• Interview de Céline Tolosa (2 octobre 2018)

    Interview de Céline Tolosa

    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    Interview de Céline Tolosa (2 octobre 2018)

    Baptiste & Gérald : Vendredi Soir est ton deuxième Ep, après Cover Girl sorti en mai 2015. Pourquoi ne pas avoir opté pour un album sur cette sortie ?

    Céline Tolosa : On a mis beaucoup de temps à réaliser ce deuxième Ep, et en définitive on aurait eu la possibilité de faire un album dans la mesure où on ne s’arrête jamais d’écrire et de composer, avec Dino Trifunovic, qui a réalisé ces deux disques. Mais le format court, le format Ep, me convient plutôt bien, car il permet de passer des messages de manière plus clair à mon sens, et il permet d'opérer des virages plus subtils, des changements de couleur plus fins, d'une sortie à l'autre. En l’occurrence, entre les deux Eps en question, le style a légèrement évolué, ce qui était principalement dû à l’utilisation de nouveaux instruments et donc de nouvelles sonorités. Et puis le format Ep convient bien à la pop en général je pense, car je doute du fait que beaucoup de monde de nos jours prenne le temps d'écouter une douzaine de titres… Un Ep est intense, direct. C'est un peu comme un court-métrage. Le premier Ep est un peu comme ma carte de visite par exemple.

    B&G : Peux-tu décrire l'évolution qui t'a fait passer du premier au deuxième Ep ?

    CT : Je suis toujours très imprégnée de la musique pop des 60s, mais j'arrive gentiment aux 70s et surtout aux sonorités des années 80. J'ai beaucoup écouté Daho, Lio, Niagara, Taxi Girl, Elli & Jacno… Les sons de synthé que j'aime beaucoup aujourd'hui avaient tendance à m'agacer auparavant, je les trouvais pauvres, un peu simplistes. Et j’ai changé d’avis ! cela m'a donné envie de les utiliser, de jouer avec, de changer de couleur. Et puis on a intégré le rhodes dans cet Ep, un instrument très jazz, qui apporte un côté plus suave, et qui me renvoie à mes premiers émois musicaux.

     

     

    Les événements de novembre 2015 ont peut-être influencé un peu ce changement. Avec Dino, nous travaillions dans un studio juste à côté du Bataclan, et après cela je n'ai plus eu envie de faire de la pop acidulée, très colorée, qui faisait penser à l'univers du réalisateur Jacques Demy. J'ai voulu passer à autre chose. Je travaille toujours beaucoup les mélodies, mais mes textes actuels, toujours mélancoliques sans tomber dans la tristesse, sont un peu plus désabusés. Disons que la fête est finie ! Paris n'est pas une fête mais ça n'empêche pas de s'amuser…

    B&G : Il y a un deuxième âge d'or des filles dans la vague French Pop actuelle, on pense à Cléa Vincent, Alexia Gredy, Victorine, et bien d'autres, qui rappelle la période faste des Lio, Mikado, Regrets…

    CT : C'est un vrai putsch féminin ! J'aime beaucoup Cléa Vincent, en plus je lui ai emprunté son batteur sur mon Ep ! Je l'admire vraiment : elle a énormément travaillé. Peut-être que c'est elle qui a ouvert la voie à d'autres filles, comme Juliette Armanet, Clara Luciani, qui ne sont pas des débutantes, loin de là. En ce qui me concerne, c'est la même chose, j'ai 33 ans, j'ai mis du temps à réfléchir mon projet musical. Et puis il faut en vouloir, sinon rien n'arrive ! Le talent ne suffit pas, il faut bosser.

    B&G : Mention spéciale pour les choeurs sur ton Ep que l'on a trouvé très travaillés…

    CT : Oui c'était très important pour moi d'avoir des choeurs qui donnent une profondeur à chacun des morceaux, qui peignent le décor de chaque chanson, et qui donnent d'ailleurs souvent une impression légèrement fantomatique comme sur Les Beaux Garçons. L’harmonie, la polyphonie c’est très important à mes yeux. J’ai adoré chanter en choeur, je l'ai fait tous les après-midi quand j'étais enfant, en parallèle du Conservatoire de Paris et des cours de piano. Je regrette de n'avoir pas assez travaillé cet instrument, car j'arrive à composer au piano mais je ne suis pas très à l'aise… En En tout cas, je fais très attention aux choeurs, c'est un instrument supplémentaire, ils permettent d'habiller une mélodie, d’intensifier une phrase, un mot.

    B&G : On dit souvent que les chansons d'Aznavour, qui vient de nous quitter, étaient des films, tant les histoires qu'il racontait sautaient aux yeux. Tu t'inscris un peu dans cette démarche non ?

    CT : J'ai eu des ambitions dans la comédie quand j'étais plus jeune, ma mère est comédienne, mon père faisait des décors… Je suis très cinéphile. Cela m'a nourri, tout au long de ma vie. Et puis en écoutant les histoires des autres et en les observant, on s'inspire beaucoup, beaucoup plus qu'en se regardant le nombril. Le fait de dire « il » ou « elle » dans une chanson permet de prendre de la distance en inventant un personnage, même si l'on peut incorporer beaucoup « de soi ». Et puis l’auditeur reçoit le morceau de manière plus rapide, c'est immédiat. « Vendredi Soir » est une bonne illustration de cette conception. J'en reviens au cinéma : j'aime bien glisser des titres de films dans mes chansons, c’est un clin d’œil à moi-même et à ceux qui saisiront la référence. La Mariée était en noir par exemple, dans « Vendredi Soir ». Je suis une fan de Truffaut, depuis que j'ai vu La Peau douce alors que j’étais encore petite, ce film reste mon préféré. Et puis je suis très sensible aux musiques de films, c'est très important. Je pense à Philippe Sarde et à ses compositions magnifiques pour les films de Claude Sautet…

    B&G Tu reprends une chanson d'Alain Souchon sur ton Ep, « L'Amour en fuite », qui est au générique d'un autre film de Truffaut, L'Amour en fuite. Le cinéma n'est jamais très loin !

    CT : En revoyant ce film, et le générique, je suis tombée amoureuse de cette chanson. Je ne la connaissais pas, alors que j'adore Souchon, ses mélodies, ses textes, très poétiques… On a beaucoup transformé ce morceau pour l'Ep.

    B&G : Tu te souviens de ton premier concert ?

    CT : Eh bien justement il a eu lieu dans un cinéma, le Nouveau Latina, c'était en 2014, à l'occasion d'une projection du film Le Mépris, de Jean-Luc Godart. C'était un petit set, 5 morceaux je crois. J'étais mortifiée, mais aussi assez grisée, et sidérée de constater que les gens écoutaient et que mes chansons pouvaient plaire. Ils m'ont demandé à la fin s'il y avait des Cds à acheter, un site internet… Il n'y avait rien !

    B&G : On passe à la traditionnelle interview Dernier coup. Dernier coup de rouge ?

    CT : Hier soir !

    B&G : Dernier coup de cœur ?

    CT : L'album Image au Mur de Grand Blanc, et le dernier de The Rodeo, Thérianthropie Paradis qui vient de sortir.

    B&G : Dernier coup de gueule ?

    CT : Ma voisine. Qui m'a réveillé samedi dernier à 7h du matin…

     

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          - Discographie : Ep Vendredi Soir (5 octobre 2018), Ep Cover Girl (4 mai 2015)

     

    Agenda concerts : Release Party le 6 octobre, à l'International


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