• Interview de Juliette Heilmann et Paul Braillard du groupe X&Y, pour la sortie de leur premier EP "The Miracle Of ..."
    12 novembre 2015 - Pop In.
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.
    Photos d'Olivier REBECQ.

    Interview de X&Y, 12 novembre 2015

    Baptiste & Gérald : Racontez-nous un peu vos histoires personnelles et les moments charnières qui vous ont donné envie de faire la musique et de créer ce groupe X&Y...
    Paul Braillard (guitare, chant) : Nous sommes de deux générations différentes, Juliette et moi, mais nous avons commencé à faire sérieusement de la musique au même moment, il y a six ans. Nous nous sommes rencontrés via un groupe de reprises qui d'ailleurs a fini par s'appeler « Y » [à prononcer en anglais], ce qui donne un indice sur le nom du groupe aujourd'hui. Juliette faisait déjà partie de ce projet musical le jour où j'ai été auditionné pour en devenir le chanteur. Je me souviens que j'avais dû chanter Crying Lightning des Artic Monkeys. Reptilia des Strokes aussi. C'était très pop rock. Plus tard, je me souviens que Juliette m'a envoyé un message dans lequel elle m'annonçait qu'on allait reprendre Paranoid Android de Radiohead. C'était un pari osé…
    Juliette Heilmann (guitare) : … Mais on a réussi à sortir quelque chose qui nous ressemblait! (rires)
    PB : A cette époque on aimait bien revisiter des classiques, utiliser de l'existant comme un point de départ. On avait complètement déstructuré Smells Like Teen Spirit de Nirvana avec des accords complètement barrés…
    JH : Oui je me souviens surtout du final : tu tapais sur le clavier comme un fou, c'était sympa. Le morceau montait tout doucement en intensité, et à la fin c'était une grande explosion. L'idée, en tout cas pour certains morceaux, c'était vraiment de déconstruire la chanson pour se l'approprier.
    PB : Bref on faisait des reprises, mais, mine de rien, on s'essayait déjà à l'arrangement et la compo. Au bout de 2 ans, le groupe a fini par se séparer, justement quand on a voulu se concentrer sur la composition. On s'est retrouvés juste tous les deux avec Juliette. On a écrit pas mal de morceaux qu'on jouait en duo acoustique dans des bars pendant 2 ans encore… Et puis l'an dernier, on s'est dit que ces chansons méritaient d'être portées par un groupe.
    JH : Quand j'ai rencontré Paul j'étais à l'American School of Modern Music. Paul se formait dans son coin, en autodidacte, puis il a rejoint cette école. C'est un établissement très axé sur le jazz, donc pas forcément notre domaine de prédilection, mais qui sensibilise véritablement à l'improvisation et à l'arrangement, et qui a aussi le mérite de te faire interagir avec beaucoup de musiciens. On a tout naturellement rencontré deux personnes avec lesquelles on s’entendait bien, et qui ont su mettre leur patte dans le projet, avec des univers différents mais complémentaires : Pablo Ramirez à la batterie, et Sacha Leroy à la basse. Grâce à eux, le puzzle est complet maintenant!
    Pour l'histoire du nom de groupe… Quand on s'était retrouvé à deux, on voulait trouver un nom qui reprenait l'idée "Y" mais en évoquant notre duo, du coup « X&Y » nous est vite apparu comme une évidence. On aimait bien comment ça sonnait. On peut y voir ce qu'on veut, un homme - une femme, deux générations, les chromosomes, le début (ou la fin?) d'une histoire… Même si nous sommes quatre désormais on garde ce nom, on s'y est habitué!

    B&G : Et justement, il faut prononcer « X&Y » à l'anglaise. Cela peut se justifier par le fait que les paroles de vos morceaux sont en anglais. L'écriture en français vous intéresse-t-elle moins ?
    PB : Je n'ai pas vraiment choisi d'écrire les textes en anglais à vrai dire… Je ne me suis jamais posé la question : quand j'écrivais des paroles, c'était l'anglais qui me venait immédiatement. Comment l'expliquer ? 95 % de ce que j'écoute est en anglais. Ceci dit une petite partie de moi a envie d'écrire en français. Mais cela viendra à un moment sans que la question n'ait à se poser. Cela se fera aussi naturellement, je l'espère, que l'écriture en anglais aujourd'hui. J'ai quelques chansons en français sous le coude, mais elles ne correspondent pas à X&Y.

    B&G : Quels ont été vos premiers émois musicaux, et les groupes qui vous ont le plus influencés ?
    JH : Mon premier émoi significatif, c'est sans aucun doute Pink Floyd. Quand j'étais ado, ils m'ont littéralement obsédée : c'est le premier groupe dont j'ai écouté tous les albums, en long, en large et en travers ! C'est venu en même temps que mes premiers essais à la guitare. Ce qui me marquait le plus c'était leur son global, et en particulier celui de Gilmour. Ils pouvaient composer des mélodies très faciles à entendre et à retenir et en même temps s'évader dans des parties instrumentales plus osées et plus fouillées. Cet équilibre est une chose que j'admire. Et puis, en grandissant, je me suis rapproché des 90’s et des années 2000 : de Nirvana aux Arctic Monkeys, de Portishead à Radiohead. Paul m'a aussi fait découvrir la discographie de Blur que je connaissais peu, et d'autres groupes britpop comme Pulp.
    PB : Les chansons « triptyques » nous fascinent en fait. On avait tendance à donner un peu trop là-dedans au début : on commençait avec une mélodie, et puis le morceau pouvait partir très loin, parfois même un peu dans tous les sens. On a cadré nos compositions avec le temps, en essayant de trouver l'équilibre entre notre goût pour la musique efficace, qui parle à tout le monde, et l'envie de s'évader à travers des parties plus planantes… Il y a aussi des groupes plus actuels, qu'on admire beaucoup, par exemple The Antlers, qui possède à la fois cette ambivalence pop et musique plus planante. On suit beaucoup aussi ce qui se passe sur la scène post-rock : Godspeed You! Black Emperor par exemple, qui arrive très bien à imposer une ambiance. Leur musique nous parle énormément. On peut se retrouver à jammer à la maison dans cet esprit-là…
    JH : … le même accord qui tourne, et qui va finalement prendre une ampleur inédite. On peut se permettre ce genre de délire quand on veut, à n'importe quelle heure, sans déranger personne car nous avons une petite pièce insonorisée à domicile, avec tous nos instruments.

    G : L'EP que vous venez de sortir, « The Miracle Of... » pourrait se découper en deux parties : on retrouve l'influence Pink Floyd pour les deux premiers morceaux de votre EP, et l'influence Radiohead pour les deux derniers…
    JH : Cela me paraît cohérent de voir cet EP "coupé" en deux. Je dirais tout de même qu'il y a une influence Arctic Monkeys sur les deux premiers morceaux.
    PB : Le troisième morceau, The Right Way, est une de nos compositions les plus anciennes, d'où l'influence évidente de Radiohead. Et sur le dernier morceau, Breath in/out, on peut aussi évoquer le groupe de rock américain Spain si l'on veut trouver des ressemblances… En tout cas c'était la couleur que je recherchais quand j'ai commencé à écrire la chanson, à la limite du jazz club, avec des sons un peu traînants. On imagine bien un rideau de velours…

    G : Le groupe Spain a joué ici, au Pop In ...
    JH : On a joué dans une salle où Spain a joué ? Trop classe !
    PB : Ce morceau me fait aussi penser à Low, dans le genre slowcore.

    B&G : En fait une musique très simple, très peu de notes. Basse, batterie, chant, guitare avec un minimum de notes et d'effets. Rythme assez lent, bien deep !
    PB : Oui… Globalement ce premier EP a un côté catchy assumé, mais le second tirera plus sur nos influences sub, avec des ambiances parfois plus complexes.

    B&G : Le choix des chansons, dans la mesure où il s'agit de votre premier EP, n'est évidemment pas dû au hasard. Pouvez-vous nous dire ce que chacune représente pour vous ?
    PB : On voulait avoir un panel assez large même si ce sont les chansons les plus "simples" de notre répertoire: l'EP commence avec The Miracle Of Hell, qui est plutôt rock, tout comme Everything Will Be Alright, plus pop encore. Pour Miracle, elle est apparue il y a un ou deux ans, alors qu'on avait suffisamment de morceaux. Mais on voulait ce morceau efficace. On a décidé de se bloquer une nuit pour l'écrire. La plus longue de l'année, celle du 21 décembre. On a commencé à bosser au coucher du soleil et on a arrêté quand il s'est levé ! On s'était fixé ce challenge et voilà Miracle était là. Pour ce qui est du reste du disque c'est une sorte de descente, un retour au calme en quelque sorte.
    JH : Breath In/Out le dernier morceau est celui qui a provoqué, selon moi, la meilleure expérience lors de l'enregistrement : on l'a fait en live. A l'écoute, je pense que cela s'entend : on est davantage en osmose, on s'écoute plus les uns les autres. Il y avait aussi une part d'inconnu qui m'a beaucoup plu. J'aimerais bien qu'on laisse plus de place à ce type d'enregistrement pour le prochain CD, quitte à passer un peu plus de temps en studio : on se donne la chance d'avoir des imprévus.

    Interview de X&Y, 12 novembre 2015

    B&G : Quel est votre programme pour cette fin d'année 2015 ? On pourra venir vous voir en concert ?
    PB : On a fait quelques changements au niveau de la line-up, la personne qui assurait la deuxième guitare a quitté le groupe. Du coup, je récupère une guitare, et depuis notre dernier live, un mois en gros, nous retravaillons les arrangements en groupe. L'idée est de redéfinir un peu le son du live et de revenir à une formation classique rock : guitares, basse, batterie, chant. On va éprouver ce nouveau schéma début décembre avec deux concerts dans le Nord-Est, à Sedan au Ba-Rock Café le 5 décembre, puis le 6 décembre au No Man's Land à Volmerange-Les-Mines, près du Luxembourg. On va reprendre les dates parisiennes en janvier 2016, et repartir au plus tôt en studio pour enregistrer ce qu'on appelle la deuxième partie de l'album.
    JH : Je ne sais pas si on appellera cette deuxième publication premier album ou deuxième EP, car elle comportera huit ou neuf chansons… Peut-être un long EP !
    PB : On prévoit aussi une petite surprise, sous forme de clip.
    JH : On cherche aussi des festivals où on pourrait jouer l'été prochain, ce serait super de tourner pendant deux à trois semaines sans interruption.

    B&G : Qu'est-ce-que vous écoutez en ce moment ?
    JH : J'ai découvert récemment un groupe un peu math rock, Battles, où on retrouve des métriques un peu bizarres. Mogwai aussi, une musique bien planante. J'écoute le dernier Villagers en boucle. Et, pour les citer encore : Godspeed You !
    PB : J'ai adoré le dernier Blur, même s'ils ont toujours cet écueil de faire des albums un poil trop longs à mon goût. Plus récemment, j'écoute pas mal de groupes « ambient », comme A Winged Victory For The Sullen, Grouper, Clem Leek… J'écoute aussi pas mal John Grant. Et Tame Impala, même si je me lasse un petit peu du dernier album finalement...
    JH : J'adore Tame Impala, mais sur  « Currents », il y a un truc qui me gêne, sans trop savoir quoi. Peut-être ce virage électro qui leur enlève quelque chose selon moi…

    B&G : On arrive à la traditionnelle interview "Dernier Coup", on commence avec votre dernier coup de cœur ?
    JH : Je suis allée dans un super restaurant avec une copine. Le resto s'appelle Puce et se trouve à Pigalle. On s'est régalé.
    PB : Le triplé de Lacazette contre Saint-É.

    B&G : Dernier coup dur ?
    JH : Notre appart' est complètement mal rangé et sale, j'en ai repris conscience ce matin… En même temps, c'est pas vraiment le dernier coup dur, ça fait longtemps que c'est comme ça ! (rires)
    PB : Pareil. Y'a des cartons partout. On a reçu du nouveau matériel de musique…

    B&G : Dernier coup de gueule ?
    JH : « Il faut ranger cet appart' ! », c'est lié au coup dur !

    B&G : Dernier coup de rouge ?
    JH : Hier soir. Un cubi Monoprix, du Corbières. On le conseille !

    Prochain concert de X&Y le jeudi 7 janvier à l'Olympic Café (20, rue Léon, 75018 Paris). Toutes les infos sont disponibles sur l'événement Facebook suivant : https://www.facebook.com/events/1088647914502871/

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  • Best of 2015 : albums, EP, singles, livres, films

    Albums :
     - Aline, "La vie électrique"
     - H Burns, "Night moves"
     - Motorama, "Poverty"
     - Baden Baden, "Mille éclairs"
     - Sacri Cuori, "Delone"
     - Triptides, "Azur"
     - Summer Fiction, "Himalaya"
     - Requin Chagrin, "Requin chagrin"
     - The Rodeo, "La Musica Del Diavolo"
     - Venera 4, "Eidôlon"
     - Pascale Borel, "Par ailleurs"
     - Petite Noir, "La vie est belle / Life is beautiful"

    Best of 2015 : albums, EP, singles, livres et films


    EP et singles :
      - Victorine, "Désunis de l'univers"
      - Victorine, "La rentrée"
      - Jo Wedin & Jean Felzine, "EP"
      - Le Couleur, "Dolce Désir"
      - Coming Soon, "Sun gets in"
      - Alpaca Sports, "When you need me the most"
      - Nevski, "Nevski"
      - The Pirouettes, "Je nous vois"
      - Sans Sebastien, "Pacific"
      - Agency, "Strawberries in a gunfight"
      - I Can Fly, "I can fly EP"
      - Marc Desse, "Griffith Park"
      - La Féline, "Zone"
      - Baptiste W. Hamon, "Nouvel été"
      - X&Y, "The miracle of ..."

    Best of 2015 : albums, EP, singles, livres et films


    Livres :
      - "Figurante", de Dominique Pascaud
      - "Basse Fidélité", de Philippe Dumez
      - "Le renoncement de Howard Devoto", de Benjamin Fogel
      - "Indie pop 1979-1997", de Jean-Marie Pottier
      - "Post-Punk : 1978-85",  de Pierre Mikaïloff et Pierre Terrasson
      - "Pop Culture", de Richard Mèmeteau

    Films :
      - "Love and Mercy", de Bill Pohlad
      - "Pulp, a film about life, death & supermarkets", de Florian Habicht

    Best of 2015 : albums, EP, singles, livres et films


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  • - Suede : Like kids

    - Vangoffey : Trials of a modern man

    - Aline : Les angles morts

    - H Burns : Night moves

    - Jo Wedin & Jean Felzine : Les hommes (ne sont plus des hommes)

    - Agua Roja : Joey

    - Surf Rock Is Dead : Equinox

    - Mini Vague : Le choix de l'autre

    - Sean Nicholas Savage : Suburban nights

    - Dodi El Sherbini : La nuit peut attendre

    - Pascale Borel : Pas ma faute


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  • Live report : concert de Nevski – Le Chat Noir (76, rue Jean-Pierre Timbaud, 75 011 Paris) le samedi 28 novembre 2015.
    Par Baptiste PETITJEAN.
    Photos d'Olivier REBECQ.

    Live report : concert de Nevski, 28 novembre 2015

    21 heures, dans la cave du Chat Noir, sifflent les premières Balles traçantes de Nevski. Quelques heures avant, j'ai pu discuter une trentaine de minutes avec les membres du groupe pendant leurs réglages son, quatre étudiants de 23-24 ans, « en voie de recherche de travail », s'amusent-ils.

    Malgré leur allure de jeunes types pas bien sérieux, leur musique est peut-être plus subtile qu'elle n'y paraît et que ce qu'ils peuvent en penser. Pour la composition et les textes, Rodolphe Binot, co-fondateur du groupe avec Quentin Leclère, reconnaît d'ailleurs que « chanter des paroles joyeuses sur un rythme entraînant lui semble assez inintéressant », cela ferait « ton sur ton ». Nevski préfère les textes tristounets et/ou métaphoriques, provoqués par des rythmes sautillants. Le titre Alligator, pépite composée et écrite en une nuit par Rodolphe, illustre parfaitement cette résolution typiquement pop. Des paroles qui ne sont enfantines qu'en apparence ; des mots en français, démarche « plus évidente, même si au début ça a été assez dur et perturbant de se confronter au fait que le gens comprennent les paroles ! », toujours selon Rodolphe.

    Live report : concert de Nevski, 28 novembre 2015

    21h20, Nevski joue En Angleterre, une ballade qui pourrait être le pendant retenu et ému du Jersey de Granville, et qui dans le set est encadrée par les solides Supernova et Derrière Ton Dos. Même schéma pour contenir la mélancolie des Rives de la Volga. Les nouveaux morceaux, ceux qui figureront dans l'album dont la sortie est prévue pour le courant de l'année 2016, toujours sur le label Out Of Map - dirigé par la mère de Rodolphe, une « vraie dictature familiale » -, sont plus tendus, portés par une section rythmique (Julien Reverchon à la basse et Simon Barret à la batterie) nerveuse et disposant d'une indéniable marge de progression en live. Tout au long du concert, on peut d'ailleurs apprécier le chemin parcouru depuis l'enregistrement en 2013 de leur premier EP (et unique, à ce jour), « Nevski ». Clairvoyant, Quentin confie : « en ce moment, on se prend plus pour un groupe de rock, on met pas mal de distorsion sur nos refrains... ». Cela fait-il de Nevski une formation difficile à suivre ? Non, même si le simple nom du groupe peut dérouter : Quentin et Rodolphe aimaient la sonorité du mot, tandis qu'on pense plutôt au héros national russe du XIIIème siècle, prince victorieux de la bataille de la Neva, entre autres… C'est bien à cause du supposé hommage à Alexandre Nevski qu'un groupe d'étudiants ukrainiens de Donetsk souhaitaient interviewer le groupe par mail… « On a préféré ne pas répondre ! », précise Quentin. Quand la géopolitique rencontre la pop indé !

    On retiendra aussi de ce concert au Chat Noir une reprise, bien vue, quoique pas suffisamment assumée, du plus bel hymne du tournoi des VI Nations, Flower Of Scotland, et une autre de The Jesus & Mary Chain, Head On. Au final, Nevski retombe toujours sur ses pattes, les morceaux sont plus ou moins pop, plus ou moins rock, pour un ensemble clairement indie. A suivre très attentivement ...

    Live report : concert de Nevski, 28 novembre 2015

    Setlist Nevski au Chat Noir (28/11/2015) : Balles traçantes > La Perspective > Supernova > En Angleterre > Derrière ton dos > Les Êtres humains > Les Rives de la Volga > Pacifique > Flower Of Scotland (Hymne écossais) > Bloody Mary > Alligator > Unter den Linden > Head On (The Jesus & Mary Chain cover)

    BONUS : interview "Dernier Coup" :
    Dernier coup de coeur de Simon Barret > « Connan Mockasin et leur pop psyché. »
    Dernier coup de foudre de Julien Reverchon > « Sur Tinder ! »
    Dernier coup de gueule de Quentin Leclère > « Les gens qui restent à gauche sur les escalators. »
    Dernier coup de rouge de Rodolphe Binot > « Hier soir, j'étais chez moi, tout seul. »

    Pour suivre les actualités de Nevski et pour commander leur EP :
      - Facebook : https://www.facebook.com/Nevski-390409384423202/
      - Twitter : https://twitter.com/Nevski_Dudes (@Nevski_Dudes)
      - Bandcamp : https://nevski.bandcamp.com/


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  • Interview croisée de Dorothée Hannequin et Laurent Blot, de The Rodeo.
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.
    Photos d'Olivier REBECQ.

    Bien décidée à poursuivre son entreprise de mélange des genres, Dorothée Hannequin a emmené son dernier LP “La Musica Del Diavolo” (2015) au carrefour de sentiers folk et soul, rappelant ses influences américaines originelles, mais aussi pop et indé. C'est d'ailleurs sur ce dernier effort que se distingue la griffe de l'incisif guitariste Laurent Blot. Contactés suite au concert de The Rodeo au Petit Bain le 3 novembre dernier, je les ai retrouvés devant Record Station, disquaire bien connu des passionnés de vinyles (cf. notre interview de Quentin, de Record Station), pour une hivernale interview croisée, révélant leurs influences musicales convergentes.

    Interview de The Rodeo, 27 novembre 2015

    HOPPER ET ELDIA, LA FLÈCHE D'OR
    Baptiste et Gérald : Le premier EP de The Rodeo « My First EP » remonte à 2008, mais on imagine que vous vous connaissez depuis un peu plus longtemps. Vous vous souvenez de votre rencontre ?
    Laurent Blot : Je me souviens très bien de la première fois que j'ai vu Dorothée, c'était lors d'un concert avec son ancien groupe, Hopper. Mais c'est quelque temps après seulement que l'on a fait connaissance.
    Dorothée Hannequin : C'était à la grande période de la Flèche d'Or, vers 2004-2005 : des concerts gratuits tous les soirs, dont quelques groupes qui cartonnaient.
    LB : Pour moi c'est vraiment la dernière grande époque de concerts rock à Paris.
    DH : Avec nos groupes respectifs, Hopper et ELDIA, on a dû y jouer une bonne dizaine de fois, c'est là que nous sommes devenus potes.

    THE RODEO
    B&G : Dorothée, Laurent joue avec toi dans The Rodeo, comment est-il arrivé dans le groupe ?
    DH : Quand j'ai commencé The Rodeo, j'étais toute seule avec ma guitare, et un musicien m'accompagnait au violon. Il faisait également un peu de charango et de ukulélé. Et puis j'ai ajouté une guitare dans le groupe, c'est à ce moment que j'ai sollicité Laurent, pour un remplacement à la base. C'est aussi et surtout une histoire d'amitié.
    B&G : En ce qui concerne la composition et l'écriture dans The Rodeo, comment fonctionnez-vous ?
    DH : C'est moi qui compose et qui écris tout, depuis le début. Le premier album, « Music Maelström » (2011), est folk, tandis que le second, « La Musica Del Diavolo » (2015), est plus rock. C'est sur ce dernier LP qu'on va trouver la patte de Laurent.
    LB : Sur le dernier LP, il y a plusieurs titres qui ont été enregistrés il y a pas mal de temps, et qu'on avait déjà joués en live à plusieurs reprises. Il y a, bien entendu, des morceaux que j'apprécie tout particulièrement et que j'aime vraiment jouer en live, comme Odyssey. Peut-être que je suis moins à l'aise sur les morceaux les plus lents, c'est probablement dû au fait qu'en concert j'ai envie de voir Dorothée en Tina Turner (rires), à fond dans le morceau, et que quelque chose de dingue se dégage !
    DH : Autre chose sur notre collaboration : j'ai maquetté beaucoup de titres en amont avec Laurent, des titres qu'on avait travaillés ensemble. On a par exemple enregistré le titre Please Don’t Knock At My Door sur le dernier EP, « Tale Of Woe », en trois heures dans le studio de Laurent.
    LB : Idem pour le titre Egyptian Doll sur le dernier LP, on l'a fait en deux heures un soir.
    DH : Ce que j'aime chez Laurent, c'est sa spontanéité. Sans oublier qu'il est capable de jouer de la guitare, de la basse, de la batterie, qu'il sait faire des chœurs… Il sait tout faire ! Ce qui est magique c'est qu'on se lance parfois dans l'écriture d'un morceau, on trouve une idée et au bout de quelques heures sort un truc qui me semble parfait… Je n'aime pas passer des jours et des jours sur un morceau. La spontanéité, car elle ne gomme pas certaines fragilités, donne toujours des résultats assez magiques.

    B&G : Parlons de ton jeu de guitare Laurent. A l'écoute, mais aussi quand on te regarde jouer en live, on pense immédiatement au guitariste de Franz Ferdinand…
    LB : J'accepte ! Je suis évidemment fan du jeu de guitare de Nick McCarthy. Franz Ferdinand fait partie de mes groupes préférés. J'imagine que ça m'a influencé. Je ne suis pas sûr que je jouais comme aujourd'hui avant d'écouter leur premier album… Parmi les guitaristes qui m'inspirent beaucoup, il y a aussi Chuck Berry : des solos inimitables, une série de notes pas forcément gigantesque, mais tellement efficace ! Récemment, j'ai aussi beaucoup écouté la Stax, et notamment leur groupe maison, Booker T. & The MG's , dont le guitariste posait seulement quelques notes, mais toujours celles qu'il fallait… Je pourrais citer également John Lee Hooker. Ou Graham Coxon, dans un certaine mesure : fabuleux guitariste, avec Blur ou en solo il tente beaucoup de sons, qui débouchent sur des mélodies parfois bizarres, mais toujours géniales. Pour finir, il y a un groupe dont les parties de guitare sont tellement intelligentes, c'est The Coral. Je vais les voir à Manchester en avril d'ailleurs.
    DH : Ce qui est dur quand tu es guitariste, c'est de ne pas être trop bavard, de ne pas en faire trop, de ne pas avoir une myriade de pédales d'effets... Il faut savoir laisser des respirations, des espaces pour la musique, ce que Laurent sait parfaitement faire. En ce qui concerne le jeu de guitare, j'aime beaucoup son style très incisif, assez sec.

    B&G : Dorothée, on peut recenser beaucoup d’invités sur ton dernier LP, peux-tu nous parler de l'apport de quelques-uns d'entre eux ?
    DH : Je tiens déjà à dire que ce sont tous des amis musiciens. Il y a par exemple Matt Bauer, qui joue du banjo pour Alela Diane. Il a un vrai savoir-faire sur cet instrument. Je l'ai croisé à peine une fois, et il a collaboré à mon dernier LP à distance. Il m'envoyait des pistes… J'ai aussi « pioché » dans les talents qui m'entourent, tout comme j'ai pu participer aux disques d'autres ; il y a une vraie communauté de musiciens parisiens qui s'entraident autant que possible.
    LB : En ce qui me concerne, parmi les guests du dernier album de The Rodeo, Jean Thévenin m'a beaucoup impressionné. C'est le meilleur batteur de la place, tout simplement ! C'est un surdoué.
    DH : Il est inimitable. Sa touche personnelle est évidente. C'est un vrai artiste.
    LB : La première fois que je l'ai vu jouer en live, c'était pour un concert de Hopper, et je n'ai regardé que lui ! Même dans sa gestuelle il est bluffant, il se démembre sur scène.
    DH : Je pense aussi à David Neerman du groupe Kouyaté-Neerman, qui a joué du vibraphone sur « La Musica Del Diavolo ». Il y a aussi Lidwine, une talentueuse amie harpiste qui est venue jouer sur le titre Inner War. J'aime bien aussi avoir sur mes morceaux des instrus qu'on n'a pas l'habitude d'entendre. Il y aura peut-être de l'accordéon dans le prochain ! J'adorerais aussi ajouter un orchestre symphonique, plein de cuivres, mettre des choristes à gogo, mais cela demande plus de moyens.
    LB : De toute façon, quand ton morceau est bon, tu peux poser n'importe quel instrument dessus.

    Interview de The Rodeo, 27 novembre 2015

    ARIES SUN / GASPARD ROYANT
    B&G : Dorothée tu as joué au Pop In le lundi 23 novembre avec le groupe Aries Sun, ainsi que le 8 décembre à l'International, tu peux nous dire quelques mots sur cette nouvelle formation ?
    DH : Je me suis rendu compte que j'avais pas mal de chansons dans mes valises, mais elles n'auraient pas pu fonctionner avec The Rodeo. C'est surtout ma rencontre avec Michael, un guitariste que je connais du temps de mon groupe qui a conduit à faire ce side project. Il jouait dans le groupe Rodeo Massacre. Il a une réelle identité sonore à la guitare. Aries Sun est aussi composé d'un batteur, Dimitri Dedonder, un bassiste, Benoit Hasboun, qui a joué avec Sheraff et Forever Pavot, et enfin un autre guitariste, Adrien Vernet, du groupe Miaou Miaou The Tiger. En ce qui concerne le style de musique d'Aries Sun, il y a des morceaux qui rappellent les Black Lips, Wavves, ou Best Coast. C'est un peu foutraque, un peu garage et punk. Des morceaux de trois minutes. Je joue du clavier sur trois ou quatre morceaux seulement, sinon je ne fais que chanter. Ça fait du bien de revenir à un projet musical sur lequel on ne se met pas la pression.

    B&G : Et toi Laurent, quelle est ton actualité ?
    LB : On a fini d'enregistrer le deuxième album de Gaspard Royant en septembre dernier, il est au mixage en ce moment. Il sortira en mars 2016 et puis on va repartir en tournée. Ce projet me prend l'essentiel de mon temps.

    INFLUENCES
    B&G : Vous êtes de gros consommateurs de musique ?
    DH : J'écoute beaucoup la web radio Reverberation (http://reverberationradio.com/), elle ne passe que des morceaux que j'aime. Ça va des morceaux soul des 60s, à des titres plus récents. Sinon, je n'achète plus de CDs, seulement des vinyles. Mais il faut le budget et beaucoup de place !
    LB : J'ai un abonnement Spotify, j'utilise cette appli tous les jours, quand je ne suis pas chez moi. J'ai gardé mes CDs, mais ils sont rangés quelque part ! J'ai peu de vinyles des années 90, c'est pour cette période que les CDs me sont utiles. J'écoute peu la radio, seulement pour les infos ! J'ai une petite soixantaine de vinyles, mais ce ne sont que des albums que j'adore.

    B&G : Quelles influences avez-vous en commun ?
    DH : On en partage beaucoup. Le blues et la soul notamment. Marvin Gaye, The Supremes, The Shangri-Las. Tous les Girls Bands des 60s. J'aime la naïveté des paroles, la force des mélodies, à la fois simples et efficaces, les harmonies vocales, le côté désuet, le look des filles de l'époque. Et puis l'avalanche de tubes ! C'est quelque chose qui nous rapproche avec Laurent, on aime les belles mélodies !
    LB : Oui c'est vrai. On ne s'inscrit pas dans une sorte de recherche de la vérité sur la musique. On veut juste faire bouger les gens qui viennent nous voir en concert. On a presque le même âge, on est de la même génération, les bébés des années 90, une période d'ailleurs très foisonnante en termes de courants musicaux...
    DH : … et on a commencé à jouer dans des groupes au même moment. Sans oublier le fait que nos parents écoutaient les Doors et les Pink Floyd. Cela nous rapproche aussi beaucoup, même si cela ne s'entend pas forcément dans ce que l'on fait avec The Rodeo.

    B&G : A l'écoute du premier album de The Rodeo, « Music Maelström » (2011), on note les influences de Johnny Cash, Dolly Parton…
    LB : Je connais moins ce style-là, la folk music et la country music. Dylan c'est très particulier. Et je n'ai jamais vraiment découvert Johnny Cash, je connais sa vie via le film, j'ai vu quelques lives en vidéo… Mais ça ne m'est pas très familier. Mes parents n'écoutaient pas trop cela. En revanche, j'ai écouté en boucle les Beatles quand j'ai commencé à jouer. Leurs morceaux ne me lasseront jamais ! Ce sont les chefs ultimes : le savoir-faire en studio, la composition, les voix, les gueules, les looks.
    DH : J'ai commencé la guitare à 15 ans, et j'ai joué dans Hopper à partir de mes 18 ou 19 ans, dans un style assez énervé (rires). L'aventure a duré neuf ans. A ce moment-là, j'étais plutôt attiré par les Blonde Redhead, Sonic Youth. A la fin de Hopper, j'ai repris ma première guitare, une vieille Ibanez des années 70. Au bout de quelques mois, j'avais écrit quatre titres et j'ai décidé de me lancer en solo. Je suis donc parti sur un style plus épuré, un peu dans le genre anti folk, Jeffrey Lewis, Adam Green [Moldy Peaches].

    B&G : Dans une interview pour Paulette, tu [Dorothée] as déclaré « Il faut du temps pour se décrocher de ses influences », mais est-ce vraiment possible ?
    DH : L'idée était de dire qu'il faut savoir piocher un peu partout, dans tous les styles que tu aimes, et de les mélanger pour fabriquer ta propre identité musicale. Tu ne gommes jamais vraiment tes influences. Il faut en emmagasiner un maximum et savoir ensuite s'en dégager pour créer sa propre patte.
    LB : Je dirais qu'il faut du temps pour se détacher de ce que tu fais, par rapport à l'activité de composition. Il faut du temps pour se dire que ce n'est pas si sérieux. Ce n'est pas si évident de prendre du plaisir quand on fait ce métier. Le business est tout de même très violent. Sachant, c'est ce que j'ai pu constater, que c'est quand tu t'amuses que tu t'appliques le plus.

    B&G : Mustang (cf. notre interview de Mustang), Jo Wedin & Jean Felzine (cf. notre interview de Jo Wedin & Jean Felzine), Gaspard Royant… comment percevez-vous ce regain d'intérêt pour des sonorités et des styles très référencés 60s, mais que vous réussissez à revisiter, pour arriver à un résultat  résolument moderne ?
    DH : C'est un mouvement. Les influences 60s reviennent à la mode, tout comme le chant en français.
    LB : Oui ce sont des cycles. Dans les années 90, peu de temps après Lenny Kravitz il y a eu un retour des années 60-70, pattes d'èph… Après, The Strokes, retour au début des années 80, le cuir, le slim. Franz Ferdinand même période… Le seul truc qui n'a pas fonctionné, pas encore, c'est le retour des années 90…
    DH : Tu veux dire le retour de la dance ? (rires)
    LB : Non, je pense plutôt au grunge ! Il a commencé à revenir, et il est reparti aussi vite !

    Interview de The Rodeo, 27 novembre 2015

    B&G : Dorothée tu évoquais le retour des paroles en français, cela te donne envie de mettre l'anglais de côté ?
    DH : J'ai deux morceaux en français, Le Fantôme de tes Pas, sur l'EP « Tale Of Woe » (2014), et La Notte sur l'EP « Cold Heart » (2012). Il y en aura d'autres sur le prochain LP. J'ai plus de facilités aujourd'hui à écrire en français sur les titres mélancoliques. Je pense aussi qu'il y a un retour, au sein du public, de l'intérêt pour le français. C'est simple : les gens aiment chanter et ils sont très contents de pouvoir le faire en français !
    LB : Pendant plusieurs années, il y a eu la pesanteur de l'influence de Gainsbourg, qui est inimitable et qui chantait en français. Depuis trois ou quatre ans, iI y a malgré tout des groupes qui arrivent à sortir des morceaux excellents, en français. Tu as parlé de Jo Wedin & Jean Felzine, l'EP qu'ils viennent de sortir est vraiment très bon. Joanna chante parfaitement.
    DH : J'ai aussi découvert des musiques grâce à des des films. Par exemple, j'aime beaucoup « The Commitments », un film d'Alan Parker qui date de 1991. C'est l'histoire d'un groupe qui part en tournée, période Thatcher. C'est assez trash. Et les musiques sont tops. Après, j'aime beaucoup les films musicaux, Michel Legrand, Jaques Demy. Et puis des films marrants, genre « Spinal Tap » (1984), « Wayne's World » (1992)…
    LB : Même s'il a assez mal vieilli, je citerais le film « The Doors » (1991). J'ai adoré ce film à l'époque. Val Kilmer était au top ! Et grâce à ma fille de six ans, j'ai redécouvert « The Sound Of Music » [« La Mélodie du bonheur »] (1965). C'est un peu gnangnan, mais le film est tout de même assez dingue !

    B&G : Nous sommes à Record Station, la boutique de vinyles de Quentin. Quels disques avez-vous repérés ?
    DH : The Supremes, « Where Did Our Love Go » (1964), pour les raisons que j'ai données tout à l'heure. T. Rex, « Electric Warrior » (1971) : les mélodies sont incroyables, et j'aime beaucoup les chœurs, des voix très marquées. Et dernier disque, Patti Smith, « Horses » (1975) : j'aime la rage qu'il y a dans cet album, la production est très live, et évidemment j'aime la poétesse.

    LB : Premier disque, « L.A. Woman » (1971) des Doors. J'ai appris à jouer du piano et de la batterie en écoutant ce groupe, quand j'étais ado. J'écoute toujours. Ils sont à part. Ensuite, Eels, « Hombre Lobo : 12 Songs Of Desire » (2009), son meilleur album selon moi, avec « Souljacker » (2001). Sa musique m'est familière. Mélange de blues et pop anglaise, très mélodieux. Et enfin, Elvis Costello, « My Aim Is True » (1977). J'ai découvert ses albums récemment en fait. Avant, sa voix m'irritait, mais j'ai passé le cap, et sa voix qui m'était pénible a fini par me convaincre. Supers chansons, super look, super guitare.

    The Rodeo assurera des premières parties de Dionysos en 2016, et plusieurs dates de concerts vont bientôt tomber...

    Prochain concert d'Aries Sun le 11 février à la Mécanique Ondulatoire

    Discographie de The Rodeo: LP “La Musica Del Diavolo” (2015); EP “Tale Of Woe” (2014); EP “Cold Heart” (2012); Single “Cold Heart” (2012); LP “Music Maelström” (2011); EP “Hotel Utah” (2010); EP “My First EP” (2008)

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