo-saxon, c'est vrai qu'on a beaucoup de repères du côté de la Grande-Bretagne : les Smiths, The Cure, The Kinks … et puis il y a aussi toute la chanson française : Gainsbourg, Voulzy, Yves Simon, Bachelet …  Et puis quand on écoute des groupes comme les Désaxés, on se rend compte de ce qu'ils ont puisé dans la musique anglaise et française à la fois, alors ça donne des idées, ça ouvre des perspectives. 

    Baptiste : Chez certains noms que je viens de citer, on a presque le sentiment qu'ils connaissent un retour en grâce, voire même un retour en estime pour certains, t'en penses quoi Pierre ? 

    Pierre Mikaïloff : Il y avait un grand sectarisme dans les années 80, et même encore dans les années 90 : il fallait choisir son camp. Soit tu étais pop, soit tu étais New Wave, soit gothique, soit chanson… Et quand tu étais un peu à la croisée de plusieurs catégories, comme Daho, même si lui a réussi à se frayer un chemin, cela pouvait être compliqué : Lio ou Mikado avaient été rangés dans la chanson et avaient été immédiatement ostracisés par les fans de rock. C'était ennuyeux cette posture. Quand on faisait des concerts avec les Désaxés, certains venaient nous voir après les concerts en nous disant qu'on était pourris parce qu'on passait à la télé et donc qu'on faisait de la variété, alors qu'on avait autant d'énergie qu'un groupe de rock… Ces étiquettes créaient de fausses barrières entre les gens. Il y avait autre chose : il ne fallait pas vendre ! C'était très mal vu d'avoir du succès. Ce qui faisait bien c'est qu'un groupe se sépare au bout de deux ans, après un album auto-produit ; c'était l'entrée assurée dans la légende ! C'était la mythification de la lose ! 

    Baptiste : Les Désaxés avaient malgré tout, sans renier leur identité, connu ce succès commercial non ? 

    Pierre Mikaïloff : Le label Réflexes, qui produisait entre autres les Désaxés, avait été fondé par quelqu'un qui venait de CBS, devenu Sony par la suite, Patrice Fabien, qui connaissait les majors et leur fonctionnement. Et il avait compris que les majors avaient un problème de repérage des nouveaux talents en France. Chez CBS, il essayait de produire des groupes français : il avait signé Edith Nylon, les Blessed Virgins, Shakin' Street, un 45 tours de Patrick Eudeline. Il essayait donc de faire des choses au sein de CBS, mais il a fini par se faire virer car c'étaient des disques qui ne marchaient pas assez… Alors, connaissant toutes les ficelles du métier, il a décidé de monter Réflexes, et son pari était de faire connaître le succès à tous ces groupes français de la scène indé, en réussissant à contourner les majors et à infiltrer les système, en utilisant leurs armes : il connaissait tout le monde en radio, les groupes enregistraient dans de très bons studios, le label accordait un soin tout particulier aux pochettes… Et en effet, les disques des Désaxés ont commencé à marcher, mais à un moment donné il y a eu une limite, un plafonnement. Au bout de trois ans, tout s'est écroulé car il n'y avait pas eu un tube qui aurait pu permettre à l'aventure "les Désaxés" de durer.

    Interview en public au Pop In : Accident et Pierre Mikaïloff (15 mars 2019)

    Dessin de Dominique Pascaud

    Baptiste : Les noms de groupes, Accident et les Désaxés, renvoient tous les deux à une certaine idée de la marginalité, cela correspond à votre manière de percevoir la pop indé ? 

    Jérémy Monteiro : Je n'irai pas jusqu'à la marginalité, mais la singularité sans aucun doute. 

    Pierre Mikaïloff : Il ne faut pas souhaiter rester marginal… 

    Jérémy Monteiro : Oui il n'y aucun volonté de se marginaliser dans Accident. En ce qui concerne le nom du groupe, on avait fait toute une liste, et on voulait que ça sonne bien. Et on est tombés d'accord sur Accident : un mot français, tout simple, on peut faire plein de jeu de mots. 

    Laurent Maudoux : Et il faut reconnaître qu'il n'y a pas vraiment d'accidentologie. On aurait pu dire qu'on compose par accident, par tâtonnements, avec de grandes idées créatrices… Pas du tout ! 

    Pierre Mikaïloff : Je n'étais pas à l'origine du groupe, mais je crois que le nom des Désaxés est lié au film The Misfits, qui est le dernier film de Marylin Monroe, de Montgomery Clift… des icônes du cinéma ! Et d'ailleurs, on rentrait sur scène avec la bande originale du film… Et puis le nom nous plaisait, permettait d'aller dans tous les sens, de ne pas être dans un axe clair : on aimait la chanson, on aimait le rock, le punk, la New Wave… On était désaxés !

    Interview en public au Pop In : Accident et Pierre Mikaïloff (15 mars 2019)

    Baptiste : Le morceau « Déjà Vu, Déjà Fait », espèce de ska fatigué, mélange de dub et de mélodie mélancolique (ah ce petit passage de mélodica …), c’est un peu le meilleur morceau de Gorillaz depuis des lustres non ?! Damon Albarn va être jaloux !

    Jérémy Monteiro : C'est flatteur ! On va le contacter et lui proposer des morceaux ! 

    Laurent Maudoux : Avec ce morceau, on a essayé de faire quelque chose de scandé, de très cyclique dans la composition. Cela dit cette compo est venue à Jérémy d'une manière assez hasardeuse : il avait acheté une boîte à rythmes des années 80, il s'est mis à essayer quelques rythmes, et il a trouvé celui du morceau par accident – ça y est, tout prend du sens ! –, cette touche un peu reggae, et on a voulu rendre quelque chose d'un peu extralucide, notamment dans les paroles, mais aussi comme une sorte de rédemption. 

    Baptiste : Accident, parlons un peu de votre dernier clip, celui du morceau « Amour, Gloire & Beauté », sorti ce lundi, vous tournez cette idée de particularité ou d'originalité du côté de l'humour, ça m'a fait penser au film 4 garçons pleins d'avenir

    Laurent Maudoux : Oui il y a ce type d'humour, ce clip est un pied de nez à la scène hip-hop marseillaise. Un Miami Vice à la française. On s'est beaucoup amusé à le tourner, à être sur le fil, dans les paillettes sans tomber dans le ridicule. C'est un clip décalé. 

    Baptiste : Pierre, quel regard tu portes sur la french pop telle qu'elle se développe depuis 5 ou 6 ans ? 

    Pierre Mikaïloff : Il y a beaucoup de groupes que j'aime bien, même si je ne sais pas trop où on peut les situer : Métro Verlaine, un groupe d’Évreux, pas exactement pop mais avec des influences très New Wave, Television, Roadrunners, Jonathan Richman. J'aime bien aussi L'Impératrice, sur le label bordelais Talitres, beaucoup plus festif, plus disco, plus dance… Après, il y a des artistes à cheval entre la chanson et la pop, comme Juliette Armanet ou Clara Luciani, j'aime beaucoup leurs morceaux, que j'apprécie aussi en concert. Cela dit, le problème est toujours le même pour tous ces artistes : se faire entendre. Il ne s'agit pas seulement de faire un EP. Pour promouvoir un artiste aujourd'hui, il faut un album. C'est sur un album qu'un artiste peut vraiment s'exprimer, c'est grâce à un album bien produit qu'on peut organiser une tournée, être mieux diffusé en radio. Il faut passer le cap de l'EP. C'est là que se situe la question de la survie du milieu indépendant : la visibilité, la capacité de promotion. 

    Jérémy Monteiro : Je trouve ça plutôt bien, les nouvelles générations se décomplexent, on sort du carcan de la tradition, de la chanson … j'aime bien certains morceaux de Vald et j'ai eu un coup de cœur sur l'album de Chaton « Possible ».

    Laurent Maudoux : On partage beaucoup d'influences avec des groupes de cette scène. Mais aussi des univers différent comme Rouge Gorge, Bruno Coeurvert ou Papooz, à la fois pop et très référencé. 

    Jérémy Monteiro : Concernant le support, EP ou LP, c'est avant tout la cohésion de ce qu'on voulait y mettre qui nous a poussés à choisir l'EP, ou plutôt le Maxi EP, puisque le disque est un 33 tours qui compte 6 titres, un peu moins de 25 minutes de musique… On avait une quinzaine de démos, dont 6 qui se tenaient bien. On est sur un mini LP en fait avec Dernier Voyage

    Laurent Maudoux : On a préféré se concentrer sur 6 morceaux, plutôt que d'en ajouter d'autres qui ne sont pas dans la même veine, qui ne correspondent pas non plus au même moment de composition et d'écriture.

    Interview en public au Pop In : Accident et Pierre Mikaïloff (15 mars 2019)

    Baptiste : Je vais me transformer en Thierry Ardisson, on va terminer comme aux meilleures heures de Tout le monde en parle. Interview « Dernier Coup ». Dernier coup de poing ? 

    Accident : On a failli en mettre un à un contrôleur Oui Go qui nous a fait payer un supplément bagage de 20 euros. On était colère. Mais on est gentils, donc on n'a rien fait. 

    Pierre Mikaïloff : Ça fait très longtemps car je suis non violent : c'était en 4-ème. Je ne me souviens plus de la raison, mais je devais être très énervé pour en arriver là ! 

    Baptiste : Dernier coup de cœur ?

    Accident : Le sandwich américain de la brasserie Barbès, un sandwich au bœuf de Galice, à la sauce samouraï. Un délice. Génial.

    Pierre Mikaïloff : La semaine dernière j’étais à Arles, et figurez-vous qu'on continue d'y fumer dans les bars. C'est mon coup de cœur, les bars d'Arles.

    Baptiste : On va déménager… Dernier coup de rouge ?

    Accident : Hier soir avec toi… 

    Pierre Mikaïloff :  J'ai retrouvé une bouteille de Bordeaux chez moi, que je devais absolument boire car elle était de 2009, c'était maintenant ou jamais. Elle était très bonne. Je l'ai bue tout seul, j'ai un peu honte ! 

    Baptiste : Dernier coup de bluff ?

    Accident : Essayer de prendre un train Oui Go avec une guitare mais sans le supplément bagage.

    Pierre Mikaïloff : Dans mon métier on bluffe tout le temps. On prétend toujours savoir faire des choses qu'on ne sait pas faire, c'est seulement au pied du mur que tu te rends compte que tu es capable de les faire… 

    Baptiste : Dernier coup de soleil ?

    Accident : Juste avant d'arriver à Paris, on est du Sud… 

    Pierre Mikaïloff : Cela remonte au mois de juillet, c'est très loin… 

    Baptiste : Dernier coup de bol ?

    Accident : On nous a prêté un appartement cette semaine, le frigo était plein… Super. 

    Pierre Mikaïloff : Parfois il arrive des choses inattendues. Là il s'agit de l'opportunité que j'ai eu de faire des documentaires radio autour d'Alain Bashung à la demande d’Universal. 

    Baptiste : Pierre et Accident, vous êtes mes deux coups de cœur du moment, mais aussi depuis longtemps, et pour pas mal de temps encore… Et voilà, Pop In FM, première émission, c'est fini.

     

    Interview en public au Pop In : Accident et Pierre Mikaïloff (15 mars 2019)

    Dessin de Dominique Pascaud

     


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  • Interview de Niki Demiller, pour la sortie de l'EP L'Aventure le 29 novembre 2018.

    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

     Interview de Niki Demiller (8 novembre 2018)

    Baptiste & Gérald : On va d’abord essayer de connaître ton parcours musical. Comment as-tu commencé à jouer de la musique ? Est-ce que tes parents s’intéressaient à la musique ?

    Niki Demiller : Non, mes parents n’écoutaient pas trop de musique. En fait, j’habitais en banlieue, dans le Val-de-Marne, et je m’ennuyais. A Champigny-sur-Marne, il n’y avait rien à faire. Avec mes copains, vers l’âge de 12 ans, on s’est mis à écouter du rock. 

    B&G : Quels sont les premiers groupes qui t’ont marqué ?

    ND : Les Ramones et les Stooges. J’avais un copain d’école dont le père avait joué dans Métal Urbain, un groupe mythique de punk français. Du coup, un des premiers concerts auxquels j’ai assisté, c’était la reformation de Métal Urbain. C’est un des concerts les plus fous que j’ai vus, ça a changé ma vie.

    B&G : Avec tes copains, tu as tout de suite voulu constituer un groupe de rock ?

    ND : Oui, pour passer le temps, on s’est mis à jouer. On tapait sur des cartons. On avait une seule guitare, qu’on faisait tourner à trois. On faisait du Ramones. Et très vite, on a composé nos propres chansons.

    B&G : D’ailleurs, jouer les chansons des Ramones, ce n’est pas aussi simple que ça en l’air.

    ND : Oui. Joey Ramone est un grand chanteur. Et rythmiquement, c’est dur à tenir, il faut une bonne main droite.

    B&G : De quel instrument tu jouais à l’époque ?

    ND : Je me suis mis à la guitare. Comme il y a de la place en banlieue, on a pu répéter très rapidement dans un local insonorisé. On pouvait essayer plein d’instruments. J’avais trouvé un vieil orgue Farfisa, avec deux étages et le pédalier. Je l’avais trouvé sur le Bon Coin, il appartenait à quelqu’un qui jouait dans les églises. Du coup, je me suis mis aux claviers. Et maintenant, je suis 100% claviériste. Je ne joue plus du tout de guitare, je suis passionné par les claviers.

    B&G : Tu avais pris quelques cours de musique ?

    ND : Oui, quand j’étais enfant, ma mère m’avait inscrit à quelques cours de piano. Donc j’ai appris le solfège. Mais ça m’a saoulé, j’ai tout oublié. Je jouais du Jerry Lee Lewis. Ce qui est drôle, c’est que j’ai repris une formation musicale assez tardivement, il y a trois ans, après dix ans en autodidacte.

    B&G : C’est avec ces copains que tu as formé ton premier groupe, les Brats ?

    ND : Oui, ça a tout de suite été les Brats. On se connaissait depuis l’école primaire. Youri, le batteur, habitait à deux rue de chez moi. Et puis des jeunes qui aimaient le rock dans ce coin-là, il n’y en avait pas d’autres que nous trois. En 2004, on a fait nos premières répétitions.

    B&G : Les Brats étaient très influencés par les Ramones. Ca s’entend !

    ND : Complètement. Déjà le nom du groupe, inspiré par la chanson « Beat on the brat ».

    B&G : Après les Brats, tu as sorti des morceaux en solo. Tu avais envie de jouer une musique qui sortait du carcan rock typique ?

    ND : Oui, j’ai des goûts assez variés. J’ai une grosse sensibilité pour la musique française et francophone en général. Ça m’obsède complètement.

    B&G : On le ressent dans ton premier EP Tout va bien. Dans une chanson comme « J’ai dû vous lasser », qui rappelle le Jacques Dutronc des débuts, ou encore Nino Ferrer.

    ND : J’adore ça. Cet EP était aussi très influencé par Jean-Claude Vannier.

    B&G : Pourquoi avoir arrêté les Brats ?

    ND : C’était un beau malentendu. On était juste trois copains qui voulaient tromper l’ennui. Et on a eu une forte exposition, qui n’était pas préparée, pas contrôlée, ni même voulue. On a joué dans des salles assez importantes. C’était une belle expérience, mais j’étais mal à l’aise. C’est pour cela qu’on n’a pas sorti d’album à l’époque : nous n’étions pas prêts pour sortir quelque chose de pertinent artistiquement. Après les Brats et «Tout va bien », mon premier EP en solo, j’étais complètement lessivé, c’était violent de se retrouver exposé dès l’âge de 14 ans. A l’arrêt des Brats, j’avais 17 ans et je voulais être autonome financièrement. Donc j’ai trouvé un boulot : je suis rentré dans une petite boîte en tant que stagiaire, je faisais des mises à jour de bases de données. Ca a duré dix ans.

    B&G : Et pendant ces dix ans, tu ne jouais plus de musique ?

    ND : J’en jouais, mais c’était léger. Je n’avais pas forcément beaucoup de choses à dire. Pendant cette période, j’ai organisé un festival dans mon quartier, avec Charles Hurbier de Métal Urbain. Ca s’appelait Rock sur Marne. C’était une belle expérience, ça m’a permis de voir une autre facette du monde de la musique, en tant que programmateur.

    B&G : Au bout de dix ans, qu’est-ce qui t’a conduit à vouloir refaire de la musique ?

    ND : Il a fallu que j’aille vraiment au bout du truc de bosser et de gagner ma vie. J’étais devenu commercial puis directeur des ventes dans la pub. C’était assez déprimant. Finalement, j’ai fait un burn out. Donc j’ai voulu changer. Et c’est là que je suis revenu à la musique. Grâce au FONGECIF, j’ai pu reprendre des études d’orchestration et d’arrangement.

    B&G : Pourquoi l’orchestration et l’arrangement ?

    ND : Je crois que je m’étais toujours senti illégitime dans ce que je voulais faire : j’avais un pied dans l’énergie du rock, mais j’avais en moi l’envie d’écrire des chansons très orchestrées. J’ai toujours aimé Francis Lai, qui est mort en début de semaine ; j’adore Gérard Manset, que tu ne peux pas jouer tout seul avec ta guitare. J’avais vraiment besoin d’avoir une connaissance approfondie de la musique, de l’étudier. Donc c’est ce que j’ai fait très sérieusement pendant deux ans, quasiment nuit et jour. A la fin de ma formation, j’ai pu écrire pour un orchestre harmonique de 40 musiciens. C’était une adaptation de Station To Station de David Bowie, j’étais très fier. C’est un travail extrêmement solitaire, tu écris tes partitions tout seul toute la journée, et à la fin, d’un seul coup, 40 musiciens prennent possession de l’œuvre, plus un public qui est là. C’est très impressionnant.

    B&G : C’est une démarche assez différente de celle d’un groupe de rock. Dans un groupe, celui qui compose est aussi celui qui joue. Là, en tant qu’arrangeur, tu dois laisser filer ton œuvre, tu deviens spectateur.

    ND : Un spectateur très actif quand même, car il faut bien communiquer avec les musiciens, se mettre à la place des autres et leur écrire des parties agréables à jouer : le violoniste, le joueur de tuba ou le percussionniste n’ont pas les mêmes attentes ni les mêmes problématiques. Il faut bien comprendre chaque problématique. Quand on étudie ça sur l’ensemble d’un orchestre, c’est très intéressant de le transposer dans un groupe de rock de quatre ou cinq musiciens. Avant, j’avais tendance à travailler dans l’expansion, à faire des choses compliquées et savantes. Maintenant je me dis qu’une œuvre n’a pas dix mille choses à dire : une œuvre a un propos et, pour bien servir ce propos, il faut lui faire prendre un seul chemin, pas deux. Aujourd’hui, je travaille dans le retrait, dans  l’épuration, plutôt que dans la surenchère.

    B&G : C’est cette formation qui t’a donné l’envie de refaire de la musique, de refaire des chansons pour toi, de rechanter ?

    ND : Oui. A un moment, je ne voulais plus prendre un instrument, je ne voulais plus chanter. Et cette formation est  vraiment à la base de mon envie de refaire de la musique, de remonter un projet en tant que chanteur, de refaire de la scène. Très clairement. Et, parallèlement, mes dix années passées à travailler dans le tertiaire m’ont beaucoup inspiré. J’ai assisté à des trucs qui sont le quotidien de millions de personnes mais dont on ne parle pas, sauf Michel Houellebecq. Dans « Extension du domaine de la lutte » par exemple. Quand j’étais commercial, pendant un déplacement, je lisais Houellebecq et ça me faisait du bien. Toutes ces phrases débiles du genre « on va les bouffer », tout ce pognon qui est dépensé pour des services qui ne servent en fait à personne. J’avais envie d’écrire là-dessus, je trouvais ça pertinent, sans pour autant vouloir le dénoncer. J’avais envie d’aborder ce sujet d’un point de vue poétique.

    B&G : Tu as devancé notre prochaine question. Les thèmes de ton nouvel EP L’Aventure nous ont effectivement fait penser à Houellebecq : le jeune cadre dynamique, plus si jeune et plus si dynamique, qui est seul et désabusé.

    ND : C’est ça. C’est une espèce d’observation de la vacuité du monde du tertiaire.

    B&G : Dans « L’aventure », ce côté western absurde, avec un faux duel, rappelle les phrases que tu as évoquées, du genre « On va les bouffer » ou « On est des winners ».

    ND : Quand on est commercial dans le tertiaire, on se met une telle pression pour réussir des ventes … C’est tellement premier degré que ça fait rigoler. J’avais envie de mettre du fun, je bouillonnais intérieurement de partager cette expérience solitaire et drôle.

    B&G : C’est très bien retranscrit, dans les musiques et dans les textes. Surtout dans « L’aventure » et dans « Silicon Valley », qui peuvent être vues comme les deux faces de ce monde du tertiaire.

    ND : Merci. J’ai appelé ça le blues du tertiaire. En fait, les chansons de l’EP s’inscrivent dans le cadre d’un concept album , qui est déjà maquetté et qu’on va commencer à enregistrer le mois prochain. Ça fait trois ans que je travaille sur ce projet.

    B&G : Ce qui est notable dans les cinq chansons de l’EP, c’est que chaque morceau a un style très différent. « L’aventure », dans un style musique de western. « Silicon Valley », avec un côté disco, avec des airs d’Abba. « Cœur Défense » ressemble à un reggae fatigué, un peu comme le ska déprimant des Specials de « Rat Race » ou de « Ghost Town ». « Assole Hero » sonne 60’s psyché. C’était une volonté de ta part ?

    ND : Je crois que je ne peux pas m’empêcher de faire comme cela. Je ne saurais pas dire à quel style j’appartiens. Et j’ai pris goût à travailler pour d’autres artistes, qui me donnent des cahiers des charges, qui me disent que tel morceau doit sonner comme ci et tel autre comme cela. J’ai conçu les chansons de mon album de cette manière. J’aime bien me donner des challenges sur chaque morceau. Par exemple, je voulais que « L’aventure » sonne comme du Vannier, avec des cordes. Puis aller vers de l’électro, du piano – voix, … Pour chaque chanson, je souhaite donner une couleur musicale différente. L’album sera très varié. Encore plus que l’EP. Ça m’a longtemps posé problème, je me demandais comment assumer cela, comment avoir une certaine unité. Et puis quand on écoute de la pop anglaise, on se rend compte que certains albums sont très variés. Comme Parklife de Blur, un de mes albums préférés.

    B&G : Dans l’EP, il y a deux duos. « Silicon Valley » avec Victorine. Et « Assole Hero » avec Lewis Evans, le chanteur des Lanskies.

    ND : C’est Gaël Etienne qui m’a mis en contact avec Victorine. Je joue sur scène avec lui et il est son arrangeur. J’aimais beaucoup ce que faisait Victorine. Je voulais écrire une musique pour une chanteuse à la France Gall, avec une voix aigüe, je voulais écrire une musique de fanfare entre Walt Disney et de la disco belge. Et ça a donné « Silicon Valley ». « Assole Hero » racontait la vie d’un commercial qui s’ennuie, je trouvais que ça faisait très anglais, j’avais besoin d’un chanteur de Liverpool !

    B&G : Tu as écrit les morceaux pour eux ?

    ND : Non, pas du tout. L’idée n’est pas de chanter en duo avec telle personne. C’est plus une recherche de couleur, une démarche de production. On a écrit « Silicon Valley » à deux, avec Victorine. Je trouvais ça intéressant de faire cohabiter mon austérité avec le côté explosif de Victorine. Je trouve qu’elle est peu une sorte d’Iggy Pop version manga.

    B&G : Quels sont les arrangeurs qui t’ont influencé ?

    ND : Je ne vais citer que des français. Gérard Manset, qui orchestrait tout et arrangeait lui-même ses morceaux. J’adore La Mort d’Orion. François de Roubaix, pour son inventivité, pour sa recherche de la note inattendue, de la bonne trouvaille au bon moment. Et un contemporain, Antoine Rault. Il avait arrangé mon premier EP, Tout va bien. Il joue dans plusieurs groupes : Forever Pavot, Lescop. C’est Antoine qui m’a donné l’envie d’arranger. Il essaye de surprendre. C’est une belle démarche quand on souhaite faire de la musique digne de ce nom. On vient tous d’un héritage, on a tous entendu beaucoup de musique, beaucoup de choses ont déjà été dites. Il faut se faire violence, quitte à se choquer soi-même, pour amener le discours dans une autre direction. Maintenant, dès que je suis mal à l’aise par rapport à ce que je suis en train de créer, je me dis que je suis sur le bon chemin. Que je suis en train de créer quelque chose d’original. Parmi les autres arrangeurs contemporains, j’aime aussi beaucoup Fred Pallem et Bertrand Burgalat.

    B&G : Et chez les anglo-saxons ?

    ND : Je suis très fan de Brian Eno. J’adore son travail avec les Talking Heads. Ils ont emmené la musique dans des contrées étranges. Il a aussi travaillé sur le dernier album de Rachid Taha. C’est un disque extraordinaire, un chef d’œuvre. D’ailleurs, mon nouvel EP est une tentative de faire du Brian Eno. C’est plus ou moins réussi, mais on a essayé.

    B&G : Tu as d’autres projets d’orchestration et d’arrangement ?

    ND : J’ai fait l’habillage musical d’une pièce de théâtre qui s’appelle Les Chansons de l’Espace, mise en scène par Anthony Breurec. J’ai aussi composé le thème du film Pacific Mermaid d’Alexis Barbosa. L’an dernier, j’ai fait un arrangement pour 17 musiciens de la chanson « La Quête » de Jacques Brel, en hommage à Jean Rochefort, qui devait jouer Don Quichotte au cinéma. On l’a présenté au Petit Bain, j’étais assez fier de cela.

    B&G : Ton EP L’Aventure sort bientôt ? Tu as prévu de le jouer sur scène ?

    ND : Oui, l’EP sort le 29 novembre chez la TEBWA. Et on va faire un concert à l’International le 29 novembre. Je serai à l’affiche avec Jo Wedin et Abel Chéret. Des dates sont en train de se monter. On va probablement aller à Bruxelles et à Lille.

    B&G : Tu continues avec le même groupe de musiciens ?

    ND : Oui. C’est une belle équipe : Gaël Etienne aux synthés. Baptiste Dosdat à la guitare. Vincent Pedretti (ndlr. : batteur du groupe Aline) à la batterie, qui a remplacé Rémy Faure (ndlr. : batteur du groupe Mustang). J’ai joué avec Rémy pendant 4 ans, j’ai beaucoup travaillé avec lui sur l’EP. Baptiste est très créatif, il met de la folie dans la musique. Gaël est un plasticien de la musique, il a une approche très graphique, il travaille les textures. Vincent est une brute en terme de rythme, il est d’une grande dextérité. Les gens avec qui je joue sont constitutifs de ma musique.

    B&G : On va terminer avec l’interview « Dernier Coup ». Dernier coup de rouge ?

    ND : Mes trente ans la semaine dernière

    B&G : Dernier coup de blues ?

    ND : Hier soir. Tout le temps.

    B&G : Dernier coup de gueule ?

    ND : Je ne pousse pas beaucoup de coups de gueule. Bon, je vais quand même en pousser un contre certaines salles parisiennes qui demandent beaucoup aux artistes : il faut être communicant, graphiste, caissier, éventuellement servir les bières.

    B&G : Dernier coup de cœur ?

    ND : J’en ai deux en ce moment. Coltrane. Et le pianiste François Samson qui joue Ravel. C’est un gros coup de cœur. Je l’écoute sans arrêt. Le concerto en sol majeur de Ravel, joué par un pianiste maudit et sublime, qui avait un toucher incroyable.


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