• Interview de Jacky (animateur de Jacky Lave Plus Propre sur IDF1)

    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    (Café Daguerre, le 23 juillet 2018)

    Interview de Jacky (23 juillet 2018)

    Baptiste et Gérald : Dans votre autobiographie "Dr Jacky et Mr Rock" (2007, Flammarion), vous semblez décrire une certaine fatigue à n'entendre que des questions sur votre participation au Club Dorothée, et pas sur le reste, « tout le reste » comme vous l'écrivez. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre parcours pour le moins atypique ?

    Jacky : Je ne regrette rien dans mon parcours. Toutes les émissions que j'ai animées ou auxquelles j'ai participé, je les adore. Le Club Dorothée, puisque c'est de cela qu'on parle, fait partie intégrante de mon œuvre. Quand on fait ce métier, je considère qu'il faut faire un maximum de choses différentes. Ce n'est pas donné à tout le monde. Et ils se trouve que j'ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m'ont donné l'occasion de faire toutes ces choses différentes. 

    B & G : Votre autobiographie aurait-elle pu s'intituler Au bon endroit, au bon moment

    J : Oui, mais j'ajouterais et avec les bonnes personnes

    B & G : Vous avez raconté que quand vous étiez adolescent, vous alliez souvent à Londres. Déjà cet intérêt pour la musique ? 

    J : Je suis né en 1948, j'ai 70 ans. Et à l'époque, dans les années 60 et 70 donc, ce n'était déjà pas bien compliqué de se rendre à Londres. En fait, je participais à des échanges : je me rendais chez des familles pour apprendre l'anglais, et les petits Anglais venaient chez moi pour apprendre le français,  ce n'est pas très extraordinaire ! Mais surtout, c'est de cette période et de ces séjours qu'est venue ma passion pour le rock. J'ai vu les Stones, les Kinks, les Who… Mon correspondant anglais était lui aussi fan de rock, on parlait beaucoup de musique, des vinyles qu'on achetait …

    B & G : Après le baccalauréat, vous faites une école de journalisme, et pourtant vous vous orientez plutôt vers les maisons de disques et le métier d'attaché de presse …

    J : Après l’école de journalisme, j'ai fait mon service militaire, enfin pas intégralement, seulement trois ou quatre mois, car j'ai été réformé ! Et en revenant, il fallait bien que je trouve un travail et je voulais que ce soit dans le rock, c'était ma seule certitude. Puis le hasard : chez un coiffeur, j'ai rencontré la femme de Serge Lama, Daisy Lama, qui était attachée de presse chez Philips. Je lui ai parlé de mes recherches de boulot et elle m'a dit que si elle entendait parler de quelque chose elle m'appellerait. Et deux mois plus tard, elle m'a appelé ! Un poste d'attaché de presse se libérait. C'était le directeur de la promo qui assurait le recrutement, j'ai eu un créneau pour un entretien. 

    B & G : Comment s'est déroulé cet entretien ? 

    J : Avant de vous raconter, il faut quand même préciser que j'avais une allure un peu spéciale : des longs cheveux, des colliers partout, des creepers que j'avais achetées à Londres. Louis Nucéra, le directeur de la promotion chez Philips, futur directeur littéraire chez Lattès, qui a aussi écrit plusieurs super livres, m'a reçu dans son bureau. Il est resté assis, à bosser ; je suis resté debout, j'attendais ses questions. Il a fini par m'en poser deux, avec son accent niçois : il m'a demandé tout d'abord si je parlais anglais, j'ai répondu « oui ». Et il m'a demandé si je connaissais des gens dans le show biz, j'ai répondu « personne ». Fin de l'entretien. Il m'a rappelé le lendemain chez moi : « Vous commencez quand vous voulez ! »

    B & G : Les premiers jours de travail se sont bien passés ? Quelles étaient, concrètement, vos missions ? 

    J : Le directeur de la promo ne s'intéressant qu'à Brassens et Nougaro, j'ai hérité de tout le reste du catalogue ! Et je suis devenu attaché de presse de Blondie, Cat Stevens, Bob Marley, King Crimson, Roxy Music, Elton John, Rod Stewart, Genesis, Van der Graaf Generator… J'allais travailler avec tous les groupes et artistes dont j'étais fan. J'avais 25 ans, je trouvais ça génial de les avoir en face de moi. Mais c'était un sacré boulot, il fallait beaucoup travailler. Roxy Music fait partie des premiers groupes dont je me suis occupé, ils étaient énormes, des poids lourds, ils venaient de faire l'Olympia… Et le métier était super : j'organisais les interviews, on emmenait dîner les groupes, on s'occupait d'eux !

    B & G : Il vous arrivait de parler musique avec les groupes dont vous vous occupiez ? 

    J : Ça dépend, il y avait des artistes qui étaient plus distants que d'autres. J'aimais bien Bryan Ferry avec qui je discutais beaucoup, Peter Gabriel quand il chantait avec Genesis. Robert Fripp également, de King Crimson, était sympa. Mais je pourrais aussi citer David Byrne des Talking Heads et Debbie Harry de Blondie.

    B & G : Vous vous êtes aussi occupé de Serge Gainsbourg et de Bob Marley… Pas trop compliqué de travailler avec ces deux monstres ?!

    J : Je me suis occupé de Gainsbourg pendant huit ans, et je n'ai pas trouvé ça difficile. Peut-être même, contrairement aux apparences et à l'image qu'il renvoyait, que c'était plutôt facile : il était très posé, poli, ponctuel… On a souvent eu de belles conversations sur la musique, quand je passais le prendre en voiture pour le conduire à des interviews, ou après des interviews. Quant à Bob Marley, je ne me suis jamais retrouvé en tête-à-tête avec lui, il débarquait toujours avec 50 personnes… Mais il était charmant. Il avait toujours trois heures de retard, il suffisait de l'anticiper. Cela se passait très bien. Et puis, il faut dire aussi que les journalistes de l'époque étaient très pros, préparaient bien leurs interviews. Mais on parle d'une période où la presse musicale faisait vendre. 

    B & G : Qu'est-ce-qui a le plus changé, à vos yeux, dans le monde de la musique et l'industrie du disque aujourd'hui ? 

    J : Internet, évidemment, a tout bouleversé. Tout est désormais numérisé. C'est comme ça, je m'adapte, ce n'est ni bien ni mal. Mais c'est vrai qu'à mon époque, on attendait la sortie d'un disque, on l'écoutait entre potes, plusieurs fois dans la même journée, on connaissait chaque accord. Maintenant on peut acheter des morceaux d'un album, seulement certains titres… La musique est peut-être un peu plus banalisée. L'écoute est moins solennelle. Mais c'est une question de génération, je ne reproche rien à personne ! Malgré le retour du vinyle, il y a quand même une chute des ventes de supports physiques. A titre personnel, j'adore les disques, j'adore les CDs, les pochettes, les photos, connaître les noms des musiciens … 

    B & G : Vous êtes collectionneur ? 

    J : Oui, je ne les ai pas comptés précisément, mais je dois avoir 6 ou 7 000 vinyles. 

    B & G : Si vous deviez n'en garder que quelques-uns, ce seraient lesquels ?

    J : Ah non surtout pas ça, je les garde tous ! Je les aime tous. 

    B & G : Votre fiche Wikipédia indique que vous avez été journaliste à Rock & Folk ...

    J : C'est complètement faux ! Ça aurait pu me plaire, mais personne ne me l'a proposé ! 

    B & G : En revanche, vous avez animé de nombreuses émissions de radio … 

    J : Oui sur Skyrock, pendant 3 ans, de 1986 à 1988, j'ai animé une émission qui s'appelait Où sont passées les caméras ? Et qui passait le week-end. C'était un entretien d'une heure. 

    B & G : On pense aussi aux émissions télé …

    J : Oui il y a eu Chorus, avec Antoine de Caunes, sur Antenne 2. Quand l'émission a commencé j'étais encore attaché de presse chez Philips, et je lui proposais les albums dont je m'occupais de la promo. Et puis on s'est lié d'amitié, et il m'a proposé de venir un samedi enregistrer une émission … On présentait Chorus depuis le toit de L'Empire, un théâtre avenue de Wagram qui a brûlé depuis. C'étaient 37 minutes de musique live, on a accueilli les plus gros groupes de l'époque : Police, Dire Straits, Joe Jackson, Elvis Costello, Generation X, les Stranglers, les Dogs, les Cramps, Talking Heads, les Ramones, les B-52’s, Dr Feelgood … Tous ces groupes m'ont profondément marqué. Je dis bien : tous, pas un plus qu'un autre. On formait un duo de présentateurs avec Antoine, sauf que j'étais muet ! Je l'embêtais, je le taquinais. C'était totalement novateur comme concept et ça fonctionnait bien. Après j'ai fait Les Enfants du Rock, toujours sur Antenne 2, et en même temps Platine 45.

    B & G : Quels artistes regrettez-vous de ne pas avoir reçus ? 

    J : Ce n'est pas un regret, car il était un peu inaccessible, mais je crois qu'Antoine et moi aurions beaucoup aimé recevoir Bruce Springsteen. On a interviewé Springsteen, mais il n'est jamais venu aux Enfants du Rock

    B & G : En même temps que Les Enfants du rock, vous animez donc Platine 45. 

    J : C'était une émission de clips vidéos très large, ça allait des choses très pointues à de la variété française. On passait de Desireless à The Stray Cats… On avait reçu Madonna, Taxi Girl, Jacno, ou Téléphone, mais on avait aussi Jean-Pierre Mader ! Ce grand écart est sans doute ce qui a fait le succès de l'émission. Et c'est peut-être une bonne illustration de ce qu'est la « pop ». On faisait le top 50 avant le top 50, sauf qu'il n'y avait pas de classement. 

    B & G : Le générique de Platine 45 a été composé par Jacno. Il avait composé ce morceau, « Roulette Russe », spécialement pour l'émission ?

    J : Oui tout à fait, c'était l'époque où il faisait « Rectangle », c'est dans le même style. J'aimais beaucoup Jacno, je l'avais vu assez tôt quand il était avec les Stinky Toys. Et puis Stéphane Sirkis, du groupe Indochine, nous a fait le deuxième générique.

    B & G : Vous avez donc été attaché de presse de maisons de disques, puis présentateur d'émissions musicales, mais vous avez aussi été chanteur … 

    J : Chanteur, c'est un bien grand mot ! Mais, c'est vrai qu'avec le morceau « Tétèou », avec Lio, sorti en 1983, on était au top 50 ! Encore une fois, ce morceau se situait entre un genre très indé et quelque chose de très pop … Et Lio elle-même incarne tout à fait cet aspect indé-pop. A cette époque, on se voyait souvent sur Platine 45. Elle vivait avec Alain Chamfort. On avait envie de faire une chanson, peut-être un duo. Et puis un jour Alain a trouvé le refrain, et moi j'ai contacté Boris Bergman, que j'avais connu quand j'étais l'attaché de presse de Bashung, pour qu'il nous fasse de jolies paroles.

    B & G : Qui vous donne envie de chanter, les Compagnons de la chanson ou les Beatles ?!

    J : Les deux ! Comment savez-vous que je suis fan des Compagnons ? [rires] C'est le premier boys band français… Mes parents aimaient bien les écouter… Mais je n'ai jamais voulu faire chanteur, j'ai enregistré quelques titres … C'était juste comme ça, pour m'amuser et parce qu'on me le proposait ! C'était plus une parenthèse ...

    B & G : Vous avez aussi fait le titre « Mon avion et moi », excellent morceau… 

    J : Oui c'est Arnold Turboust qui a fait la musique, et Etienne Daho s'est occupé des paroles. J'ai connu Etienne à Platine 45 où il a fait sa première télé. C'était la face B du disque "Le parleur des haut-parleurs" sorti chez AB en 1986. J'adore cette chanson. Turboust et Daho avaient déjà fait la face B de "Tétèou", « Cache-cache dans l'espace ».

    B & G : On retrouve aujourd'hui l'influence des années 80 chez de nombreux groupes français, vous y êtes sensible ? 

    J : Oui bien sûr, j'aime beaucoup de jeunes groupes français, que je reçois parfois dans mon émission sur IDF1 JLPP, ou avant dans JJDA. Mustang par exemple, ils sont venus deux fois, La Féline une fois, Eléphant aussi quelques fois. J'aime bien inviter des groupes indés. J'aime bien fouiller la presse musicale, et aller chercher ces groupes… Et puis on essaie de les mettre en valeur, de faire en sorte qu'ils puissent jouer un ou deux morceaux en live.

    B & G : On imagine que vous écoutez beaucoup de musique.

    J : Oui ça fait partie de mon univers. En bossant, en préparant mes interviews… Ce matin par exemple, avant de venir vous voir, j'écoutais un album des Talking Heads, le premier [ndlr Talking Heads: 77], parce que je pensais à David Byrne… J'aime beaucoup le dernier album de Chamfort aussi, Le Désordre des Choses, qui est sorti en avril dernier.


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  • Interview de Dorothée Hannequin (The Rodeo) pour la sortie du single "Ivre d'amour" le 1er juin 2018 et de l'album Thérianthropie Paradis le 14 septembre 2018. 

    Par Baptiste & Gérald Petitjean

    (Café de l'Industrie, 10 juillet 2018)

    Baptiste & Gérald : Il y a, une fois n’est pas coutume, de grandes évolutions entre ton dernier album, La Musica del Diavolo, et ton nouvel album à paraître Thérianthropie Paradis, dont on a pu entendre le premier single « Ivre d’amour »… 

    Dorothée Hannequin : Le choix de la langue est évidemment le premier changement. Tu ne chantes pas pareil en français qu’en anglais y compris dans le choix des textes et dans les thèmes, c’est complètement différent. Ce nouvel album est moins joyeux. Le disque fonctionne un peu en clair-obscur : on commence par un son assez enjoué, très rythmé,  puis on passe à quelque chose de plus noir au fur et à mesure des morceaux. D’où le titre « Thérianthropie Paradis » (« Thérianthropie » = transformation d’un être humain en animal). Deuxième chose, sur le précédent album, j’avais fait une amorce de morceaux composés au piano, mais sur le prochain, la plupart des chansons ont été écrites au piano, deux seulement à la guitare. Cela change beaucoup de choses, en termes de richesse d’accords et d’arrangements potentiels. On a voulu aussi mettre une pincée de modernité à certains endroits, que ce soit à travers des boites à rythmes, des arpeggiators, des voix légèrement trafiquées… 

    B&G : Revenons au choix de la langue d’écriture : tu avais très peu de morceaux en français auparavant – on peut citer « Fantôme de tes pas » et « La Notte » -, qu’est-ce-qui a motivé ce changement ? 

    DH : J’ai voulu me fixer un challenge. Créer des chansons avec des textes plus réalistes qui me ressemblent davantage. Je me suis amusé à faire pas mal d’allitérations, varier le nombre de pieds, ne pas faire des rimes en permanence, souvent le piège du français. Et puis il y a une démocratisation du français aujourd’hui sur une musique exigeante, souvent d’inspiration anglo-saxonne. Je me suis sentie appelée, en quelque sorte, par cette belle écriture. J’ai entendu à la radio il y a peu de temps la chanson « Etonnez-moi, Benoit » de François Hardy, les textes sont divinement bien écrits et pourtant les mots sont très simples. Malgré tout, je précise à ce stade que j’ai des grosses lacunes en « chanson française », j’en écoute très peu. Quand on me dit que « Ivre d’amour » rappelle Michel Berger et France Gall, ça me fait plaisir, mais je connais très mal ces artistes. D’ailleurs, au niveau musical, je me suis plus inspirée de la pop européenne des années 60-70 (ABBA, Mina, Jeannette…) l’époque, ce n’était pas juste trois accords qui tournent sur une boite à rythmes. 

    B&G : Et le passage à l’écriture en français s’est fait facilement ?

    DH : Ça a été dur, j’ai peiné ! La sonorité des mots n’est pas la même et je tenais à mettre des mots qui ne sont pas souvent mis en musique, encore un challenge ! Sur le titre « Fantôme de tes pas », j’avais mis le mot « ingurgiter ». Là j’ai mis les mots « entrelacs », « mordorés », « candélabre »… 

    B&G : Cette démarche fait clairement référence au mouvement surréaliste, et notamment aux dadaïstes. D’ailleurs un de tes morceaux s’appelle « Cadavre exquis »… 

    DH : C’est en quelque sorte un jeu qui me permet d’ailleurs de m’extraire de la pesanteur de l’écriture en français, de la référence aux grands auteurs… 

    B&G : Les différents morceaux de l’album ont dû surgir assez rapidement alors ? 

    DH : Le premier morceau que j’ai composé  est « Cher ami », qui sert en quelque sorte de pont avec l’album précédent, très folk, très épuré. « Ivre d’amour », le single, est venu de manière très limpide, je me suis mise au piano, et la composition s’est faite tout naturellement, avec un côté « Hotel California » Vs Blonde Redhead, un de mes groupes préférés. Mathieu Geghre aux claviers m’a aidé à arranger, c’est lui qui m’a proposé l’arpeggiator, qui est assez envoûtant au final. « Pour que ma mémoire vive », vient d’un article scientifique dans lequel on apprenait qu’un chercheur, canadien il me semble, a inventé un médicament pour effacer certaines parties de la mémoire, comme les traumatismes post-attentats... Pour moi, les éléments traumatiques font partie de l’histoire de chacun, de la construction d’une personne…Ce morceau est donc une réflexion sur le fait qu’aujourd’hui on est constamment dans le positivisme. On nous pousse à donner le meilleur de nous même en permanence. De même, le morceau « Cryogénie » vient d’un fait d’actualité dont j’avais entendu parler, une jeune fille qui allait mourir d’une maladie incurable et  qui avait demandé à ses parents de se faire cryogéniser. J’ai trouvé cela fascinant.  Enfin, j’ai écrit « Candélabre » avec Laurent Blot en trois heures, dans son local de répèt’. Bon, y’a eu un peu de travail ensuite, mais l’essentiel a été fait rapidement. 

    B&G : Quelle a été la réaction de tes musiciens quand ils ont découvert tes nouvelles compositions ?

    DH : Je crois qu’ils ont été agréablement surpris et mon entourage a vraiment vu le changement. Ils trouvaient que cela m’allait bien, comme s’ils s’attendaient à ce que je fasse cela un jour. Et puis j’ai décidé de prendre une tonalité plus haute – troisième challenge ! -, certains ne reconnaissent même pas ma voix. J’ai le sentiment aussi d’avoir eu plus de retours suite à la sorte du single « Ivre d’amour » : malgré les arrangements, les nouveaux morceaux sont sans doute plus accessibles. 

    B&G : On reconnait Jo Wedin dans les chœurs sur l’album…

    DH :  Jo est une super chanteuse, elle a une magnifique voix jazzy, beaucoup de coffre et elle est toujours juste. Sur « Cryogénie » on entend beaucoup sa voix, on ne l’a pas sous-mixée, on a voulu la mettre en avant. On se connait depuis plus de dix ans elle et moi, quand elle travaillait sur son projet Mai. J’en profite aussi pour dire que j’aime beaucoup le duo qu’elle forme avec Jean Felzine, sans parler de Mustang dont j’aime les morceaux, Felzine fait partie des meilleurs auteurs rock en France, il manie les mots comme personne. 

    B&G : On a le sentiment que cet album s’inscrit plus dans la recherche de la pop song parfaite…, qu’en penses-tu ? 

    Pendant longtemps j’ai cherché à déconstruire les chansons, les rendre bizarres alors qu’écrire une chanson pop est bien plus difficile. J’ai baigné dans la musique de Bowie, des Beatles, la Motown… En termes de pop song on est pas mal avec eux ! Et puis aujourd’hui, même si cela me parle moins, il y a des choses imparables, du RnB, de la dance, de l’électro… Comment ne pas aimer « Chandelier » de Sia? C’est génial de créer quelque chose que tout le monde peut fredonner. J’aime aussi l’idée d’avoir la possibilité d’écrire des morceaux intemporels, qui ne se démodent jamais, des classiques à ma mini échelle.

    B&G : Quel est ton Top 5 des albums/morceaux/concerts qui t’ont marqué depuis le début de l’année 2018 ?

    « Corazon de poeta » - Jeannette

    « Guardami negli occhi » - Ennio Morricone

    « Some girl » - Goldlink

    « City music » - Kevin Morby

    Nick Cave & The bad seeds @ All Points East Festival

     

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    Single « Ivre d’amour » sorti le 1er juin 2018.

     

    Date de sortie de l’album Thérianthropie Paradis : 14 septembre 2018


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  • - Nicolas Vidal : Bleu piscine

    - Tahiti 80 : Sound museum

    - Johnny Marr : Day in day out

    - The Vapour Trails : You, with love

    - The Rogue Waves : Boom zap kapow

    - En Attendant Ana : The violence inside

    - Requin Chagrin : Mauvais présage

    - Triptides : Flashing before your eyes

    - Marc Desse : Petite fille, p'tite misère

    - Alice et Moi : Filme moi

    - Cake : I will survive


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  • - Johnny Marr : Hi Hello

    - Theo Lawrence & The Hearts : Heaven to me

    - Jo Wedin & Jean Felzine : Femme de chambre

    - Entracte Twist : Hors Service

    - Donald Pierre : Trésor

    - Tahiti 80 : Let me be your story

    - Hugo : Drive

    - Montclair : You & I

    - The Blue Herons & Thierry Haliniak : All i keep inside

    - FILAGO : Rabbit Hutch

    - I Can Fly : Deep impact

    - HVNGR : Furthest winter

    - Margot Cotten & The Bee's Knees : Feel no shame

    - The Rodeo : Ivre d'amour


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  • Interview de Donald Pierre (Romain Guerret), pour la sortie de son single (Elle est partie) Ma panthère en mars 2018

    Par Baptiste & Gérald Petitjean

    (Café de l'Industrie, 24 mai 2018)

    Romain Guerret, aka Donald Pierre et non plus Dondolo, leader du groupe Aline, m'attend sagement en plein cagnard à la terrasse du Café de l'Industrie. Il se montre sous ses plus beaux atours : lunettes de soleil rondes, sneakers à LED (désactivées ce jour pour économiser la pile), et T-Shirt blanc vite transformé en marcel puisqu'il en a très largement retroussé les manches. Un entretien pour adultes.

    Baptiste et Gérald : Pourquoi ne pas avoir continué sous le pseudo Dondolo, bien connu des plus sectaires ?

    Donald Pierre : En réalité, avant de m'appeler Dondolo, je faisais de la musique en tant que Donald. Mais je n'ai pas pu m'inscrire à la Sacem sous ce nom-là… J'ai donc abandonné Donald, et j'ai trouvé ce nom qui y ressemblait, Dondolo. Dondolare en italien, ça veut dire « je swingue », « je me balance », je trouvais que cela sonnait bien. Et puis quand j'ai relancé mon projet solo, j'ai pas eu envie d'avoir le sentiment de revenir en arrière et de reprendre Dondolo, surtout que ça n'avait pas hyper bien marché non plus ! Très peu de gens connaissent. Et j'aime beaucoup Donald Pierre, d'abord parce que ce sont mes deuxième et troisième prénoms, et puis parce que c'est un peu farfelu. Et tu as Trump qui est arrivé… !

    B&G : Sur le style, on a tout de même de grosses différences entre Dondolo et Donald Pierre...

    DP : Donald Pierre se situe en quelque sorte entre Aline et Dondolo. C'est plus personnel aussi. Les sons utilisés sont plus synthétiques. Les morceaux de Donald Pierre ressemblent aux premiers Dondolo, en moins éparpillés. J'ai plus de bouteille aussi…

    B&G : Elctro-pop, disco-pop, pop love… Il y a une étiquette qui te conviendrait ?

    DP : Il faut conserver pop, c'est évident. C'est plus synthétique qu'Aline. Mais tout n'est pas électronique, il y a quand même de la guitare, de la basse. Il y a un côté variété très assumé aussi. Variété-pop peut-être. J'ai eu beaucoup de mal à définir le style lors du lancement des premiers morceaux. Ce que je sais, c'est que j'aimerais être le chaînon manquant entre Michel Delpech et Daft Punk, tu vois le grand écart !

    B&G : On ressent bien, justement, dans ta reprise de Michel Polnareff, Rosy, ce chant à la Delpech...

    DP : Ce n'est pas recherché du tout, le truc c'est que j'ai la même tessiture vocale que Delpech, et les mêmes inflexions de voix. Je peux chanter toutes ses chansons, elles sont toutes dans ma tonalité ! Même s'il ne fait pas partie des artistes que j'écoute tout le temps, j'aime bien ses morceaux. Concernant la reprise de Polnareff, c'est Jean Felzine [ndlr : Mustang, Jo Wedin & Jean Felzine] qui m'a fait découvrir le morceau. Ma version est évidemment moins baroque et pop que l'originale. J'adore Polnareff, Âme câline fait partie de mes morceaux préférés. On l'a d'ailleurs croisé à Bruxelles pendant l'enregistrement du dernier Aline, « La Vie Électrique », il était dans notre hôtel. Il avait privatisé la piscine, on était dégoûtés...

    B&G : Sur les thèmes de tes morceaux, c'est très varié : aventures romanesques ((Elle est partie) Ma panthère),  perspectives situationnistes ou surréalistes (Un soir au Fulgor)…

    DP : Un soir au Fulgor a été co-écrit avec Jean Golo, avec des emprunts de la Brigandine ! J'avais la musique, et je voulais un texte parlé à la Jean-François Maurice.D'ailleurs, je veux être le chaînon manquant entre Jean-François Maurice et Daft Punk, mais comme personne ne le connaît, je l'ai remplacé par Michel Delpech. On a emprunté quelques phrases à des livres issus des éditions de la Brigandine et sa collection de polars érotiques. Fulgor est le nom du héros d'un de ces livres, et j'en ai fait le nom du bar. De fil en aiguille, et de verre de rosé en verre de rosé, on est arrivés sur cette histoire de type qui arrive à Paris, il attend un rendez-vous qui a du retard, il lit un livre pour patienter, il regarde les gens autour de lui, qui piaillent, qui boivent… Et là il voit dans le bar d'en face un fille qui est comme lui tout seul, ils se regardent… On ne sait pas vraiment s'ils finissent par partir ensemble, mais la connexion est faite. Ce morceau veut mettre en scène deux personnes qui sont fatigué du monde moderne, de ses aléas, des portables, des réseaux sociaux. Ce sont des gens qui s'ennuient dans la société contemporaine. On est sur du Debord light! 

    B&G : On a le sentiment d'un paradoxe entre le côté léger et dansant des compos, et les fondements très référencés de certains textes.

    DP : C'est vrai que j'ai envie d'insuffler à ces morceaux d'apparence gaie et farfelue un peu de fond. J'aime bien parler de la société de manière légère, mais c'est très difficile de le faire sans être lourd, didactique, critique… Je ne veux pas tomber dans une posture de niaiserie non plus. Je préfère l’ambiguïté. Je veux que mes morceaux restent adultes, malgré la légèreté…

    B&G : Tu as dit dans une interview que certaines personnes pouvaient trouver tes morceaux un peu « tarte ». Cela t'agace ?

    DP : Non. Ce qui m'énerve c'est la fainéantise de certains qui ne s'arrêtent qu'aux apparences de mes morceaux, et qui ne saisissent pas les différents degrés d'écriture et de compo. Ou bien les gens qui disent que ce que je fais est « comique », ou « drôle »… Non je ne fais pas des sketches. Même si cela paraît léger, l'histoire que raconte Ma panthère n'est pas drôle : les deux protagonistes souffrent. En revanche, je veux bien qu'on me dise que c'est une rengaine. Ce morceau est un peu une scie ! C'est une friandise, tu peux la consommer jusqu'à l’écœurement. Comme un morceau de variété.

    B&G : Tes lives ont ce côté très entraînant justement...

    DP : J'ai envie que les gens dansent et s'amusent. J'ai aussi envie d'emmener mes concerts vers de la performance. On essaie en ce moment, avec Jérémy Monteiro et la danseuses qui fait les concerts avec nous, de théâtraliser les concerts. On veut qu'il y ait de l'acting, de la pêche. Un côté « 1, 2, 3, 4 » et on balance !

    B&G : Cela nous rappelle le dernier morceau du dernier Aline, Promis, juré, craché… T'en as vraiment marre du rock ?

    DP : Au moment où j'ai écrit ce morceau, j'étais justement dans cette phase où je voulais revenir à quelque chose de plus synthétique, à ce que je fais maintenant finalement. Mais ce n'était pas vraiment conscient. J'avais envie d'un truc très brut à la Ramones, on adorait le jouer. A la base, je voulais que ce soit un morceau un peu cliché sur le rock, y aller à fond. Du coup, je suis un peu déçu du résultat car il est un peu trop premier degré au niveau de la prod';. On aurait dû faire une prod’ un peu plus maligne qui s'accorde mieux avec le message.

    B&G : Yann Wagner, Jo Wedin & Jean Felzine, Baptiste Pelsy… plusieurs personnes ont participé à l'enregistrement des morceaux de Donald Pierre. La French Pop est une grande famille ?

    DP : Aline fait partie, en schématisant, de la première vague, avec Lescop, La Femme, Marc Desse, Mustang… Vu qu'on était pas très nombreux, on s'est vite croisés, et on s'est bien entendus. Sans faire la même musique ni l'interpréter de la même façon, on a beaucoup de références communes.

     

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    Discographie : Single «(Elle est partie) Ma panthère » (mars 2018) 

    Agenda concerts : le 15 juin, au Pop Up du Label ; le 21 septembre au Supersonic.


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